Freitag, 24. Mai 2013


Colloque du  19/20 Septembre 2011, Université d’Oran

Pierre Bourdieu et l’ Algérie : Fond commun, zones amazighophones et migration

Baya Maouche

L’enseignement en Algérie coloniale et postcoloniale entre métanoïa et renforcement partiel du capital culturel.

I.Introduction

Résultat d’un découpage arbitraire par des colonisateurs, les territoires de l’Amazighité s’étendent sur 10 pays différents dont l’Algérie[1]. Ils ont été bouleversés et sont encore secoués par des mouvements de revendications sociales et culturelles.  Se souciant peu de la précision des termes les médias européens, cantonnés dans une perception orientaliste[2], parlent d’une  « révolution arabe » ou d’une« révolution du jasmin ».[3]

Les soulèvements populaires en Afrique du Nord contemporaine montrent qu’il s’agit de revendications sociales et culturelles exigeant la  rupture d’avec des politiques idéologiques hégémoniques qui nient la diversité culturelle.

L’Algérie, de par sa haute lutte pour l’indépendance nationale et la reconnaissance de son identité nationale reste un cas à part, mais hautement territoire des hommes libres.[4]

Nonobstant les maux-les mots qui décrivent les crises que traversent les pays d’Afrique du Nord sont les mêmes: Démographie galopante, chômage, crise de logement, désœuvrement, exode de la jeunesse « les harragas » et la « hogra », le mépris et la corruption. En ce lieu, il semblerait bien  qu’il y ait une rupture entre la lutte sociale et la revendication pour la liberté : La presse  postule une peur de la révolution, [5]  méconnaissant la différence algérienne.[6]

L’Algérie a reconnu le Tamazight comme langue nationale dans la Constitution, la création du Haut-Commissariat à l’Amazighité en 1994 en est l’expression. Un pas important a été donc franchi  pour tourner le dos à une politique linguistique  discriminant les langues parlées.[7] Nonobstant un autre pas serait la reconnaissance de  l’Arabe algérien.

Doit-on de nouveau parler d’une homogénéité culturelle (le socle berbère comme patrimoine culturel historique de tous les Algériens), en risquant de rétablir un rapport culturel hégémonique ?

Dans le passé-présent, la politique culturelle et linguistique de l’Algérie essentiellement tournée vers l’arabisation, avait été remise en cause. Cette politique linguistique a promu l’Arabe classique comme seule langue garante de l’authentique identité nationale. S’agit-il d’un colonialisme linguistique de fait qui serait dans la continuité de la politique linguistique coloniale de l’ex-dominateur français ?

C’est à ce point qu’il faut nouer les liens avec les concepts de la reproduction du capital culturel développés par Pierre Bourdieu. Sa théorie mérite une relecture créative.

II. La théorie socioculturelle de Pierre Bourdieu

Profondément touché par les phénomènes de déculturation  liés à la colonisation, Pierre Bourdieu annonce prophétiquement que ce déracinement aura des conséquences à long terme, au-delà des années précédant l’indépendance nationale. Son premier ouvrage intitulé « la sociologie de l’Algérie » réitère dans un premier temps une classification ethnologique coloniale. Selon le chercheur Enrique Martin-Criado , Pierre Bourdieu,   alors appelé rebelle en Algérie passe des journées  entières dans la bibliothèque du Gouvernement général en 1957,  où il a accès à la littérature coloniale.[8] De ces lectures[9] ressortent les inspirations pour la structure de sa première œuvre sur la société algérienne. Bien qu’étant de ce fait un ouvrage assez hétéroclite, une sorte « d’expérimentation sociologique » qui se base sur les données de l’ethnologie coloniale, cette œuvre marque  un changement partiel dans l’approche des sociétés amazighes. En effet il ne s’agissait pas pour Pierre Bourdieu de servir à maintenir un ordre colonial méprisant la population musulmane, mais au contraire de développer une autre « perception » qui tenait compte des intérêts d’une population, confrontée à un système colonial déstructurant et annihilant. Il s’agissait pour ce jeune sociologue autodidacte d’appréhender la forte modification de la structure sociale de l’Algérie  due d’un côté à des lois coloniales sur les terres[10] et d’un autre côté à la prolétarisation des paysans et l’émigration en France qui s’en suit. Cet ouvrage a été révisé en 1961 et par la suite encore en 1963 et 1985 ; ce qui souligne bien qu’il s’agissait bien  d’un « premier jet », un premier essai avec de nombreuses failles. Le choix des contrées aussi singulières que la Kabylie, l’Aurès et le M’Zab pour illustrer la sociologie de l’Algérie nous donne prétexte à réflexion : Pierre Bourdieu entretiendrait-il inconsciemment ce mythe kabyle ?[11] , qui par ailleurs  a été très bien analysé par l’historien Charles-Robert Ageron dans sa thèse « Algériens musulmans en France »[12] ou serait-ce plutôt l’expression d’une affinité particulière[13] avec la culture kabyle ? Je crois personnellement que c’est une des « fragilités d’un sociologue de combat »[14] profondément attaché à la cause algérienne et qui n’a pas toujours su éviter les écueils d’une incursion  dans un domaine qui lui était étranger, étant de formation philosophique. Le sociologue développe effectivement une autre optique de la réalité algérienne  se distanciant de l’eurocentrisme dominant.

Il faut oser penser qu’une étude sociologique utiliserait les termes de classes et non pas les termes de culture, comme l’a fait Pierre Bourdieu, mais c’est bien par-là que sa fragilité devient un moment créateur  et qu’un changement de paradigme encore vacillant se dessine dans l’approche de structures sociales algériennes: lier la culture à la structure sociale !

Il est donc légitime de se pencher sur cette pensée et de s’interroger comment elle  a pu et peut nous  aider à appréhender les crises identitaires traversant la société algérienne et par là même celles des sociétés amazighes.

On pourrait  aussi affirmer  avec  Tassadit Yacine[15] qu’un grand nombre de concepts concernant ses travaux sur la sociologie de l’éducation et de la culture ont été développés en généralisant des acquis des travaux ethnologiques et sociologiques qu’il  avait réalisés en Algérie. Par ce biais[16] nous pouvons aussi légitimer l’application des concepts de transmission du capital culturel à la connaissance de la société algérienne. La théorie socioculturelle de Pierre Bourdieu mériterait néanmoins de ne pas rester confinée à la connaissance des sociétés amazighes, elle a, comme je le crois, une portée plus ample dépassant les limites des territoires amazighes.

Bourdieu a maintes fois souligné que les regroupements de populations dans le cadre de la « pacification » correspondent à la logique d’un colonialisme déterminé à s’emparer du corps et de l’esprit de tout un peuple en le  séquestrant .Cette « œuvre civilisatrice » ne servant  en réalité qu’à établir une domination[17] politico-culturelle.

Il anticipe alors une théorie socioculturelle qui se greffe sur la pensée marxiste, mais en la dépassant: Il élargit le concept marxiste de capital à un capital économique, culturel, symbolique et social qu’il conçoit d’une manière relativement indépendante du capital économique. C’est en quelque sorte une pensée en construction !  

Bien que ces œuvres aient été  publiées en France respectivement en 1964(Les Héritiers) et 1970(la Reproduction)  certes après l’indépendance de l’Algérie, mais dans un contexte de remise en question des bases inégalitaires de la société française, les concepts de capital culturel(habitus),violence symbolique, métanoïa et/ou renforcement qu’il introduit, pourraient bien  aider à cerner les problèmes de la transmission du capital culturel , notamment avec eux les mécanismes de reproduction d’inégalités au sein de l’enseignement en général. Le capital culturel transmis, telle la thèse soutenue par Pierre Bourdieu,  favorise la réussite des  étudiants provenant des couches sociales privilégiées d’autant plus que cet héritage n’est pas perçu comme un produit social. La culture d’après lui n’est pas innocente, c’est le meilleur moyen pour reproduire les structures de classe dominantes.

III. L’institution scolaire et la transmission du capital culturel : La violence symbolique

Dans cette partie de mon intervention je développerai les points suivants :

-La théorie socioculturelle de Pierre Bourdieu : Capital culturel, habitus.

- Rôle de l’école dans la transmission du capital culturel : Violence symbolique et arbitraire du capital culturel.

-L’école de la république française en Algérie coloniale : Metanoïa/Conversion.

-L’incommensurable travail de reconstruction : De la conversion au renforcement du capital culturel.

L’institution scolaire en tant que détentrice du pouvoir symbolique joue un rôle important dans la transmission du capital culturel. Ce pouvoir s’accomplit dans et par une relation définie qui soutient la croyance dans la légitimité des mots et des personnes qui les prononcent.

Le capital culturel exige un travail d’inculcation et d’assimilation, l’institution scolaire (à côté de la famille) assume le rôle de reproduction du capital culturel. La  transmission d’un patrimoine culturel s’opère par effet éducatif qu’exerce le capital culturel objectivé (bibliothèque, média) et par toutes les formes de transmission implicite liées à l’usage de la langue et contribue ainsi à la construction sociale d’un habitus. Celui-ci est constitué selon Pierre Bourdieu par  l’ensemble des dispositions corporelles et intellectuelles héritées ou acquises par l’individu et qui marque un statut social, une appartenance de classe et de culture.

La transmission de l’habitus se fait en partie d’une manière inconsciente, mais n’exclut néanmoins pas un travail d’inculcation conçu comme tel. La transformation du capital culturel hérité en capital scolaire exige un travail spécifique .La violence symbolique en tant que mécanisme de transmission repose sur un travail de socialisation nécessaire pour produire des agents dotés de schèmes de perception et d’appréciation qui leur permettront de percevoir les injonctions dans un discours et de leur obéir.

La réussite scolaire et par là la répartition du capital culturel  dépend non seulement du statut social mais en  grande partie de la manière dont il est reproduit à l’école.

Pierre Bourdieu analyse ce processus de transmission  sous les termes de métanoïa qui signifie la conversion totale de l’habitus  et entretien : renforcement du capital culturel primaire.

Revenons à la question de départ concernant le colonialisme linguistique Quel est le mode opératoire de transmission du capital culturel de l’école française en Algérie coloniale ?

IV. L’école française[18] en Algérie et le refoulement de la culture arabo-berbère

L’école française en Algérie coloniale n’a pas anticipé les questions liées à la scolarisation des enfants « indigènes » sédentarisés ou nomades, déstabilisés socialement et économiquement parlant. Les plans de scolarisation accélérés, notamment le plan de Constantine,  se sont faits dans la précipitation et dans la réaction. L’école française a refoulé les langues arabes et tamazight et les a confinées à un usage domestique. Le Français en tant que langue véhiculaire fut enseignée à l’école, les enfants Algériens n’avaient pas le droit d’utiliser le Kabyle ou l’Arabe dialectal en classe. Le Français se comporte d’une manière « glottophage[19] », ainsi fut établi un rapport linguistique hégémonique niant les diversités culturelles.

La langue française fut enseignée comme langue « maternelle » et non comme langue étrangère. Le citoyen Français était chez lui en Algérie, les Indigènes étant ainsi traités comme des « étrangers » dans leur propre pays. Le code de l’indigénat leur refusait la citoyenneté française.

Ainsi l’école française en Algérie coloniale a créé des ruptures et des déséquilibres profonds. Elle a renforcé le rapport colonial inégalitaire  et créé des déséquilibres dans la société en imposant une langue étrangère aux enfants musulmans et en déniant l’éducation à la majorité des Algériens. En imposant un capital culturel étranger elle tendait vers une conversion radicale de l’habitus, (la mort d’une culture), ce processus est appelé métanoïa. Dans le contexte colonial la violence symbolique est double, car la langue d’enseignement est doublement étrangère. Elle est la langue de domination de classe et la langue de domination d’un pays sur un autre.

La recherche sur le système d’enseignement en Algérie coloniale reste encore cantonnée dans une perspective essentiellement historique. Elle souligne soit le peu d’impact de l’œuvre scolaire soit l’instrumentation de l’éducation pour pérenniser la domination coloniale. Les chercheurs sont unanimes en ce qui concerne l’ambiguïté de cette entreprise.[20]

Effectivement la politique scolaire coloniale (L’école française) n’a pas intenté d’ouvrir ses portes à tous les Algériens puisqu’en 1962 85% de la population était analphabète (le taux dans la population féminine était de 98%), elle a eu un faible impact en Algérie coloniale. L’accès à l’école était limitée aux enfants de la grande et petite bourgeoisie d’un côté, et d’un autre côté cette scolarisation ne dépassait pas un seuil minimal d’éducation qui était le primaire supérieur. En d’autres termes l’école en Algérie coloniale ne visait pas une ascension sociale des enfants « indigènes ». Cet enseignement a plutôt favorisé l’émergence d’une élite francisée qui devait servir d’intermédiaires entre les Algériens et l’administration française, cette « élite » fournira par la suite les cadres de la nouvelle administration algérienne.

Quand on ne considère que les chiffres[21], l’impact  de l’école française en Algérie paraît infime. Mais quand même cet enseignement a laissé dans l’Algérie postcoloniale des traces indélébiles dans le comportement culturel des Algériens, tel qu’un ministre de l’enseignement algérien, Mostefa Lacheraf a plaidé pour un bilinguisme arabe/ français.

De par son mode d’introduction cet enseignement avait bouleversé l’espace linguistique et culturel de l’Algérie, il avait favorisé et aggravé les fossés et les rapports inégalitaires tellement son prestige et sa maîtrise  étaient et sont encore liés à une ascension sociale. Finalement,  c’est le jeune état nouvellement indépendant qui aidera la langue française à se propager dans toute la société et à établir un état de bilinguisme de fait dans le système éducatif et dans toute la société.

V. L’incommensurable travail de reconstruction en Algérie indépendante : Métanoïa et renforcement partiel du capital culturel.

A cause de ce déni d’éducation la plupart des Algériens sont restés analphabètes ou se retrouvent en situation d’illettrisme[22]. Jusque dans les années 70 l’école algérienne s’est faite dans l’urgence et l’improvisation, car les enseignants français avaient quitté le pays et le nombre d’enseignants algériens était encore infime.

L’école algérienne a alors massivement scolarisé  la jeunesse, et par ces efforts  contribué à l’expansion de l’utilisation de la langue française jusqu’à rester par la force des choses la langue de l’administration algérienne. Par la suite elle a aussi creusé de nouveaux fossés en affirmant une identité uniquement arabo-islamique : L’école fondamentale est effectivement arabisée en 1978 et l’enseignement secondaire en 1988/1989. Un décalage existe encore aujourd’hui entre l’enseignement secondaire arabisé et l’enseignement supérieur où le Français reste la langue d’enseignement surtout dans les matières scientifiques et techniques.

Depuis l’année 2000 l’enseignement du Français a été réhabilité dans le cadre de la réforme de l’école algérienne, par manque d’enseignants qualifiés et par manque d’ouvrages didactiques adaptés son introduction dans le primaire a été repoussée à la 3.eme année du primaire depuis la rentrée 2006/2007.

Donc dans un premier temps, il semblerait qu’il y ait une continuité dans le mode opératoire de la transmission du capital culturel. L’instauration de la langue arabe classique comme langue d’enseignement  devait ici aussi provoquer une conversion radicale « métanoïa ».La réhabilitation du Français et son introduction dans le primaire depuis 2006 montre que l’impact de la langue française est beaucoup plus important que ne le montrent les taux d’alphabétisation d’avant 1962.

Elle (L’école algérienne) a créé dans un premier temps de nouvelles inégalités dans la répartition du capital culturel, car Il a fallu attendre 1994[23] pour que l’attention des autorités compétentes soit attirée sur le capital culturel primaire des enfants ayant comme langue maternelle le Tamazight. Nous sommes encore dans la phase de renforcement partiel. Aujourd’hui  les enfants de langue Tamazight voient leur capital culturel renforcé, mais qu’en est-il des enfants parlant  l’Arabe algérien ?

C’est en connaissant les mécanismes de transmission du capital culturel dit Pierre Bourdieu,  qu’il y aurait quelque chance de suspendre partiellement leurs effets inégalitaires. C’est en cela qu’elle peut être utile aux enseignants Algériens.

 En 1983 confronté aux enseignants Français qui lui reprochaient sa vision pessimiste de la sociologie et qui lui demandaient s’il ne les épinglait pas en leur contribuant un rôle conservateur dans la transmission des inégalités sociales préexistantes, il rétorqua que «  le travail du sociologue consiste à rendre à tout le monde, au premier venu, la possession de cette chose tout à fait bizarre qu’est le monde social » [24] La connaissance des lois sociales est la condition de toute transformation du monde social. C’est en connaissant les mécanismes de transmission du capital culturel qu’il y aurait quelque chance de suspendre partiellement les effets de ces mécanismes.

Néanmoins l’approche de Pierre Bourdieu dans la sociologie pédagogique est l’expression d’un point de vue « surplombant », il s’agit d’une macrosociologie qui montre les carences d’un système scolaire hautement inégalitaire, favorisant la réussite des enfants d’une couche sociale proche d’une culture scolaire qui est  loin d’être universelle et objective. Il s’agit d’une dénonciation de l’école reproductrice des rapports sociaux marqués par  la domination une classe sociale privilégiée. Il serait nécessaire aujourd’hui d’ouvrir la « boîte noire » de l’institution scolaire pour comprendre comment les inégalités se fabriquent en son sein. La sociologie de l’école s’éloignerait de la critique surplombante pour aller vers une expertise plus pratique tournée vers les acteurs, les sujets.[25] Pour la nouvelle sociologie de l’école, il faut s’interroger sur ce que l’école fait aux élèves et aux enseignants et sur ce que les élèves et les enseignants font à l’école. Pour l’école algérienne le choix de la langue ou des langues d’enseignement est déterminant dans cette interaction. La réussite ou l’échec scolaire dépend ici encore plus qu’ailleurs d’une politique linguistique cohérente qui prend en compte le capital culturel primaire de tous les enfants.

L’analyse par exemple du lien pédagogique pourrait être très fructueuse pour suspendre les effets discriminatoires du mode de transmission du capital culturel scolaire.

VI. Conclusion

La déculturation coloniale, aggravée après l’indépendance par une politique linguistique méprisant les diversités culturelles et les parlers populaires, a produit  des situations inégalitaires et favorisé la « hogra » pour reprendre un terme usuel du langage courant. C’est en restant à « l’écoute » des jeunes confrontés à l’échec scolaire que le pays répondra à leurs frustrations et à leurs aspirations, et que pourra s’établir un dialogue interculturel.

La formation et la sensibilisation des enseignants pour ces situations de plurilinguisme en est une des clés principales. Car tant que la question de la place des langues nationales dans l’enseignement n’est pas tranchée, elle restera au cœur des problèmes que connait le pays et que connaissent aussi les sociétés amazighes.

 

Ouvrages cités

1.    Bourdieu, Pierre : Sociologie de l’Algérie, Paris, PUF, 1961.

2.    Bourdieu, Pierre : Esquisses algériennes, Paris, Seuil, 2008.

3.    Bourdieu, Pierre : Les héritiers, Paris, Ed .de minuit, 1985.

4.    Bourdieu, Pierre : La reproduction, Paris, Les éd. De minuit, 1970.

5.    Lacheraf, Mostefa : Des noms et des lieux, Alger, Casbah, 1998.

6.    Masqueray, E : Formation des cités chez les populations sédentaires de l’Algérie, 1886.

7.    Hanoteau, A./ Letourneux, A. : Les coutumes de la Kabylie, 1873.

8.    Ageron, Charles-Robert : Les Algériens musulmans en France, Tome 1, Paris, 1968.

9.    Saïd, Edward : L’orientalisme, Paris, Seuil, 1997.

10.  Martin-Criado,  Enrique : Les deux Algéries de Pierre Bourdieu, Bellecombes-en-Bauge, Ed. Le croquant, 2008.

11.  Corcuff, Philippe : Bourdieu autrement, Paris, Ed. Textuel, 2003.

12.  Institut National de Recherche : La France et l’Algérie : Leçons d’histoire, Lyon, 2007.

13.  Bilek, Chérifa : La genèse de l’enseignement de Tamazight depuis le XXème siècle. Evolution, acquis et perspectives.( Haut-commissariat à l’amazighité).

14.  Calvet, Jean-Louis : Linguistique et colonialisme, Paris, Payot, 1974.

15.  Dubet, François : Faits d’école, Paris, Ed.de l’EHESS, 2008.

16.  Durkheim, Emile : Les règles de la méthode sociologique, 1894.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Selon  l’universitaire Salem Chaker la division objective par la nationalité correspond aujourd’hui à des comportements culturels, politiques, religieux, profondément différents et qui induit des allégeances totalement divergentes. Cette remarque concerne les populations berbères de France, mais qui certainement est valable pour les Amazighes de toute l’Afrique du Nord.
[2] Les médias européens produisent un discours sur  la situation dans les pays « Arabes » et d’l’Afrique du Nord qui tend à homogénéiser, à les présenter comme une entité ignorant les différences des diverses sociétés. En ce sens on peut affirmer que l’image de l’Orient et des pays « Arabes » est une perception orientaliste. Ce discours souligne la supériorité des «  démocraties » européennes. Cf. Saïd Edward W. L’Orientalisme, Paris, Seuil, 2005.
[3] Ces termes sont repris par l’ensemble de la presse algérienne francophone.
[4] L’étymologie du terme amazigh n’est pas connue avec certitude. Ce terme signifie homme libre. Pour rester dans cette métaphore, les territoires de l’amazighité seraient des territoires sans frontières nationales. Pour établir sa domination hégémonique le pouvoir colonial  a fixé avec une règle des frontières arbitraires et créé des états conformes à leur représentation d’un état-nation.
[5] Les titres de la presse francophone en Algérie sont révélateurs et évoquent l’exception algérienne. Quelques exemples : El Annabi du 2 Avril 2011 titre : Les Algériens entre désir de changement et peur du chaos, le journaliste Arab Chih se questionne dans les Regards.fr du 5 Juillet 2011 sur les raisons pour lesquelles «  …la graine révolutionnaire ne prend pas »
[6] La différence algérienne s’explique entre autre par une situation économique relativement meilleure, par la manne pétrolière et par les traumatismes et séquelles d’une haute lutte pour l’indépendance nationale et la décennie noire. Sur le plan politique il n’y a pas de société civile ou c’est une élite clientéliste, un décalage entre classe politique et la jeunesse. Aussi la presse gouvernementale lie le mouvement pour la revendication des libertés au mouvement du RCD Rassemblement pour la culture et démocratie de Saïd Sadi. UN parti fortement représenté en Kabylie.
[7] Khaoula Taleb-Ibrahimi affirme que le jugement des masses populaires est sévère à l’encontre des parlers jugés  vulgaires, pauvres et indigents, même s’ils restent dans leur for intérieur très attaché à leur terroir. Le prestige de l’Arabe fusha est indéniable. In : LA France et l’Algérie : Leçons d’histoire, Institut National de recherche pédagogique, p.53.
[8] Martin-Criado, Enrique : Les deux Algéries de Pierre Bourdieu, Bellecombes-en-Bauges : Editions le Croquant, 2008 p.31
[9] Les œuvres scientifiques  de référence en ethnologie étaient :
-          E.Masqueray : Formation des cités chez les populations sédentaires de l’Algérie,  1886.
-          A.Hanoteau/A .Letourneux : La Kabylie et les coutumes kabyles, 1873.
[10] Thème étudié à l’époque par l’historien André Noushi auquel Pierre Bourdieu demanda son aide pour ses recherches, car André Noushi s’intéressait à l’époque au monde rural constantinois.
[11] Le chercheur Martin-Criado n’ose pas poser aussi directement cette question. Il procède par touches impressionnistes. Bien que son analyse nous pousse fortement à croire que Pierre Bourdieu ait suivit le schéma de la tradition ethnologique des années 50 qui  se basait sur la séparation des sociétés primitives et des sociétés modernes historiques et ainsi bien cantonnée dans une perception « orientaliste » comme l’a soutenu Edward Saïd.
[12] Ageron Charles-Robert : Les Algériens musulmans en France, tome 1, Paris 1968, p.267-292 et tome 2 p.873-890
[13] Affinité particulière qui est soulignée par la chercheure Tassadit Yacine.
[14] Corcuff, Philippe : Bourdieu autrement, Paris : Editions textuel, 2003.
[15] Dans le projet éditorial/ Avant-propos des Esquisses Algériennes de Pierre Bourdieu, Tassadit Yacine cite l’avant-propos de l’Art Moyen et affirme avec lui qu’un certain nombre de ces concepts « sont nés d’une généralisation des acquis des travaux ethnologiques et sociologiques que Pierre Bourdieu avait réalisés en Algérie », In : Esquisses Algériennes, 2008, p.19.
[16] Corcuff, Philippe : Bourdieu autrement, Paris : Textuel, 2003. L’auteur nous incite « à prendre les chemins de traverse » (p .8)  pour appréhender  la pensée de Pierre Bourdieu, car il pense qu’en soulignant son homogénéité, on a tendance à négliger « ses failles qui donnent  aussi matière à penser » (p.8).
[17] Il faut introduire ce concept central de la sociologie bourdieusienne : l’analyse des rapports de domination.
[18] Khaoula Taleb-Ibrahimi dans son exposé sur « L’Algérie : coexistence et concurrence des langues » pense que l’usage du Français s’est étendu paradoxalement après 1962 ; In : La France et l’Algérie : Leçons d’histoire, p.48. Le terme de paradoxe est ici impropre, nous avons à faire à un renversement de situation dû à la politique de scolarisation renforcée du gouvernement algérien. Etant donné que l’arabe classique par manque d’enseignants qualifiés ne pouvait devenir  langue d’enseignement  dans l’école primaire qu’à partir de 1978.
[19] Calvet, Louis-Jean : Linguistique et colonialisme, Paris, Payot, 1974.
[20] Kadri, Aïssa : Histoire du système d’enseignement colonial en Algérie. In : La France et l’Algérie : Leçons d’histoire, Institut national de recherche pédagogique, Lyon, 2007, p.19-39.
[21] Lacheraf, Mostefa : Des noms et des lieux, Alger : Casbah, 1998. L’auteur nomme dans son œuvre le taux de 85% d’analphabètes à la fin d’une colonisation de 132 ans. Lorsque Mostefa Lacheraf était devenu ministère de l’enseignement en Algérie, il a plaidé pour un bilinguisme Arabe/Français.
[22] Kadri, Aïssa: Histoire du système d‘enseignement colonial en Algérie  In : La France et l’Algérie : Leçons d’histoire. Institut national de recherche pédagogique, 2007.p.19-39. En citant Lacheraf  Mostefa qui avance le chiffre de 85% d’analphabètes en Algérie avant l’indépendance. Les travaux sociologiques de Fanny Colonna et d’Ahmed Ghouati confirment aussi que l’école française n’a touché en fait qu’une « élite coloniale ». Le Cercle Algérianiste évoque au contraire la « Grande œuvre française » néanmoins les chiffres avancés par eux-mêmes  n’expriment  aucune  autre réalité.
[23] Bilek, Chérifa : La genèse de l’enseignement de Tamazight depuis le XXème siècle. Evolution, acquis et perspectives. Dans cet exposé Madame Bilek retrace les différentes étapes de la lutte pour la reconnaissance de la langue amazighe. En 1994 pendant la grève scolaire on exige la reconnaissance de cette langue maternelle à l’école« Tamazight di lakul ». Elle a été finalement introduite dans le primaire à la rentrée scolaire 2004/2005, après sa reconnaissance en tant langue nationale en 2002.
[24] Bourdieu, Pierre : entretien avec Ronald kopka.
[25] Dubet, François : Faits d’école , Paris, Editions de l’EHESS, 2008

 

 

 

                

 

Diplôme d'Université
Égalité des Chances et Discrimination
 
 


 

 

 

 

 

 

 

 

 


L´école est l´aube d´une ère  nouvelle

 

La scolarisation des enfants Gitans

à Perpignan et ailleurs (Hambourg/Hessen)

 

 

 

Par

Baya Maouche

 

 

 

 

 

Présenté le

6 juillet 2009

 

 

 

 

 

 

 

 

                       Sommaire

 

 

Avant propos: Egalité des chances et discrimination - Approche sémantique

 

Introduction

 

1.        La sociologie de l´école et la question de l´égalité des chances. De la macro à la microsociologie

 

1.1  L´héritage culturel: La réussite scolaire dépendant de l´origine sociale

1.2  L´individualisme méthodologique

1.3  Nouveau regard sur les inégalités scolaires:L´ouverture de la boîte noire

1.4  Vers une sociologie du lien pédagogique

1.5  Critique des nouvelles pédagogies

 

2. Méthodologie utilisée

 

3. Présentation du terrain de recherche: La Miranda - Le quartier Saint-Jacques

 

3.1 L´environnement de l´école

3.2 Présentation du projet expérimental

3.3 Rôle du chef d´établissement

3.4 Une équipe pluridisciplinaire

 

4. Analyse des représentations des enseignants

 

4.1 Les représentations concernant la culture gitane

4.2 Le mythe de l´enfant-roi

4.3 Des enfants a-scolaires

4.4 Des enfants fragiles

4.5 Ecart entre la culture Gitane et la culture Française

4.6 Déficitaires sur le plan du langage

4.7 Représentations concernant les parents Gitans et leur attitude vis-à-vis de l´école

4.8 Les postures des enseignants

4.8.1 Le conseil des élèves: apprentissage de la démocratie

4.9 Réflexions concernant la Miranda

4.9.1 Compétences des enseignants

4.9.2 Motivation pour le poste

 

5. Pour le respect de l´identité des Gitans

 

5.1 Critique des réponses scolaires

5.2 Pour la valorisation de la culture Gitane

5.2.1 Une culture en miettes

5.3 Penser l´interculturel - Réflexions concernant la place de la culture Gitane à l´école

 

6. Compte-rendu des visites effectuées en Allemagne (Hambourg, Hessen)

 

6.1 Hambourg, ville de la Hanse

6.2 Les Roms et Sintes à Hambourg: Garder la mémoire

6.3 Des parents politisés et conscients de leur situation précaire

6.4 Le modèle Hambourgeois

6.5 Visite de certaines écoles à Hambourg

6.5.1 Ganztagsschule Sankt-Pauli

6.5.2 Förderschule Carsten-Rehder-Straße

6.5.3 Schule Ludwigstraße

6.6 Arbeitskreis Roma-Lehrer und Sozialarbeiter

6.7. Le modèle du Land Hessen

6.7.1 Schaworalle „Salut les enfants“ à Francfort/Main

6.7.2 Situation géographique de l´école

6.7.3 “L´école” Schaworalle

6.7.4 Une équipe internationale

6.8. D´autres types de scolarisation des enfants Roms et Sintes dans le Land Hessen

 

Conclusions

 

Bibliographie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant-propos

 

 

Egalité des chances et discrimination dans le domaine scolaire: une polyphonie complexe

 

Dans le cadre du DU Egalité des chances et discriminations je me suis limitée à  définir quelques termes et à esquiver des questions ;

S´il  existe un consensus sur le terme de l´égalité, par contre la notion d’Egalité  des chances nous donne des difficultés à comprendre de quoi il s´agit exactement. L´égalité des chances est une notion en vogue, devenue presque une rhétorique, un label insignifiant. Il faut en préciser le contenu et la relevance dans le domaine scolaire ; en effet, expression polyphone,  elle prête à confusion.

Quel sens donner à la chance dans l´éducation? Le dictionnaire étymologique Lexis nous propose une première approche. Le sens classique de chance vers 1100 est “dat.pop cadentia, chute des dés, de cadere tomber. “ On pourrait penser en lisant ceci qu´il s ´agit d´un jeu hasardeux, le système scolaire serait en bien mauvais état si l´éducation devenait un jeu de hasard.

Le sens évolue vers 1200 : “ensemble de circonstances heureuses, sort favorable”[1] Une bonne occasion, une bonne opportunité, l´école devrait dans cette perspective proposer aux enfants de bonnes opportunités pour apprendre, créer de bonnes occasions pour évoluer dans les connaissances, c´est à dire la réussite scolaire et l´épanouissement de tous les enfants qui lui sont confiés.

La réussite scolaire nous renvoie à la finalité et aux objectifs de l´éducation; or ces finalités ne font plus aujourd´hui consensus.

 

Comment  dans ce cas définir la réussite scolaire?

Troger Vincent propose quatre définitions de la réussite scolaire

 

1.    Un seuil minimal commun d´instruction à tous les citoyens d´une même société: un socle commun, selon l´expression de Valéry Giscard d´Estaing[2], une sorte de SMIC culturel.

 

2.    Une réussite scolaire serait une instruction qui permettrait l´épanouissement des potentialités de chacun(e) et les besoins de chacun(e), l´épanouissement de l´enfant, de l´individu.

 

  1. L´égalité des chances  comme l´accès aux statuts socioprofessionnels les plus enviables.

 

  1. La réussite scolaire de l´école républicaine: “l´élitisme républicain” préserver l´excellence afin de conserver le patrimoine culturel de la civilisation européenne dont les élites doivent  transmettre l´héritage.

 

En résumé il y a quatre définitions possibles à ce terme d´egalité des chances, qui mèneraient à des situations mêmes paradoxales, contraires à l´idée de l´école démocratique.

-          le socle commun : tous les individus d´une société devraient être en mesure d´atteindre ce niveau scolaire. Tous les efforts de l´école seraient concentrés sur ce point, ce qui pourrait avoir pour conséquence qu´on néglige “ l´excellence”, “l´élite”, pour se tourner vers la “médiocrité”.

-          l´épanouissement des capacités individuelles de chacun : ceci demanderait un énorme  investissement et une différenciation du système scolaire afin de reconnaître et d´épanouir chaque talent.

-          la réussite professionnelle est liée au fait que l´école puisse garantir effectivement une ascension sociale et fonctionner comme “ascenseur social”, ce qui est momentanément pas du tout le cas. Il y a une diplomation inflationnaire ; il faut évidemment pouvoir travailler beaucoup plus pour les filières prestigieuses ; l´école aurait une fonction sélective.

-          l´accès à l´excellence culturelle : c´est une conception élitaire de l´école, former les élites intellectuelles ; mais ceci irait à l´encontre de l´idée de la démocratisation de l´institution scolaire.

 

Ainsi l’expression « Egalité des chances » poserait non seulement la question de la réussite scolaire de chaque individu aussi bien dans la conception d´un socle commun que dans  la question des possibilités d´épanouissement des capacités intellectuelles de chacun de nous.

Il y a trois définitions de l' intelligence qui dominent le débat pédagogique. D´où résultent trois conceptions différentes de l´égalité des chances:

Le facteur explicatif essentiel retenu  est qu’il existe des différences au niveau des capacités intellectuelles de chacun, l´inné entrant en interaction avec l´environnement (intelligence innée).

Dans ce sens l´égalité des chances c´est faire en  sorte de donner à tous ceux qui ont des aptitudes une chance, une possibilité de les réveler: il suffit d´un accès égal à la scolarité commune.

Une autre position définit l´intelligence comme un construit psycho-social associé à des facteurs subjectifs de réussite scolaire, comme la motivation, l´estime de soi, l´effet pygmalion.

Dans ce cas, l´intelligence est le fruit de la conjonction de trois facteurs: milieu familial et social, éducation favorable à l´épanouissement de la personnalité et un milieu scolaire bienveillant (intelligence acquise).

L´égalité des chances serait ainsi “la discrimination positive“ : (ZEP: Zone d´éducation prioritaire) donner plus à ceux qui en ont le plus besoin pour accéder à la réussite scolaire.

Une ultime position favorise une intelligence multiple logico-mathématique, verbale, spatiale, sociale, intuitive ou pratique ( Intelligence(s) multiple(s)).

Du point  de vue de l´intelligence multiple, l´égalité des chances c´est donc offrir au sein de l´école des contenus et des méthodes qui permettent d´épanouir chacune des formes différentes de l´intelligence. Un programme très ambitieux si on prend en considération la crise de l´ institution scolaire.

 

“La science sait trop de choses pour que nous puissions en rester à la seule conception d´une distribution naturelle des talents, elle n´en sait pas assez pour nous dire comment interagissent vraiment la génétique et l´environnement au cours de la vie d´un individu”[3]

 

Le débat sur la réussite scolaire est basé sur deux visions différentes de la société et de la finalité de l´école, même si les  protagonistes sont d´accord sur le fait que l´école doive donner les mêmes chances de réussite aux enfants de tous les milieus sociaux. Nous avons d´un côté le souci de  la préservation de l´excellence scolaire (école républicaine) et de l´autre l´épanouissement des potentiels individuels.

Tous parlent au nom de l´égalité des chances ; en fait c´est un dissens profond  sur la finalité de l´école et la liberté individuelle provenant d´une divergence dans la conception d´une utopie de société.

 

Il faut donc dépasser le niveau de la pure rhétorique ”égalité des chances” . Pour Philippe Meirieu, il s´agit ainsi de défendre le droit à l´éducation, un droit fondamental de l´Homme que l´Etat doit garantir: il souligne ironiquement que pour  “L´égalité des chances, il y a la Française des jeux pour ça. Le droit à l´éducation, c´est un des droits de l´Homme fondamentaux que l´Etat doit garantir, et pour lequel nous devons nous battre pour les prochaines échéances électorales et bien au-delà...”[4]

 

De la discrimination

 

La France offre l’image d’une société plurielle avec une  volonté d’intégration, “La France de la diversité”, la mise en œuvre de moyens financiers, équipements et constructions de lieux de culte. Beaucoup de mesures ont été prises pour que les notions républicaines fondamentales “liberté-égalité-fraternité” deviennent des valeurs intangibles.

A la fin du  dix-huitième siècle, la Révolution Française a proclamé les Droits de  Homme et aboli l´esclavage, mais il a fallu attendre le milieu du vingtième siècle pour qu´effectivement les traces du commerce triangulaire “la traite des noirs” (Sarda Garriga abolit l’esclavage à l’île de la Réunion vers 1960 – le « Code noir »  sous Louis XIV concentre les articles régulant la vie des esclaves noirs dans les colonies Françaises) disparaissent.

Dans ce même vingtième siècle, siècle des totalitarismes , des génocides  furent perpétrés par  Hitler et ses collaborateurs ailleurs en Europe durant la seconde guerre mondiale , mais aussi dans l´Afrique post-coloniale (Rwanda).

Le combat d’Abraham Lincoln au XIXe siècle, puis celui du Révérent Martin Luther King contre les discriminations raciales au XXe siècle aux Etats-Unis rappellent que” la ségrégation raciale,  la xénophobie , la violence “ sont des phénomènes sociaux à caractère récurrent.

Bien sûr d’autres courants de discrimination persistent de façon ingérable en France.  Certaines populations gitanes et maghrébines ont encore du mal à  s’adapter à la culture de leur pays d’accueil sous couvert de « discrimination raciale» et du « caractère non permissif » de la France quant à la pratique de leur culture.

 

La volonté institutionnelle  de lutter contre toutes les formes de discrimination  dans la société trouve son expression dans la HALDE. 

 

Ainsi, dans l´engagement contre les diverses formes de discriminations, il m´apparait insuffisant de définir la discrimination seulement à travers le dictionnaire Larousse: ”distinguer, point de séparation”. Ceci  n´ apporte pas grand chose dans la sensibilisation pour la thématique de l´exclusion ; par contre, d´un point de vue contemporain, La HALDE - Haute Autorité de Lutte contre  la Discrimination et pour l´Egalité - dans un contexte de société moderne, nous  propose une définition juridique qui peut devenir opérante dans la lutte contre les discriminations :

 

-          “discrimination: une perception, un traitement de l´autre en ne respectant pas l´égalité”

-          “les discriminations peuvent notamment se manifester à l´embauche, dans l´emploi, pour l´accès à un logement ou à un lieu public, pour l´accès à des biens et services. Elles peuvent se traduire par un harcèlement moral et sexuel.”

 

En termes juridiques les critères prohibés par la loi sont “l´origine, le sexe, la situation de famille, l´apparence physique, le patronyme, l´état de santé, le handicap, les caractéristiques génétiques, les moeurs, l´orientation sexuelle, l´âge, les opinions politiques, les activités syndicales, ´appartenance ou la non-appartenance vraie ou supposéeà une ethnie, une nation, une “race” ou une religion déterminée.” Article 225-1 du code pénal.

 

Egalité des chances - Echec scolaire et discrimination

 

Est-ce que cette définition  est  “sensée”   accouplée au terme de l´égalité des chances dans le domaine scolaire ?

Si on prend connaissance du refus des enseignants[5] à se former dans ce domaine (la discrimination), on pourrait supposer  que ce groupe professionnel a du mal à se poser cette question.

Rappelons brièvement que nous avons traduit égalité des chances par réussite scolaire, définie comme pouvant être:

-          SMIC culturel /socle commun accès démocratique à ce socle.

-          épanouissement de toutes les facultés intellectuelles et affectives de l´individu

-          élite républicaine définition de l´intelligence innée,acquise ou multiples.

 

La réussite scolaire ainsi comprise, nous pouvons donc estimer qu´il y a discrimination lorsque des enfants échouent et n´atteignent pas le socle commun, quittent l´école sans savoir écrire, lire et compter correctement, sont en situation d´illétrisme, lorsque l´individu ne peut pas développer ses facultés créatives et intellectuelles ou quand l´école républicaine ne produit plus d’ « élite » capable de conserver les valeurs culturelles européennes  - seules des évaluations  sérieuses  pourraient mettre en évidence cet échec.

Il ne faut pas oublier non plus d´analyser les raisons de l´échec scolaire. Elles peuvent être d´une nature objective: manque de moyens pédagogiques à disposition des écoles, manque de formation et de qualification des enseignants, et aussi être recherchées dans les représentations des enseignants concernant les élèves et tout simplement le manque d´assiduité des élèves, manque de  motivation pour des apprentissages classiques.

 

Un terme provenant de l´Anglais (Américain) a envahi entre temps le langage des sociologues mais aussi des médias. On parle d’“affirmative action : discrimination positive”.

 

Que penser de l´”affirmative action”, de la “discrimination positive”?  Faire une différence positivement parlant? Faire “réparation”? La traduction de la formule anglo-saxonne “affirmative action” part d´un comportement, d´une attitude; il s’agit d’une action consistant à “réparer, en quelque sorte, d´une condition considérée défaillante par rapport aux règles établies”[6]

 

Etablir l´équité dans le domaine scolaire ou corriger des situations qui pourraient atteindre le droit de chaque individu et l´accès égal à l´éducation serait aujourd´hui la création de ZEP ou le RAR, avec les résultats peu satisfaisants que nous connaissons (donner plus à ceux qui ont en le plus besoin). Favoriser les couches sociales défavorisées sur le plan éducatif.

“La notion de discrimination suppose une conduite sociale où la réalisation de l´équité est empêchée” écrit Antigone Mouchtouris[7] car il s´agit bien d´éthique et non pas seulement de juridisme, de la façon dont nous allons vivre ensemble et de la manière avec laquelle nous traitons l´altérité (l´autre soi-même ou rapport de domination).

Où se situe alors la discrimination dans le domaine éducatif ? Antigone Mouchtouris propose  trois domaines[8]:

-          dans la gestion de l´application de la loi

-          dans l´interprétation qu´on peut en faire

-          dans la constatation de l´absence d´un état d´esprit où s exprime la notion d’équité.

 

La discrimination  est un rapport de domination.

 

 

Un état d´esprit encore virulent:l´antitziganisme

 

“L´antitziganisme”[9], une forme très particulière de cet état d´esprit qui empêche aujourd´hui encore qu´une minorité développe sa culture, sa langue.

Le racisme n´est pas seulement l´expression des préjugés, de la domination d´un groupe sur un autre, mais bien une structure de pensée qui est née en Europe et qui divise les êtres humains en deux catégories: la race supérieure[10] et la race inférieure. Le racisme en tant que structure mentale se base sur des préjugés, des représentations, des clichés et des stéréotypes ; il construit des images de l´Autre fondées sur l´aspect physique et une norme sociale : “la normalité”, alliée à un certain comportement déviant.

Le racisme est la base idéologique pour l´extermination – holocauste/samudaripen- des peuples juif, Roms et Sintes, à l´époque du National Socialisme. Il est la cause de la stérilisation brutale, massive des  “handicapés” et des Roms et Sintes. Le racisme aujourd´hui est le mode de pensée des groupes  d´extrême-droite en Europe (comme le FN:Front National en France), qui portent une part de responsabilité dans la discrimination des minorités, l´exclusion, et la persécution jusqu´à la “liquidation” des représentants de ces groupes jugés inférieurs.[11]

Le racisme est la peste[12] de l´humanité au 20/21.siècle, . Il est important d´en connaitre la structure et le fonctionnement.

 “Antitziganisme”[13] en est une expression particulière, utilisée depuis les années 80 en Allemagne  pour définir les structures discriminatoires envers les Roms et Sintes.

C´est un état d´esprit qui donne une représentation des Roms et Sintes comme étant “étranger”  “criminel” et “fainéant””associable” “menteur” “malpropre””voleur” “parasite”

Ces représentations sont racistes ! L´antitziganisme est dirigé contre un type de comportement

déviant, non conforme à la norme dominante et contre une minorité dont on pense que c´est un trait racial non-aliénable.

L´antitziganisme[14] est dirigé contre les Roms et Sintes depuis le 18ème siècle, dont on affirme l´infériorité génétique, raciale immuable. Le samudaripen est le terme utilisé pour le meurtre collectif total, le génocide du peuple des Roms Sintes et Kale pendant la Seconde Guerre Mondiale, tragédie passée souvent sous silence.Il a fallu attendre début 2009 pour qu´une sculpture rappelle que le camp de Rivesaltes a aussi été un camp d´internement pour les Tsiganes. 500.000 d’entre eux ont été exterminés pendant la terreur nazie. Les nazis et leurs alliés de tous les pays ont persécuté, stérilisé, torturé et finalement gazé les Roms dans les camps de concentration. Ils étaient considérés comme parias, asociaux. Les Roms ont été traumatisés à vie dans leur corps et dans leur esprit. Ils luttent encore pour la reconnaissance du samudaripen.

 

Ce trait raciste existait déjà bien avant l´anti-judaisme et c´est la raison qui empêche l´émancipation des peuples Roms et Sintes[15]: la croyance en l´infériorité  génétique de tout un peuple.[16] Cette représentation négative des Roms et Sintes les empêche de s´intégrer, de développer leurs facultés – mis à part certains côtés comme la musique, la danse, etc..., de  scolariser leurs enfants et à développer une confiance envers les institutions « gadge » qui leur permettraient de mettre leurs enfants à l´école.

De même les Tsiganes - Roms et Sintes – ont toujours eu une relation bien particulière avec l´institution scolaire ; de par leur mode de vie nomade, une scolarisation normale n´a pas été toujours possible dans le passé, la famille étant le lieu où se faisaient les apprentissages fondamentaux pour assurer la survie du groupe ou de la famille ; la peur de l´acculturation et de la perte identitaire aidant, les familles Tsiganes sédentarisées ne reconnaissent pas toujours la nécessité de scolariser les enfants.

L´antitziganisme a sévi aussi dans l´Europe de l´Est, dans les pays socialistes où par définition il n ´y a pas de racisme, de domination  de l´homme par l´homme et où la fraternité[17] et la solidarité règnent.

Paradoxalement, c´est dans les pays de l´Est, en Hongrie, que les Roms et les Sintes ont pu s´intégrer et avoir un lycée et une université pour les Roms et Sintes (Lycée Gandhi).

Ouvrir le débat sur la possibilité d´émancipation des Tsiganes – Roms et Sintes - c´est ouvrir le débat sur les conditions de la scolarisation des enfants Tsiganes, priorité du Conseil de l´Europe, pour la décade Roms 2005-2015.

Ce débat ne peut pas être mené en dehors du débat sur l´école en général: quelles sont les modalités de ce débat en France et quelle importance accorde notre voisin européen l´Allemagne à la scolarisation des enfants Roms et Sintes?

Il ne s´agit pas d´un choix délibéré! Il est intéressant de savoir si ce voisin sur le territoire duquel s’est produit le génocide tsigane accorde une attention particulière à la scolarisation des enfants Roms et Sintes.

 

 

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

Aujourd´hui, on parle beaucoup de la complexité du débat sur l´école, de l' insatisfaction aussi bien des enseignants que des parents et des élèves. Le discours sur l´école peut décider une élection, d´où l´importance accordée aux réformes pédagogiques, à la réussite scolaire, mais aussi à l´ascension sociale liée à celle-ci, ou le manque de débouchés professionnels consécutifs à un échec scolaire.

 

Où en est le débat sur l´école?

 

Depuis les années 90, l´histoire des politiques scolaires semble avoir été celle de l´échec des réformes ; une réforme a chassé l´autre, provoquant de plus en plus de mécontentements parmi les enseignants et le désaveu des universités.

 

Deux tendances se cristallisent dans ce débat: d´un côté la vision d´une école Française comme étant selon l´expression de François Dubet “ un mammouth: animal préhistorique”, et de l´autre côté la vision d´une école engagée dans “une frénésie de réformes”, une effervescence d´activités accrues dans les enceintes des établissements scolaires. Trois images de l´école sont largement  répandues 

  1. la crise continuelle
  2. l´ école-machine(usine)
  3. l´utilité scolaire/économie

Sans oublier que l’école est un lieu de vie où les acteurs passent beaucoup de temps, et où les enfants apprennent à grandir ; dans ce sens, une réforme réussie de l´école Française aiderait celle-ci à assumer son rôle éducatif.

Depuis la critique de l´école républicaine reproductrice des inégalites sociales, en engendrant des inégalités scolaires, l’école veut réaliser l´égalités des chances ; elle devient plus démocratique, plus ouverte, mais est-elle autant plus juste?

Quelques réformes essentielles ont été réalisées après la publication de l´ouvrage de Bourdieu sur les inégalités scolaires:

- institution du collège unique: loi du 11 juillet 1977, dite loi Haby, qui fut le fruit d´un long processus d´unification de l´enseignement en France, un cycle d´enseignement secondaire commun à tous venant se greffer sur l´école primaire.

- création des ZEP, Zone d´Education Prioritaire,  pour endiguer les conséquences de la ségrégation scolaire

- création des IUFM, pour améliorer la formation des enseignants.

- les lois de rénovation urbaine et de cohésion sociale de 2003 et de 2005 qui inscrivent l´éducation prioritaire dans le cadre de la « politique de la ville ».

- renforcement des moyens pédagogiques pour les écoles s´inscrivant dans le cadre RAR: Réseaux Ambition Réussite  

 

Malgré cet effort effectué pour l´amélioration du sytème scolaire, les résultats de l’évaluation de la langue Française en CP, en octobre 1997, montrent la permanence des inégalités : 

- résultats inférieurs pour les garçons

- résultats inférieurs pour les enfants issus des milieux défavorisés

- résultats inférieurs pour les enfants issus de l’immigration ; on parle d´”éthnisation” de l´échec scolaire

- résultats inférieurs des enfants scolarisés en ZEP par rapport aux résultats des enfants scolarisés hors ZEP.

-Loi Darcos sur l´école élémentaire 2008 vient renforcer cette frénésie de réformes.

L´intérêt pour la réussite et la garantie de la réussite scolaire de tous les enfants ne cesse de nourrir ce débat sur la réforme de l´école ; cet intérêt croissant pour l´éfficacité et l´effectivité du système éducatif Français est renforcé par les résultats obtenus lors des évaluations internationales PISA 

L´école Française n´a pas atteint ses buts égalitaires, à tel point que François Dubet se demande si  l´avenir est déjà derrière nous. Cela ne veut pas dire que l´école  démocratique n´ ait pas évolué, elle s´est réformée. Elle s´est ouverte vers la vie. Elle ne fonctionne plus seulement comme une institution. Elle n´est ni la machine qui produit des individus à son image, ni non plus  seulement  un marché où on envoie ses enfants pour qu´ils acquièrent des diplômes utiles à une ascension sociale ou à un métier. C´est un lieu de vie d´où l´éducation n´a pas totalement disparu.

 

 Où va l´école ?

 

L' école de la République n´est plus si sûre de sa finalité (former des individus autonomes, anticiper les besoins de l´économie, assurer l´intégration morale de la société). Elle poursuit même des objectifs multiples et contradictoires (qualifications utiles, acquisition d´une grande culture, formation de sujets authentiques).

 

Au problème des différences et des inégalités sociales s´ajoutent aujourd´hui  les pluralités culturelles et ethniques, la culture de masse et l´influence des nouveaux médias.

 

 En même temps que l´école se transforme, la sociologie de l´école évolue.

 

Pour comprendre l´école d´aujourd´hui, il ne suffit plus d´étudier les programmes et les méthodes de travail, il faut saisir comment les éléves construisent leurs expériences mais aussi comment les enseignants conçoivent leur métier et aborder les expériences scolaires de leur  point de vue.

L´école de tous les enfants en France reste l´école primaire. Il est juste que l´intérêt public, le regard soit porté sur les établissements de l´école élementaire et primaire, et plus particulièrement sur les établissements scolaires où la précarité est la plus forte: 5%   des écarts en fin d´année s´expliquent par l´environnement familial (variables sociales et culturelles) et 13% environ par des facteurs d´environnement scolaire (organisation de l´école, variables pédagogiques et influence de l´enseignant” [18]

Sans transformation des pratiques professionnelles, sans travail collectif, sans projet mis en oeuvre par les personnels de la ZEP et leurs partenaires, les effets du label ZEP pourraient être plus stigmatisants que positifs explique François Dubet.

En fond de toile, la multitude de données sur l´école primaire, l´importance accordée à l´apprentissage des bases - lire, écrire, compter -, la récurrence des inégalités scolaires constituent un socle sur lequel il faut analyser et juger les réponses  pédagogiques des divers établissements scolaires  et des enseignants en  ZEP.

Mon attention s´est portée sur un cas extra-ordinaire: celui de l´école primaire La Miranda, dans le quartier Saint-Jacques à Perpignan : une école Française fréquentée à 100% par les enfants Gitans du quartier .

Cette école, il y a à peu près 5 ans, était marquée par un très fort absentéisme des enfants mais aussi des enseignants. Elle a instauré un  projet innovant pour résoudre ce malaise.

 

 

Quels  sont les dispositifs institutionnels ou éducatifs mis en place à la Miranda pour que les enfants Gitans aient une chance de réussir à l´école ?

Cette question implique la sociologie de l´école.

 

       1 - La sociologie de l´école et la question de l´égalité des chances. De la macro à la microsociologie

 

 

     

 

1.1.         L´héritage culturel : La réussite scolaire dépendant de l´origine sociale

 

La sociologie de l´école des années 60/70, d´après la théorie reproductionniste de Bourdieu[19], critique  l´école républicaine qui prétend  garantir  l´égalité des chances. Le mérite de cette sociologie est de montrer les inégalités des chances dans l´école républicaine. L´école reproduit le système social dont elle fait partie ; elle privilégie la réussite des enfants de la classe dominante.

L´école républicaine qui prétend garantir les chances de réussite de tous les enfants indifféremment de leur appartenance sociale  laisse les inégalités interindividuelles de départ inchangées ; elles se reproduisent  dans cette institution et la structure sociétale avec elles.

Pierre Bourdieu dénonce le rôle reproducteur de l´école comme facteur sinon comme instrument de la reproduction des inégalités sociales en inégalités scolaires. Chez lui le contexte politique des années 60 se reflète  dans sa critique portée à l´idéal de l´égalité des chances que l´école républicaine n´a pas concrétisé. Pour lui la société est un ensemble de structures de pouvoir qui impriment, notamment grâce à l´école, leur marque sur l´individu, là où encore Durkheim postulait une école libératrice qui permettrait à l´individu de se construire une liberté individuelle. L´école républicaine reproduit les inégalités sociales mais aussi  l´aliénation culturelle, car elle prétend propager une culture universelle alors qu´elle ne sert que les buts d´une classe sociale dominante.

Pierre Bourdieu parle d´un héritage culturel : Pour les enfants des couches sociales favorisées, l´école est le prolongement de leur milieu familial, tandis que pour les autres” c´est un processus d´acculturation qui leur est imposé à l´école: ils doivent franchir un handicap culturel, tant sur le plan de la langue, de la culture extrascolaire, des dispositions que des motivations .”[20]

La culture scolaire qui fonde la socialisation est loin d´être universelle et objective; elle est proche de la culture familiale des élèves socialement favorisés (domination d´une classe bourgeoise).

”L´école reconnaît les siens”.[21] Les enfants des couches sociales privilégiées héritent du capital culturel de leur famille. Cette culture de la classe dominante  se cache  sous le manteau d´une culture scolaire savante pour maintenir “l´illusion de la méritocratie scolaire”.

Les enfants d´origine populaire subissent une violence sous la forme d´acculturation, si grand est l´écart entre leur culture sociale d´origine et celle propagée par l´école.

Tenant compte de la  dénonciation/critique de l´institution scolaire reproduisant les inégalités sociales en suit une vague de démocratisation de l´école et la massification du système éducatif (1980) , enjointe par la loi de 1989, de démocratiser la réussite, la lutte contre l´échec scolaire, ce qui permet d´aviver l´intérêt de la sociologie pour l´apprentissage scolaire.

 

1.2.         L´individualisme méthodologique.

 

Raymond Boudon, loin de nier  ce fait,  part de  « l´axiomatique de l´inégalité des chances». Il constate que ”l´inégalité des chances est forte et varie en fonction surtout du statut mais aussi, pour un même statut, en fonction du diplôme des parents”.[22] Il introduit la notion de “l´individualisme  méthodologique”

Certes il y a un lien étroit entre l´origine sociale et la réussite; un handicap cognitif et culturel caractérise les milieux défavorisés, mais à ceci viennent s’ajouter d´autres phénomènes.

Par exemple à  réussite égale il y a une orientation inégale.

L´orientation  vers les voies scolaires les plus intéressantes dépend de l´origine familiale: d´un côté les enseignants orientent les enfants des milieux défavorisés vers ces voies scolaires inintéressantes; de l´autre les aspirations familiales et une certaine auto-sélection  (risques et coûts des études/ manque de confiance en soi de l´enfant) font que les familles ont moins de liberté d´exprimer et d´imposer leur choix.

La cause principale  de cette inégalité des chances est la combinaison de deux facteurs: un facteur institutionnel (l´école) et un facteur psychosociologique (le choix des familles, influencé par leur position sociale).

C´est, d´après Boudon,  au moment de l´orientation que se produit l´essentiel des différences en fonction de l´origine sociale [23]. A réussite égale, l´orientation vers les voies les plus intéressantes dépend de l´origine sociale.

Dans les années 80,  des politiques publiques contre l´échec scolaire furent mises en place. L´école s’est certes démocratisée, mais ceci n’a aucunement contribué à une plus grande mobilité sociale.

Car  la démocratisation  de l´école ne faciliterait  pas forcément la mobilité sociale (« Paradoxe Anderson ») [24] ; elle irait à l´encontre de la fonction de formation de l´institution scolaire, en disqualifiant au nom de l´égalité des chances la notion même de performance scolaire ; on risquerait d´attenter gravement à la fonction d’éducation du système d´enseignement, s´inquiète  Boudon.

Alors que celui-ci reconnaît l´importance de ces inégalités, il souligne néanmoins qu’elles ne constituent pas un problème social majeur, l´essentiel étant de laisser faire le jeu des aspirations familiales et individuelles .

Alors que  Bourdieu et Passeron dénoncent la reproduction de la hiérarchie sociale par le système éducatif,  Lévy-Garbowa et Boudon soulignent  la différence de nature  existant de fait entre le système éducatif et le système économique et social, et le nécessaire ajustement  des politiques publiques d´éducation aux contraintes du marché économique. D´après ce dernier  il y aurait trois manières de réagir et de limiter les effets négatifs de cette orientation familiale et institutionnelle :

 

  1. Proposer des choix moins brutaux et qui engagent moins l´avenir(filières courtes)
  2. Agir sur les coûts (bourses aux enfants démunis)
  3. Renforcer la carrière scolaire de l´élève par rapport à ses résultats

 

Il faut en conséquence réaffirmer la fonction  primordiale de l´école comme lieu de transmission de savoirs et de savoir-faire.

 

 

1.3.         Nouveau regard sur les inégalités scolaires: l´ouverture de la boîte noire

 

L´analyse de la responsabilité de l´école dans la production des inégalités sociales est moins marquée par la dénonciation globale de l´école reproductrice des rapports sociaux marqués par la domination d´une classe sociale privilégiée que par les soucis et les préoccupations d´efficacité et d´amélioration du système scolaire et de la volonté de mise en évidence de marges d´action .

L´attention se porte alors sur les acteurs considérés non pas comme déterminés par des situations, mais pouvant eux-mêmes agir sur ces situations, pouvant leur donner un sens , les définir, les construire et y élaborer un certain nombre de stratégies. On exige l´ouverture de la boîte noire[25]  du système scolaire pour comprendre comment les inégalités se  fabriquent  dans l´enceinte de l´institution scolaire: On se dirige vers l´école efficace.

Le constat restant sans appel du rôle de l´école dans la perpétuation des inégalités sociales, l´attention est alors portée sur les acteurs considérés comme pouvant définir et donner du sens, il faut ouvrir la boîte noire du système scolaire pour comprendre comment  les inégalités  se fabriquent en son sein.

L´origine sociale n’est pas la seule source de cette inégalité des chances ; le sexe et les origines culturelles y contribuent : jeunes issus de l’immigration ou appartenant  à une autre culture.

Les  échecs scolaires peuvent être vus comme des “désastres relationnels”[26]

Les éléves de même origine et ayant les mêmes compétences scolaires initiales progressent plus avec l´un qu´avec d´autres.

“Les interactions et les comportements pédagogiques, puisqu´ils sont loin d´être simplement déterminés par des situations sociales, peuvent être le levier d´amélioration du système, notamment au niveau local.”[27]

                                                      

 

1.4.         Vers une sociologie du lien pédagogique

 

Dans les années 90, la sociologie de l´école s´éloigne de la critique surplombante pour aller vers une expertise plus politique et plus pratique ; dans son appréhension de la réalité scolaire,  manquaient  jusqu’alors les sujets.

Pour la nouvelle sociologie de l´éducation,  l´apprentissage et la communication scolaires sont des faits sociaux ; la situation scolaire est définie dans l´interaction enseignants-élèves-parents, définie comme un équilibre précaire qui exige toujours et de nouveau une négociation, nécessaire pour imposer leurs définitions des diverses composantes de la situation scolaire.

La vie des individus, leur  subjectivité, leurs pensées, leurs relations et leurs émotions étaient réduites jusqu´alors au fonctionnement du système.

Pour François Dubet,  il faut s´interroger sur ce que l´école fait aux élèves et aux enseignants et sur ce que les élèves et les enseignants font à l´école.

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Démocratiser la réussite  par l´unification des filières  est certes  un but louable, mais quand la culture scolaire destinée aux élites reste , le risque d´échec scolaire perdure.

Des situations scolaires conflictuelles peuvent se déclarer, c´est à dire que l´échec scolaire pourrait s´instaurer dès lors qu´il existe un grand écart entre les élèves et la culture diffusée, lorsqu´il n ´y a pas accord tacite entre les savoirs transmis et les élèves.

D´après François Dubet, chaque situation scolaire est caractérisée par une combinaison de trois logiques d´action:

  1. d´intégration : l´élève se définit en fonction de son appartenance  à une organisation scolaire mais aussi et surtout au monde de la culture juvénile
  2. stratégique où l´élève agit au mieux de ses intérêts scolaires et de subjectivation où l´élève est un sujet de construction, à distance des 2 autres registres d´action et en recherche d´authenticité personnelle
  3. Appartenance à une organisation scolaire - culture juvénile - subjectivation - recherche personnelle.

Un nouveau modèle de relations, de rapports aux études, se cristallise, dans lequel on s´interroge sur l´activité individuelle de construction du rapport aux études. Il faut initier  l´activité de l´élève plutôt que d´en attendre une réception passive, construire une cohérence de l´apprentissage et de l´évolution globale de l´élève et proposer des tâches différenciées.

C´est logiquement au collège que la remise en question de l´ordre scolaire est la plus forte.

L´adolescent soumet l´institution à une pression critique, l´autorité enseignante et la motivation pour les savoirs deviennent une réalité fragile.

C´est à l´école primaire que le modèle de socialisation classique demeure le plus fort.[28]

Nous retrouvons là les pratiques traditionnelles  comme par exemple les cours magistraux.

Le nouveau modèle de relation consiste en l’écoute, la disponibilité, la capacité à valoriser les élèves à les motiver: la maîtrise de sa matière ne suffisant plus et donnent peu de repères pour la construction d´un ordre scolaire. Il se légitime au nom de la réalisation et de l´épanouissement de l´enfant.

A l´école maternelle, le  modèle  expressif  domine (créativité et spontanéité) au détriment du modèle productif.[29]

 

 

1.5.         Critique des nouvelles pédagogies

 

Les pédagogies nouvelles s´appuient sur des pratiques peu familières aux milieux populaires. Les innovations pédagogiques semblent plus faciles dans un contexte scolaire sans problèmes; elles ne favoriseraient pas particulièrement les élèves issus d´un milieu populaire. Il s´agit bien d´un paradoxe.

Le modèle expressif de l´école maternelle et le modernisme relationnel des enseignants du collège ne soutiennent guère la réussite des enfants des classes populaires et les pratiques des enseignants élitistes ne défavorisent guère plus ces mêmes élèves.

Un certain nombre de pédagogies de compensation auraient même un effet pervers ; elles empêcheraient les élèves des milieux populaires de chercher et de trouver du sens aux apprentissages en tant que tels et  pourraient  conduire à les enfermer dans leurs difficultés.[30]

 

Un bilan plutôt sobre

Le système scolaire est en transformation  continuelle, mais les inégalités scolaires perdurent:

C’est particulièrement à l´entrée à l´université, aux grandes écoles qu’on observe cette relative constante dans divers pays. Ceci laisse supposer qu´il y a des causes  universelles à cet état de choses. Est- il possible de les  corriger? Comment et jusqu´à quel point?

Certains développent une position nostalgique ; on regrette l´école des années 50 et on souhaite revenir à des méthodes plus “autoritaires”. Ils croient qu´il serait raisonnable  de réaffirmer la fonction naturelle de l´école qui consiste en l´apprentissage et au contrôle de l´apprentissage, [31] sans néanmoins poser la question de quels savoir-faire et de quels apprentissages il s´agit.

Mais ils ne tiennent pas compte de la complexité de la société pluriculturelle. L´école ne peut plus fonctionner sans la participation des parents . Il faut créer des liens pédagogiques, construire un ordre scolaire et développer des stratégies motivationnelles. La maîtrise d´une matière est  insuffisante comme critère pour le profil des enseignants.

 

Finalement, pour réaliser l’impératif d’égalité des chances, la sociologie de l’école introduit le principe de la différence.

 

Comme François Dubet le constate, la massification a renforcé la participation, mais elle n´a pas sensiblement accru l´égalité et “ l´égalité méritocratique des chances n´est acceptable que si elle est pondérée par des principes modérateurs “[32]

Se référant à Rawls, il affirme le principe de différence ; les premières conséquences de ce principe est de geler la sélection pendant le temps de scolarité obligatoire (primaire et collège unique) et redéfinir des priorités qui tiennent compte du fait que 100.000 élèves en France quittent l´école sans qualification ; au sortir du primaire, 20% des élèves ne savent pas correctement lire ,écrire et compter.

De même que les élèves ne peuvent être abordés sous le seul aspect de leurs performances scolaires, l’éducation ne saurait être réduite aux seuls apprentissages tels que les mesurent les tests et les diplômes.[33] La socialisation  scolaire n´est plus limitée à un rôle fonctionnaliste comme un apprentissage de rôles ou d´un habitus.

De même il faut s´interroger sur le travail des enseignants qui n´ont pas simplement un rôle professionnel à accomplir ; ils bâtissent une relation avec les élèves, laquelle va de moins en moins de soi que l’on s´éloigne du milieu culturel des enfants. Les enseignants doivent engager leur personnalité dans les relations pédagogiques, afin de conquérir un public qui n´est plus acquis ou qui n´est pas du tout acquis ,comme c´est le cas concernant la scolarisation des enfants Gitans.

 

Il semble maintenant particulièrement important de traiter de l’expérience des enseignants, des représentations qu’ils se font des enfants qui leur sont confiés, et de leur propre discours concernant les parents Gitans.

 

Partant de la thématique Egalité des chances et discrimination, je m' attache à connaître les représentations des enseignants concernant leurs élèves, car l´image qu´ils se font d´eux va influencer la didactique et la méthode. Comment conçoivent-ils leur métier (conditions de faire cours, établissement de l´ordre scolaire-discipline, sens à donner aux apprentissages, motivation des élèves) ?

Est-ce que la subjectivité (personnalité) de l´enseignant (représentation-posture) pourrait être un élément qui expliquerait l´échec scolaire des enfants Gitans ou est-ce qu´il existe des causes plus générales liées au fondement de l´institution scolaire ?

 

D´autres questions bien sûr pourraient être abordées dans un sens positif:

-          Quel est le type d´intégration  sociale qui peut être construit dans une société de la diversité ?

-          Comment penser les programmes scolaires de façon à ce qu´ils aient du sens pour une minorité Gitane,  sans perdre de vue la ”fonction universalisante” des savoirs scolaires?

-          Quelle place accorder à l´identité et à l´appartenance culturelle gitane au sein de l´espace scolaire et dans les interactions entre adultes et jeunes enfants?

-          Comment partir du handicap socioculturel pour aboutir à la construction sociale des différences ?

 

 

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2.Méthodologie utilisée

 

 

 

Pour faire mes recherches sur la scolarisation des enfants Gitans (Roms et Sintes) j´ai choisi une méthode de la sociologique anthropologique: l´observation directe.

Alain Touraine  définit cette méthode comme étant une méthode empathique alliant partage et compréhension ; il s´agit de “la compréhension de l´autre dans le partage d´une condition commune”. Elle consiste à étudier une société en partageant son mode de vie, en se faisant accepter par ses membres et en participant aux activités des groupes et à leurs enjeux. Elle introduit l´idée d´une compréhension d´une autre culture et non le simple jugement de celle-ci d´un point de vue ethnocentrique.

En ce qui concerne l´observation à découvert d´une organisation formelle  comme l´institution scolaire, l´entrée d´un observateur ou d´une observatrice est de toute façon un processus de négociation avec une administration servant de barrière d´accès à toutes les autres catégories d´usagers de l´institution. Le cheminement  hiérarchique doit être  respecté.

Il s’agit donc d’une observation à découvert qui demande beaucoup d´habileté et de tact pour obtenir des données propres à son fonctionnement ordinaire, éviter les mises-en-scène et de ne pas  courir le risque d’observer seulement les zones les plus présentables.

Le stage à La Miranda fit l´objet d´une négociation intense avec la directrice de l´établissement et le corps enseignant. De ces négociations ont ressurgi les conditions suivantes: les enfants Gitans sont “tabou “, donc pas de communication avec eux ; seuls demeurait possible l’observation de la vie scolaire et des cours, avec accord préalable des enseignants, et seuls les enseignants qui avaient donné leur accord voulaient s´entretenir avec moi.

J´ai dû expliquer à chacun ma démarche et l´intérêt de ma recherche dans le cadre du D.U Egalité des chances et la discrimination, et leur garantir l´anonymat.

 

Quels étaient finalement les atouts qui ont pu  plaidé pour moi, et pourquoi  ce stage fut accordé aussi bien par  l´Inspection académique du Ribéral, la directrice de l´école et quelques membres du corps enseignant( quatre enseignants en tout, au départ, et la directrice). Professeur de langues (Français langue étrangère et Allemand langue première) en secondaire,  Au cours de ma carrière néanmoins, j´ai enseigné à des enfants ayant un arrière-plan de migrations, “Kinder mit Migrationshintergrund“. C’étaient des enfants dont les parents étaient originaires de Turquie, des pays de l´Est, du Proche-Orient,  ayant poursuivi une socialisation primaire dans un pays autre que celle du pays d´accueil. je n‘ai jamais eu de contacts avec des enfants Roms et Sintes de Hambourg

J’ai donc acquis une certaine expérience à saisir et à analyser les difficultés scolaires d´enfants provenant d´un milieu social défavorisé “bildungsferne Elternhäuser”,  des parents assez éloignés de la culture scolaire.

 

Installée depuis peu à Perpignan, je porte  un regard autre sur un problème déjà ancien.

Il me fallut développer une certaine souplesse et m´adapter aux difficultés du terrain, car il s´est avéré difficile d´observer le quotidien des enseignants surtout dans un domaine politiquement aussi sensible que le terrain de Saint-Jacques.[34]

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Arrivée à la fin de mon stage passé à La Miranda, je devais élargir ma perspective. Et faire une comparaison avec d' autres projets de scolarisation des enfants Roms et Sintes en Allemagne.Je me suis déplacée à Hambourg et j´ai passé une semaine à Francfort, dans le Land de Hessen, puisque l´éducation en Allemagne relève de la compétence des différents Länder, le système éducatif en Allemagne étant très décentralisé contrairement au système Français unifié.

 

Bien qu´en Allemagne les chercheurs disent rencontrer les mêmes difficultés quand il s´agit d´observer la vie scolaire, surtout lorsqu’il s’agit d’élèves Roms et Sintes, mes expériences personnelles en Allemagne démontrent le contraire. Je crois pouvoir affirmer que les écoles y sont plus ouvertes. J’ai pu très facilement parler aux enseignants qui se sont montrés  ouverts à l´échange d´idées lors de mon séjour à Hambourg de la fin mars à la mi-avril 2009.

Sans rendez-vous particulier, sans formalisme et bureaucratie administrative, j´ai pu m´entretenir avec un enseignant Rom et observer spontanément son cours de Romanes dans la Gesamtschule Sankt-Pauli. De même deux directrices, l´une d´une école primaire et l´autre d´une école spécialisée, ont pris de leur temps pour discuter des problèmes des enfants Roms et Sintes. Une professeure à l´Institut de formation des enseignants de Hambourg, Mareile Krause[35], a mis à ma disposition un DVD tourné par des parents Roms et Sintes, pour lancer la discussion sur la situation scolaire de leurs enfants.

 

Lors de mon passage à Hambourg j´ai pu prendre part à une discussion organisée par l´union des Roms et Sintes “Roma-und Sinti-Union Hamburg”, connue pour son engagement politique en faveur de la reconnaissance du samudaripen. En collaboration avec la Ville de Hambourg, les survivants du samudaripen, deux sœurs de la famille Weiss ont témoigné de leur déportation et de leur chemin de Croix à Belzec en Pologne. Cette discussion s’est symboliquement tenue dans une école publique juive, Talmud-Tora-Schule, où les enfants juifs ont repris les cours aujourd´hui.

(Le chemin fut bien long jusqu´à la reconnaissance des souffrances de cette minorité,en avril 2009 fut ouverte la première exposition sur la déportation des Juifs et aussi des Roms et Sintes de Hambourg, là on nomme au même titre Juifs , Roms et Sintes.”In den Tod geschickt - Die deportationen von Juden, Roma und Sinti aus Hamburg 1940 bis 1945”)

 

 j´ai pu observer la vie quotidienne dans l´institution scolaire „Schaworalle“ pendant près d´une semaine dans cette ville, du 18 au 22 mai 2009 ; la directrice  et l ´association des Roms ”Förderverein Roma”.

Udo Engbring-Romang[36], un chercheur dans le domaine du racisme “Antitziganisme-Forschung” du Land Hessen, également collaborateur de l´association des Roms et Sintes de Hessen ”Roma-und-Sinti-Verein”, m' a accordé un court entretien à Francfort.

 

On m’avait annoncé que les enseignants de l´Ecole La Miranda étaient assez disponibles et acceptaient facilement la présence d´autres collègues des écoles avoisinantes  ayant le même public dans l’enceinte dans leurs cours.

 

Bien qu´ayant obtenu l´autorisation de l´inspection académique du Ribéral, j’ai adressé une demande à la principale du Collège Jean Moulin, qui accueille les élèves sortant de La Miranda dans une structure adaptée ; ma demande est demeurée sans réponse. En revanche, la directrice de La Miranda fut très disponible et a mis  des documents à ma disposition, après accord de l´inspection académique.

 

 

Malgré ces quelques difficultés, j'ai réussi à m´entretenir avec tous les membres du corps enseignant, les parents-relais et aussi à créér des liens avec des parents Gitans travaillant à l´école ou dans des organisations de femmes Gitanes.

 

Chaque terrain exige une adaptation et  impose une démarche particulière.

 

 Je n´ai pas enregistré les entretiens sur magnétophone ; j´ai pris des notes dans mon carnet Aussi bien pendant les entretiens que lors de l´observation des cours, j’ai parfois noté de mémoire ce que j´avais vu ou entendu.

Après mon stage effectué à La Miranda, j´ai remis mes notes aux personnes qui ont bien voulu s’entretenir avec moi ; je n´ai pas eu de retour, en ce sens que les notes n´ont pas été rectifiées ou corrigées. Une seule personne d´origine Gitane m´a demandé de corriger la transcription de son entretien ; je lui ai donné la possibilité de rectifier ses dires.

 

L´objectif final  des observations faites aussi bien à Perpignan qu’en Allemagne (Hambourg et Francfort) fut de trouver une signification sociologique aux données recueillies, de les classer et de mesurer leur degré de généralités. Des recherches sur internet m´ont permis finalement d´ouvrir une perspective vers “ les pays de l´Est „ et de compléter mes analyses.

 

3.L´ecole élémentaire La Miranda

 

 

 

Alors qu‘ailleurs l‘hétérogénéité des éléves constitue un problème pédagogique majeur mettant à l´épreuve  les compétences  méthodiques des enseignants, l´école primaire de La Miranda est “un îlot”, un cas à part: 100% des enfants sont d´origine Gitane, il n y a aucune mixité culturelle, c’est une école monocommunataire. Le problème essentiel que rencontre cette école, c‘est le manque de fréquentation, l´absentéisme à son paroxysme, qui peut s’analyser comme l´expression du refus de l´école Française.

 

3.1.L´environnement de l´école „La Miranda“- le quartier Saint-Jacques

 

 

La Miranda est la seule école de Perpignan à ne pas porter le nom d´une personne . Cette école est placée néanmoins dans l´optique d´une école de la République Française: Liberté-égalité-fraternité.

L´école primaire La Miranda n´a  de vue que sur des murs. La vue est bouchée ; partout le regard se pose sur des murs ou sur les fenêtres et balcons où sèche le linge , mis à part le balcon au-devant de la salle des professeurs, au premier étage, qui permet d´avoir un peu de recul et de surplomber la placette devant l´école.

De construction récente (2003 : Architecte Bertrand Ramond), un bâtiment nouveau implanté sur la colline “Puig” dans le centre-ville historique de Perpignan, l’école se trouve à l´ombre de l´église Saint-Jacques d´où partent les processions de La Sanch.

 

L´école a une forme géométrique carrée; à l´intérieur se trouve la cour, un patio comme on en trouve dans beaucoup de maisons méditerranéennes. Une grande grille fermée signale qu´on pourrait pénétrer dans les jardins de la Miranda et qu´on pourrait avoir cette belle vue suggérée par le nom de l´école ; pour des raisons de sécurité, cette ouverture est fermée.

On y accède soit à pied en passant sous le porche avec la coquille Saint-Jacques et remontant la rue de l´église, soit en prenant la rue de la Miranda qui aboutit aussi juste devant l´église.

Un espace caniste placé en dessous de l´école signale qu´à cet endroit l´hygiène serait de rigueur. Une curiosité quand même du fait de l´état de saleté des ruelles de Saint-Jacques jonchées d´ordures ménagères où des appareils-ménagers gênentla circulation.

En remontant la rue de la Miranda,  on passe devant les grilles fermées du seul espace vert du quartier, les jardins de la Miranda dont les secrets restent à l´abri des regards de visiteurs curieux. Mais on pourrait à la rigueur comprendre qu´ici les jardins ne soient pas à toute heure accessibles, vu le nombre de consommateurs de drogues qui pourraient y laisser leurs seringues.

L´école se trouvait à un autre endroit du quartier avant son implantation en ce lieu sur lequel, il y a quelques temps déjà, avait existé une école spécialisée pour enfants handicapés, une école Henry Wallon.

La Miranda a été  placée, pourrait-on dire,  au même niveau que l´église ; les fondations de l´école sont donc rehaussées ; il faut prendre le perron, monter quelques marches, pour être devant l´entrée de l´école, assez éloignée de la turbulente place Cassanyes avec ses commerces et cafés, loin de ce qui fait de Saint-Jacques un lieu de perdition, un trou où toutes sortes d´imaginaires se rencontrent: commerce de marchandises illicites, drogues, lieu de rencontre de toutes les communautés présentes à Saint-Jacques.

L´architecture de l’école se différencie nettement de la substance et de l´architecture historique du quartier à l´habitat insalubre.

Ce qui pourrait faire le charme de ce quartier, ce sont ses ruelles médiévales dont la structure est inchangée depuis 700 ans, mais repoussantes car dans un état de saleté répulsif.

Si on a la chance de jeter un œil au hasard de la promenade dans le quartier, un regard dans les intérieurs des maisons, la propreté du cadre de vie intérieur étonne.

 

Les façades et la substance des habitations sont en très mauvais état, surpeuplées par des familles nombreuses qui n´hésitent pas à envahir la voie publique, le pas de porte étant la prolongation du domicile privé, pour échapper ainsi à l´exigüité des appartements et aux odeurs de cuisine ou de ménage. Ce sont surtout les femmes Gitanes qui utilisent l´extérieur à cette fin pour échapper à l´enfermement dans les appartements, les hommes Gitans ayant la possibilité de sortir, d´aller au café et de s´entretenir sur la place publique avec leurs amis.

Depuis le Moyen-Âge  le quartier Saint-Jacques est occupé par une population marginale.

La Place du Puig denommée  le “Puy des lépreux” dans ces temps  dit bien que la société a  banni tous ceux qui auraient pu lui nuire ; elle les a exclus et mis dans un endroit “clos”, une sorte d´enfermement.

A la fin du XIIè siècle, d´autres marginaux arrivent ; les Juifs reçoivent la permission de s´y installer. De cette époque date l´antisémitisme lié à l´exerce de certaines professions  dites infâmes ( l´usure, la prostitution, le proxénétisme, le bourreau).

Par la suite au XIVè siècle et au XVè siècle, le Puig (la colline) est investi par les tisserands qui l´abandonnent définitivement au XVè siècle.

Et au XIXè siècle, avec l´avènement de l´industrialisation, l´implantation de l´usine de papier à cigarettes Job, une couche prolétarienne s´y installe. Saint-Jacques est un quartier populaire.

Le décret du 6 avril 1940 interdisant la circulation des nomades, les Gitans se sédentarisent dans le quartier. On peut bien parler aussi d´un contrôle d´une population pourchassée et  anéantie par la suite pendant le régime  nazi [37]. Même si le régime de Vichy en France parle d´un“ camp de protection“ il s´agit bien là d´un internement. Le camp de Rivesaltes s´inscrit dans la politique de sédentarisation  (recensement des nomades  par le gouvernement de la IIIè République dès 1895) et dans une logique d´internement du gouvernement de Vichy. Les Gitans, citoyens Français, ne furent pas tous internés au camp de Rivesaltes[38] (ce camp correspond bien à logique de renouveau dans la politique du gouvernement de Vichy de gestion de populations exclues par une série de mesures xénophobes et antisémites) le même décret (6 avril 1940) provoque une sédentarisation des Gitans dans un quartier laissé totalement à l´abandon.

Aux Gitans vient s´ajouter  dans les années 60-70 une forte immigration légale ou clandestine depuis le Maroc et l ´Algérie.

Deux minorités  sont majoritaires aujourd´hui à Saint-Jacques: les Gitans et les  Maghrébins. Vivre ensemble dans ce quartier où la sensibilité est à fleur de peau n´est pas si facile et provoque des violences.[39] Encore en 2008 il suffisait d´un rien, d´une étincelle pour que la situation se détériore, d´après l´avis des différents habitants.[40]

C´est la situation  de ghetto, d´exclusion  sociale qui provoque cette violence. Ce sont de nombreuses familles mises au ban de la société: 1066 familles du quartier vivent en dessous du seuil de pauvreté et sont touchées par la précarité.[41]

Pour la communauté Gitane, depuis la sédentarisation et la disparition des activités économiques traditionnelles, les allocations familiales, l´aide aux parents isolés, l´aide sociale sont les seuls revenus. Les femmes Gitanes ont développé une grande compétence et un savoir-faire , connaissant parfaitement leurs droits pour obtenir l´argent dont vivent les familles.

Même si ces familles n´ont jamais eu autant d´argent pour subvenir à leurs besoins[42], ceci ne peut pas servir d´exemple ou de projet de vie aux générations à venir.

Le quartier reste un lieu important d´activités commerciales licites et illicites avec des réseaux de circulation de marchandises bien structuré, liant les pays d´Europe du Nord (Allemagne-) aux pays Africains et Nord-Africains comme le Maroc.[43]

Les enfants (écoliers) et les jeunes du quartier en sont le maillon faible. La scolarisation des enfants Gitans devrait être une priorité de la société. ”Faire rêver les enfants (les filles) d´autres choses” (La directrice de la Miranda).

La Miranda est de facto une école pour enfants provenant uniquement de la communauté Gitane, son implantation dans ce lieu la prédestinait à ce rôle.

 

 

3.2. Présentation du projet expérimental  “la Miranda”

 

 

Le projet éducatif de la Miranda est une réponse pragmatique visant en premier lieu à augmenter la présence des enfants gitans dans l´enceinte de l´établissement et en second lieu à favoriser la réussite scolaire d´enfants toujours en “grande difficulté scolaire”. Le projet éducatif profite d´une dérogation.

Depuis 2004 (2006?) la ville de Perpignan et l´Education nationale ont opté pour une démarche de projet en lien avec la population: Programme de réussite éducative du plan de cohésion sociale. C´est la réponse et la réaction au problème de l´absentéisme qui se posait alors à la Miranda. C´est un projet expérimental co-piloté par l´Inspection Académique et la ville de Perpignan pour:

-          lutter contre l´absentéisme

-          favoriser la réussite scolaire de chaque enfant

-          lutter contre le décrochage scolaire[44]

-          conforter les relations familles/écoles, quartier/école, école/écoles

-          renforcer les moyens des équipes enseignantes et éducatives : équipe pluridisciplinaire, effectifs doublés (une enseignant/un(e) aide-pédagogique), intervenants en musique, en sport et en sciences naturelles.

 

Le projet a été mis en place en 2006, en réaction à l´absentéisme des enfants Gitans qui avait alors atteint son paroxysme. On part d´un constat et on met en place un projet pour essayer de renverser le processus. L´école fut totalement “reconstruite”. Elle se trouvait à un autre endroit (Les deux fontaines). Les événements de 2005, le conflit entre Maghrébins et Gitans, furent un des motifs pour la reconstruction de cette école. Le nom La Miranda exprime la volonté de la création d´une école rattachée au quartier Saint-Jacques et à sa population.

Le projet (en copilotage –éducation nationale-préfecture-ville de Perpignan) est mis en place pour 3 ans d´expérimentation tout d´abord, le but étant de revenir  au modèle républicain. L´objectif est de revenir à une scolarité normale aussi tôt que possible.

                                                       

 

3.3. Rôle du chef d´établissement

 

Le rôle de la directrice d´école acquiert un autre accent. Elle n´a pas d´autre mission apparemment du côté du statut ou de la fonction, mais de par la réalité du terrain, elle a une rôle important puisqu´elle est déchargée totalement des cours, Elle doit donner les pulsions  majeures , les idées  pour initier le travail pédagogique. Les pratiques enseignantes sont pour elle “tabou”, c´est un travail collectif, les cours sont sous la responsabilité de l´enseignant ; par contre la directrice est parmi le groupe qui mène l´entretien avec les candidats pour les postes d´enseignants et a ainsi une influence prépondérante ou la possibilité d´influence sur le travail effectué à l´école. Elle est à l´écoute des parents, de l´Education nationale, de la ville de Perpignan mais aussi de l´équipe enseignante (Le mercredi la journée Madeuf).

L´actuelle directrice a demandé carte blanche pour le travail expérimental. Ce projet a reçu l´adhésion  des institutions dans sa mise en place intiale et évolue actuellement en co-construction institutionnelle et co-construction interne (acteurs du terrain - équipe pluridisciplinaire): transparence dans les actions, évaluation des dispositifs et régulation des actions.

Aujourd´hui la situation scolaire est plus compliquée que dans les années 50: la société a évolué, diverses vagues d´immigration, des enfants nés d´une seconde génération, il faut un autre type d´enseignement et d´enseignant.

Une structure plus souple pour accueillir les enfants Gitans d´après leur fréquentation de l´école et qui tienne compte d´un autre mode de vie (moins adapté au rythme scolaire),créer des exemples de réussite.

Il s´agit d´une recherche tout d´abord d´adaptation des rythmes scolaires en fonction des pratiques de certaines familles. En effet des enfants viennent le matin, d´autres  l´après-midi, ils arrivent en retard ou ne fréquentent plus l´école.[45]

Le décloisonnement  existe dans d´autres écoles et n´est pas une spécificité de La Miranda, classes hétérogènes de cycle respectant l´âge requis en France, enfants de différents âges dans une même classe, par classe un(e) enseignant(e),un(e) aide-pédagogique et divers intervenants.

 

Objectif 1 du projet: regagner la confiance des parents Gitans et faire revenir les enfants à l´école.

- présence de personnel Gitan à l´école

- écoute des parents: une directrice totalement dégagée de cours.

- ouverture de l´école vers le quartier (fête)

 

Objectif 2: créer des exemples de réussite “Classe Major” pour assurer une meilleure scolarisation en sixième du collège ou en SEGPA

 

Création de classes de fréquentation, souplesse dans le rythme scolaire, enfants réguliers-semi-réguliers-irréguliers (classe d´accueil) pour ne pas perturber les apprentissages et reconnaître les efforts des élèves assidus.

Différentes formes de différenciation-décloisonnement des cours (coin lecture-regroupement-mathématiques), Ateliers théâtre et musique , mais aussi des cours magistraux “ex-cathedra.

Apprentissage de la démocratie et de l´autonomie - conseil de classes.

Enseignements des fondamentaux le matin, l´après-midi des projets.

Pour les enfants semi-réguliers, les apprentissages des fondamentaux se font l´après-midi.

Classe d´accueil pour les décrocheurs.

 

Créer une conscience de l´importance de la préscolarisation pour les apprentissages de base en primaire.

 

Création d´une classe major après le CM2 pour approfondir les bases afin que les meillleurs élèves aient la possibilité d´aller dans une 6ème régulière – avoir un meilleur niveau. Ou aller en SEGPA

Une classe passerelle – qui reste pédagogiquement dans la responsabilité de la Miranda ; mais administrativement les enfants sont des élèves du collège Jean Moulin. L´après-midi ils sont regroupés dans une classe “Gitane” : des enseignants du collège leur donnent des cours.

 

Janvier 2009: la maternelle - l´école de préscolarisation est intégrée dans le projet afin que les enfants soient mieux préparés pour l´école (les ciseaux, la colle, un autre rythme)

Expérimentation de méthodes plus ouvertes /pédagogie de Freinet  et différenciation .

 

Depuis cette année aussi le “pédi-bus “ passe “ cap a l´escolla”, pour les mamans qui ne peuvent pas emmener leurs enfants à l´école (santé/nourrisson à la maison) sur demande un groupe d´un enseignant -un parent-relais va chercher les enfants à la maison.

 

 

3.4  Une équipe pluridisciplinaire

 

 

Une equipe renforcée avec plus de ressources humaines et des rôles bien définis.

 

 

Le corps enseignant est composé d’un einseignant par classe et d’une aide-pédagogique et de plusieurs intervenants en musique, sport et sciences naturelles.” On travaille en équipe, on bosse ensemble, on partage, on s’échange”.

 

- A l´école maternelle: 2 enseignants et deux ATSEM (cycle 1)

- A l´école primaire: 6 enseignants et 6 aides-pédagogiques (cycle 2  et cycle 3) dont deux enseignants spécialiés pour les classes d´accueil -relancer les élèves, accueillir les nouveaux élèves, créer le lien aux parents, “couper le lien ombilical”

- Classe Major: un einseignant et une aide-pédagogique (classe passerelle)

- 4 intervenants musique sport, capoeira, sciences naturelles

- 2 RASED enseignants spécialisés pour aide les enfants en difficultés ; à La Miranda le RASED s´occupe plus particulièrement des enfants assidus, réguliers afin de créer/garantir une réussite scolaire

- 2 relais parents

- 1 secrétaire

 

 

4.Analyse des représentations des enseignants

 

 

A travers le discours des enseignants s´expriment les sentiments des enseignants, se reflètent dans les images qu´ils se font des enfants qui leur sont confiés. Ainsi c´est à travers eux que s´exprime tout le questionnement de l´institution lorsqu´elle doit scolariser les enfants.

 

Les enseignants s´expriment peu sur les enfants ou ils le font avec beaucoup de retenue ; quand ils s´expriment ils restent dans des sphères rassurantes, des représentations stéréotypées - par peur ou crainte de se positionner, de provoquer des troubles ou de s´attirer des ennuis.

 

4.1.Les représentations de la culture Gitane sont pour la plupart sécurisantes, rassurantes.

 

Des enfants qui se couchent tard, qui sont fatigués et ne peuvent pas se réveiller tôt le matin.

“je n´ai pas de leçons à leur donner” “je n´ai pas à juger ces parents“

 

4.2.Le mythe de l´enfant-roi entretenu par les parents Gitans , mais traduit aussi par les enseignants et le personnel Gitan

 

Les parents cèdent aux caprices des enfants, les enfants ne souffrent point de l´école Française, s´ils souffrent c´est à cause du départ d´un papa ou d´une maman.

Si les écoles  les rendent mal à l´aise ils ne viennent pas .

 

4.3.Des enfants a-scolaires, avec des résultats hors-norme.

 

Dès lors les enseignants ne se responsabilisent pas pour les résultats scolaires des enfants puisque le grand fossé entre la culture Gitane et la culture Française est infranchissable.

Des enfants peu aptes à une scolarité normale, résultats hors-norme. Ils sont déficitaires dans la langue Française et la langue primaire. Des enfants qui font éclater des structures en place et qui remettent le système scolaire en question dans son fondement.

Les enseignants se sentent peu qualifiés pour enseigner à des enfants ayant de tels déficits.

“nous ne sommes pas formés pour le Français langue étrangère.”

La langue Française ne devrait pas être une langue étrangère pour les enfants Gitans car ce sont des citoyens Français sédentarisés depuis les années quarante.

Il est étonnant qu´ils n´aient aucun contact avec la culture dominante qui les entoure. Il fut une génération de Gitans (40-50 ans) qui maîtrisaient  la langue Française beaucoup mieux que les enfants d´aujourd´hui. Apparemment il y a moins de mixité, moins de possibilités de contacts avec d´autres cultures. Ceci s´explique par la situation de “ghetto” dans le quartier Saint-Jacques où la communauté Gitane reste entre elle. La nécessité de parler d´autres langues s´explique par les métiers de commerce et d´échanges des anciennes générations.

 

 

4.4.Les enfants fragiles - manquant de confiance, affectueux, attachants  mais turbulents et bruyants.

 

- phobie de l´école :transfert des adultes vers les enfants :“ayez confiance en vous”

- Angoissés, il faut les rassurer et rassurer en même temps les parents.

Besoin d´assistance permanente.

- bruyants qui bougent beaucoup

- des parents affectueux, familiarité, tutoiement, umpulsivité: menace de mort, insulte, manque de distance.

- des gens simples ,”je n´aime pas quand c´est trop lisse”

- overprotection: les enfants sont tabous, défiance vis-à-vis d´autrui

- capricieux

“ils apprennent à leur rythme, les cours sont aménagés, ce sont des enfants ordinaires.Il n´y a pas d´agressivité. Que des enfants Gitans(dans cette école)c´est une erreur.”

“s´en sortiront-ils? Je ne mets pas tous les oeufs dans le même panier. C´est une société, ils sont bien noyés, ils vont se laisser happer!“

-pendant la représentation de théâtre en CP narrateur défaillant: angoissé, alors que pendant les répétitions il était sûr de lui.

 

4.5.Ecart entre la culture Gitane et la culture Française  Un mode de pensée totalement différent qui rend le dialogue interculturel difficile si ce n´est impossible.

 

- l´école n´a pas de sens pour eux,les apprentissages scolaires non plus

-  culture orale

- le livre n´est pas un objet culturel

- les enfants ne lisent pas seuls dans leur chambre

- ghetto, manque d´ouverture, pas d´horizon

- culture en autarcie

- ouvrir la porte vers la vie,vers les non-Gitans.

- clivage entre la culture dominante et la culture Gitane.

- une exception:” on ne peut pas tout rejeter sur les Gitans.Il y a discrimination à travers le regard de l´autre.”

C´est plutôt les relais parents qui ont une représentation plus nuancée des parents et des enfants,comme les citations le montrent:

“prévenants, ils répondent à chaque appel”

“il y a des femmes Gitanes qui reconnaissent le travail. M... est travailleuse. elle est honnête.”

 

 

4.6.déficitaires sur le plan du langage

 

- pauvreté du langage en Français et en Catalan Gitan

- manque de vocabulaire

 

Il en découle une stigmatisation involontaire, des représentations stéréotypées.

Les enseignants ne connaissent pas vraiment la culture Gitane d´où sont issus les enfants.

Pas besoin de refléchir longtemps aux difficultés ou à l´échec scolaire de ces enfants puisque les explications sont claires: milieu culturel défavorisé,  écart entre la culture d´origine et la culture scolaire

La difficulté qui se pose alors à l´institution scolaire c´est de tenir le principe d´égalité et d´intégration qui tend vers l´uniformisation et la formatisation des “enfants” et en même temps de traiter la différence, tolérer les adaptations.

 

La position des enseignants vacille entre le réalisme-pessimiste des enseignants qui ne se font pas trop d´illusions sur les résultats de leurs efforts “ on leur donne tellement , mais il y a peu de retour” mais qui s´engagent néanmoins sur des projets en faveur de l´intégration des enfants Gitans-regard assistanciel-

 

4.7 Représentations des enseignants /des pédagogues concernant les parents Gitans et leur attitude vis-à-vis de l´école.[46]

 

Une attitude ambigue face à l´école Française: Attitude embarrassée qui fait écho à l´attitude de l´école républicaine face aux enfants Gitans.

Crainte de confier les petits / méfiance du monde des paios.[47] Il s´agit pour toute action pédagogique, pour toute médiation culturelle de convaincre les familles de confier leurs enfants avant l´âge légal de scolarisation, pour éviter les obstacles dûs aux décalages culturels trop importants. Afin de permettre une bonne scolarisation dans le primaire et d´atteindre les buts d´un apprentissage scolaire basique (lire,écrire,compter).

 

D´un côté  refus des apprentissages qui auraient tendance à aliéner les enfants Gitans. Peur de la perte de l´identité communautaire.

De l´autre côté :reconnaissance de la nécessité de la scolarisation: pour exercer un métier.

La paupérisation s´explique en bonne partie par l´attitude face à l´école: faiblesse du niveau scolaire, échec scolaire, absentéisme, refus des apprentissages. Un cercle vicieux.

 

 

 

L’école Française ne répond pas non plus aux attentes des parents: arrogance des enseignants envers les parents, humiliation ; elle dévalorise l´identité Gitane. Les enfants développent un sentiment d´infériorité car ils ne comprennent pas la langue des enseignants et ne maîtrisent pas suffisamment le  Français.

Un sentiment d´infériorité s´installe car les enfants ne maîtrisent pas suffisamment la langue Française. Le Catalan Gitan étant la langue utilisée dans la famille, dans le quartier et entre les enfants à l´école.

La communauté reste le lieu où il est possible d´exister sans être dévalorisé, sans être en échec.

L´éducation familiale permet d´acquérir des compétences jusque là utiles au groupe tandis que l´école républicaine ne permet que la promotion des meilleurs. Aucun attrait de la modernité!

- violence qui s´exprime individuellement quand un enfant est ou paraît victime d´une injustice.

- l´école s´occupe peu ou pas des enfants Gitans.

- Crainte d´une perte identitaire, trou dans la transmission culturelle (sédentarisation depuis 1940) perte de l´activité économique traditionnelle donc perte de la transmission culturelle puisque la famille était et est le lieu où l´essentiel des transmissions du savoir se faisait.

Tradition de non-assimilation ou repli identitaire actuel lié à une paupérisation. L´évolution économique ayant condamné l´économie Gitane et avec elle la mobilité - la mobilité des Gitans étant liée à l´exercice de leurs métiers traditionnels, pour l’instant il n´y a aucune reconversion.

 

Et de l´autre côté  il y a les optimistes éternels, les « enseignants »  qui ont le sentiment d´une nette amélioration, d´une évolution nette puisque les parents acceptent de remettre les enfants à l´école et de faire confiance à l´équipe enseigante.”70% de présence, c´est un succès” Cette position positive s´exprime surtout lorsque la scolarisation en maternelle se passe bien, comme c´est le cas pour la Miranda puisque il y a une liste d´attente pour les enfants. Les chiffres sur l´absentéisme sont réversibles, la preuve il y a une fréquentation plus régulière de l´école : quant aux résultats des évaluations, ce n´est pas vraiment la percée. Les personnnes en contact direct avec les parents et la population Gitane sont plutôt nuancées : “il y a des jours d´optimisme et des jours sans!”

Ils croient en une lente amélioration de la situation et affirment qu´il faut laisser au temps le temps de faire les choses.laisser au temps...le temps.

- travail à longs terme, de longue haleine

- tirer profit des expériences acquises.

 

Ainsi tout se passe encore comme si le manque de  fréquentation de l´école, l´absentéisme, l´échec scolaire convenait à tout le monde : “Absentéisme qui convient à tous: aux parents qui n´ont pas à imposer une fréquentation régulière, à l´ecole qui se débarasse d´éléments pertubateurs”

Ce sont des enfants qui rapportent , mais qui ne viennent pas.

L´absentéisme des uns permettrait d´avoir des petits groupes différenciés et d´individualiser les apprentissages.

Il n´y a pas un intérêt vital de la part de l´institution (des conditions de travail des enseignants) de changer les choses.

 

4.8.les postures des enseignants

Les différences sont remarquables quant à la posture des enseignants: position de polarité

 

Du style autoritaire au style démocratique- analyse des postures à travers le « conseil des élèves »- reflet du style des cours des enseignants - du cours magistral à la différentiation interne- teamteaching

 

Tous les enseignants sont convaincus de vouloir travailler en équipe, de réfléchir ensemble aux problèmes de l´absentéisme , même si à la rigueur ils sont désarmés face à ce problème.

Ils soutiennent ce projet parce qu´ils sont convaincus qu´il faut aider à “remettre sur pied une école qui n´allait pas bien car ne pas savoir lire, écrire et compter à 25 ans c´est dur!” Un défi personnel à relever.

Le fait que 70% des enfants Gitans viennent ou reviennent à l´école est d´après eux un succès, même si la pression de l´Education nationale se fait ressentir pour augmenter encore la présence mais aussi pour améliorer les résultats des évaluations.

 

C´est à l´occasion d´un conseil de classe que s´est révelée cette polarité

 

Le style de la compréhension active :L´apprentissage de la démocratie

 

Dans la culture Gitane la parole de l´enfant compte beaucoup.

Le respect de la parole de l´enfant s´exprime dans l´institution d´un moment de parole libre en début de cours , mais dans le respect des règles:

 “ne pas parler trop fort, ne pas couper la parole, pas tous en même temps”.

Respect de l´élève et de son travail:”je ne vais plus gommer sans ton autorisation”

 

Le conseil des délégués des classes est dirigé par le président (un élève) qui accorde la parole, il est élu parmi les élèves directement à chaque séance. Le président à un autre enfant:”tu parles sans parole”

Exemple de conflit où ressortent les positions des enseignants:

Style de la compréhension active:”le vol crée un problème,il faut une solution qui répare!”

“on vit ensemble,on ne peut pas tout fermer!”

La revendication d´une punition en rapport avec le manquement à la règle: demande de réparation.

 

Style autoritaire:

“ moi je suis dur, ils ont besoin de règles” “chez eux il n´y a pas de règles” “des règles molles qui ne rendent service à personne, c´est de la fausse compréhension”

“on n´a pas été assez dur avec eux, être rigoureux, c´est leur rendre service”

“on donne beaucoup de choses, des activités, pas de retour!”

“coutumiers du fait, ils racontent des histoires”

“récidivistes, des gamins qui refont les choses”

“on ne passe pas l´éponge!”

“il faut les cadrer, la parole de l´enfant ??!!” “il faut poser les choses”

“Ce n´est pas seulement pour ceux qui jouent le jeu”

“responsabilité envers les parents et enfants”

“si les parents ne paient pas, par la force!”

 

Il faut une punition qui fait mal!

 

 

4.9.Réflexions concernant la Miranda

4.9.1 Compétence des enseignants:

Bagage insuffisant ou inadéquat acquis dans les universités ( Profil de l´enseignant de la Miranda) Critères du choix .

Pas d´enseignant d´origine Gitane ! (une seule professeure de Français à Prades)

Formation professionnelle déficiente

 

Les enseignants

Les enseignants ne sont pas engagés comme il est écrit sur profil , mais après un entretien avec la directrice, le représentant de la ville de Perpignan et l´inspecteur académique pour éviter qu´il y ait rejet, incompatibilité et éviter les conflits avec les parents Gitans.

L´ancienne équipe ne fut pas acceptée par les parents car  elle était en partie trop méprisante envers les  Gitans.

Depuis janvier 2009 la maternelle fait partie du projet expérimental ce sont des enseignants qui exercent depuis longtemps ce métier. Par contre dans le Primaire ce sont des jeunes enseignants sortant de l´IUFM même s´ils ont quelques expériences 1-3 ans dans d´autres établissements, ils sont au début de leur carrière professionnelle.

Ces enseignants comprennent ou parlent le Catalan au contact des parents et des enfants Gitans mais n´ont pas une formation linguistique en Catalan (Gitan)

Ils sont volontaires, ont demandé le poste à la Miranda. De culture Française ils n´ont pas d´expérience professionnelle d´un milieu aussi particulier que celui des enfants du quartier Saint-Jacques.

Le seul critère qui les qualifie pour l´enseignement à la Miranda est « l´acceptance » de l´autre, pas de dédain ou de mépris vis-à-vis des enfants Gitans. “je n´ai pas de leçons à donner” est une phrase qui revient souvent.

 

4.9.2Les motifs ou la motivation pour ce poste: du regard assistanciel à l´autonomie assistée

Aucun enseigant ne dit que c´est à cause de ces enfants en particulier qu´il a demandé ou qu´il est venu à la Miranda.

Un seul enseignant exprime ne pas “aimer ce qui est trop lisse”, mais en même temps être  sensible à la bougeotte, au bruit des enfants “des enfants bruyants” “toujours en mouvement”

Un enseignant exprime sa conviction, la nécessité d´être sur ce terrain. Derrière cette conviction  on reconnait le motif : aider des enfants en grandes difficultés à se mettre “debout” :C ést bien un  motif essentiellement assistanciel:

Des enseignants qui veulent aider des enfants en grandes difficultés scolaires à apprendre les fondamentaux: lire,écrire et compter  convenablement“.

„des enfants debout“ apprentissage de la démocratie avec le conseil des enfants (une fois par semaine) :en donnant la parole aux enfants

-de la punition – respect strict d´un code de comportement (autoritaire-pédagogie noire) à la pédagogie blanche punition en relation avec la faute.

Des cours qui sont le reflet des différentes pratiques enseignantes :

-Des cours magistraux, élèves passifs, attentifs “objets” aux cours de la différenciation: activité des élèves,en passant un peu par le teamteaching dans le primaire.

L´un fait l´introduction, le cours, l´autre s´occupe d´un groupe à deux, même 3 ou 4 dans un cours (dans une classe).

Décloisonnement des cours: les professeurs et les élèves circulent d´une pièce à l´autre.

La mise en place d´une structure pour réformer l´école: le travail en équipe interdisciplinaire

Des règles nécessaires pour faciliter le contact avec les parents (petit-déjeuner-pédibus).

Une heure de coordination par semaine:

Le mercredi une session de coaching : on apprend à communiquer !

« CM3 » : passerelle, exemple de discrimination indirecte.

 

-Accepter la différence des élèves pour adapter les pratiques.

-Les principes d´assimilation/d´acculturation ne suffisent pas à intégrer les enfants.

-Une modification importante certes, mais peu fructueuse pour un enseignement interculturel  ou pour faire décoller les enfants

-Des structures portées par des personnes différentes (différentes cultures et qualifications) certes  mais pour l´essentiel ce sont des enseignants de culture Française: pas d´interculturalité, situation monocomnunautaire, aucune mixité ethnique ou sociale, “autarcie”, “ghetto”

Même si des modes adaptés de scolarisation sont nécessaires dans un premier temps, il convient de les organiser pour aller vers la mixité des publics, mixité des origines, des niveaux scolaires et des attentes. Ce qui n´est pas le cas de la Miranda. Certaines personnes même pensent que c´est du “parcage ethnique” [48] car les enfants vivent en autarcie.

 

 

5.Pour le respect de l´identité des  Gitans

 

 

5.1.Critique des  réponses scolaires

                                                           

Le système scolaire a participé à la construction d´une identité nationale et réussi jusqu´à maintenant l´intégration de différentes immigrations

Pour cela il s´est doté d´une organisation rigide, centralisée, qui donne à tous la même chose, sans distinction d´origine. Or l´exemple de la scolarisation des enfants Gitans est manifestement  l´échec  récurrent et vécu comme tel de l´école Française.

Toutes les réponses scolaires peuvent être analysées comme une forme d´exclusion, exclusion des élèves avérée ou structurelle, exclusion ressentie par “mise à l´écart” des principaux fondamentaux de l´école.

-les enfants Gitans sont regroupés dans une école ou dans des classes de perfectionnement “ghettos”

-SEGPA ou des classes faibles (6. de soutien, passerelle, 4 soutien)

 

Le même résultat est observé lorsque les enfants Gitans sont dispersés: faiblesse de leurs acquis scolaires, difficulté du système à individualiser les apprentissages.

Exemple de la classe passerelle

 

A aucun moment n´apparait une nécessité culturelle qui imposerait  un autre type d’accueil  tout en gardant les mêmes objectifs. S´il y a eu nécessité d´un projet expérimental, c´est l´absentéisme qui était au paroxysme qui a obligé les institutions à une telle démarche

 

Des expériences existent déjà: des écoles Gitanes avec une structure autonome, des classes expérimentales, des dispositifs relais. Tous ceux qui ont initié ces projets ressentent les limites du modèle républicain classique

Accepter de créer de nouvelles formes de scolarisation ne veut pas dire lancer des projets expérimentaux dans le but – après une certaine phase d´expérience - de mener ce projet vers le modèle dominant.

Il s´agit d´une adaptation , on est dans la réaction face aux problèmes. L´objectif est le retour à une scolarité normale aussi tôt que possible.

 La marginalité des structures provoque ainsi la marginalisation des enseignants travaillant avec des enfants Gitans “ Ah tu travailles avec des enfants Gitans. Comment tu fais?”

 

Il est nécessaire d´inverser le discours: Ces expériences pourraient  être perçues comme une bonne opportunité « chance » d´inventer d´autres formes de scolarisation qui partent des élèves tels qu´ils sont.

Car Il faudrait créer une façon d´utiliser des cultures différentes pour aller vers des objectifs communs, universels :L´école suppose la possession d´une culture scolaire qui n´existe pas chez tous les enfants. Elle doit se construire en partant de la culture de l´élève, et cela ne vaut pas seulement pour les enfants Gitans.

 

 

Les Gitans se sont sédentarisés en perdant leurs moyens de subsistance, leurs travaux qui les menaient vers le voyage. La famille suffisait pour traduire les connaissances de base pour accomplir les travaux traditionnels. Ils apprenaient un peu à lire et à écrire.

Aujourd´hui cette socialisation ne suffit plus . La paupérisation des familles Gitanes est étroitement liée à leur manque de scolarisation et de qualifications pour le marché du travail.

Trop longtemps aussi les Gitans ont fait l´objet d´une politique clientéliste “les votes - les élections. Aujourd´hui ils vivent essentiellement de la CAF.

Dès que les parents ont du travail  le climat familial et la position vis à vis de l´école change. De plus en plus les familles Gitanes reconnaissent la nécessité d´une scolarisation avec l´apprentissage d´un métier.

 

L´école Française n´a pas anticipé les questions liées à la scolarisation d´enfants Gitans sédentarisés et destabilisés socialement et économiquement parlant. Les projets scolaires restent pour la plupart dans la réaction. C´est là leur grande faiblesse.

Le pire serait aujourd´hui de continuer à réagir en affectant des moyens spécifiques pour traiter un problème spécifique.

 

5.2.Pour la valorisation de la culture gitane

 

Une cohabitation linguistique[49] ou plurilinguisme: le Catalan, le Français, l´Espagnol pour le chant, ces trois langues sont parlées dans des situations bien  particulières:

-Le Catalan Gitan[50] en tant que langue grégaire mais aussi véhiculaire lorsqu´on voyage en Catalogne du sud et du nord. Cette langue est parlée entre Gitans dans le quartier , elle est la langue primaire des enfants.

Le Français en tant que langue véhiculaire est enseignée à l´école, les enfants Gitans parlant dans la cour de récréation, le Catalan Gitan et pendant les cours le Catalan Gitan et le Français pour communiquer avec les non-Gitans, c´est à dire les enseignants.

Le  Français est la langue d´enseignement, néanmoins les enseignants font recours au Catalan Gitan en demandant aux enfants de traduire: ”comment on dit en Gitan le mot.....”. Mais Les enseignements sont dispensés en Français. Ceci ne veut pas dire que les enseignants ne parlent pas ou ne comprennent pas le Catalan, mais ils ne sont pas habilités à enseigner en Catalan.

Le  Français est la langue de l´environnement, de la sociéte, si on veut entrer en interaction il faut dominer/maîtriser la langue véhiculaire. Le rapport linguistique peut s´exprimer en rapport de domination, le Français dominant le Catalan Gitan. Il est la langue de la citoyenneté Française.

Les enfants de Saint-Jacques vivent dans une situation de bilinguisme. Le Catalan Gitan étant la langue primaire et le Français la langue secondaire. La langue Française ne peut pas être considérée comme une langue étrangère étant donné que le monde Gitan est « encerclé » par  la culture Française.

Les générations 35-40 ans maîtrisent parfaitement le Français oral et écrit, mais il y a  apparemment une cassure, une rupture :les générations d´aujourd´hui ont des difficultés d´assimilation.

 

5.2. 1Une culture en miettes

La culture Gitane est une culture émiettée , se poser la question de la survie de cette culture signifie définir l´identité Gitane.

Qu´est que c´est un Gitan aujourd´hui ?

Il y aussi d´autres termes pour désigner les gens du voyage.

Les Gitans: le terme vient de egyptanos - égytiens venus de la Grèce ayant vécu en Orient, leur provenance est l´Inde. Le terme de Rom=l´homme est aussi ou Manouche, les Gitans de Perpignan sont restés des Gitans (les descendants de ces voyageurs qui se sont occupés de chevaux) et qui  depuis la fin du 19. début 20 siècle sont sédentarisés[51]. Ils occupent le quartier Saint-Jacques, certains habitent au bas ou haut Vernet. Depuis les Anciens parlent d´avant:

La vie, le voyage

La solidarité, l´entraide

Le travail: commerçant, vanier, forgeron ou maréchal-ferrant

 

Aujourd´hui le voyage c´est rendre visite à des amis Gitans de Barcelone ; ils ne quittent guère ou ne s´aventurent guère en dehors du quartier Saint-Jacques. Avant, c´est la nostalgie !

La musique, les fêtes, la religion et la langue le Gitano sont des éléments encore existants.

Etre gitan, c´est marquer sa différence, sa particularité.  Saint-Jacques reste dans l´imagination des gens de l´extérieur comme lieu de perdition, de la drogue et de la violence, un quartier « chaud. »

 

Le Catalan Gitan est la langue interne quotidienne de la plupart des Gitans de Perpignan. Il est parlé dans la famille, dans la communauté Gitane. Il fait partie intégrale de l´identité Gitane.

Etre Gitan entre autre ici c´est parler  Gitano, c´est à dire Catalan, c´est un Catalan “grégaire”[52] qui permet une compréhension  aisée avec tous ceux qui parlent le Catalan roussillonais.

La langue sert à communiquer mais de par son caractère dialectal elle permet aussi de différencier et de distinguer les divers groupes Gitans.

Les anciens Gitans parlent encore le véritable Gitano : Kaló est une langue refuge – résiduelle - qui permet de renverser le rapport dans la communication en prenant la dominance. Le kaló permet aux Gitans de communiquer entre eux , de se comprendre sans que l´autre , l´étranger, comprenne. Une sorte de code secret utilisé dans des situations qui exigent qu´autrui, l´autre, l´étranger ne comprenne pas (intimité, sécurité,secret). Il est utilisé dans des situations qui ne permettent pas l´ingérence du “payo” = le non-Gitan .

Ceci fait partie  de l´identité Gitane, avoir une différence avec le payo ou le gadjé .[53]

Le kaló permet aux Gitans de renverser la situation communicative, il domine par sa différence. Par retour des choses, la pire des humiliations en situation de communication est la perte du contrôle de domination, il est compris mais lui ne comprend pas.

Le véritable Gitano est une langue hybride, un mélange de la langue ibérique ,du Romani et du Catalan.

 

On tue un peuple, une culture en interdisant sa langue et sa culture! Ce phénomène n´a pas épargné la langue des Gitans.

Dans l´histoire des Gitans il y a eu „un génocide linguistique“ [54] leur langue a été interdite en Espagne au 16ème siècle, en Navarre en 1573 ils devaient abandonner leur langue pour ne pas être expulsés , le Gitano disparu au début du 20ème siècle, les Gitans se sont appropriés la langue locale (régionale) , le Catalan, car il n´était pas parlé par les non- Gitans de la ville de Perpignan. (substitution linguistique). Parler kaló est une marque identitaire.

Les Gitans chantent en Espagnol (chant / musique), seul dans le secteur de l´Avenue de l´aérodrome au Vernet on parle encore Espagnol.

Le Français est  langue véhiculaire ; c’est  la langue de l´intégration sociale, c´est la langue extérieure indispensable pour entretenir des relations avec les autres communautés non –Gitanes. Il est devenu indispensable lorsque les Gitans exercent une activité commerciale.

Par l´intermédiaire de l´Eglise évangélique, le Français a pris une place incontournable., mais on parle dans ce contexte aussi de glottophagie, car le Français ne laisse pas de place aux langues régionales.

Il est prépondérant dans l´enseignement, ce qui fait que les langues nationales régionales ont été englouties, leur usage était devenu désuet, mais la situation change depuis que ces langues ont repris leur droit et sont enseignées dans des écoles Françaises bilingues pour le Breton, les écoles DIWAN et pour la Catalogne ce sont les Bressola. Le Catalan Gitan n´a pas eu pour l´instant ce privilège d´être enseigné faute d´enseignants Gitans!

Les langues régionales sont maintenant depuis janvier 2009 dans la Constitution.

 

5.3.Penser l´interculturel - Réflexions concernant la place de la culture Gitane à l´école

 

La culture Gitane à l´école: les Gitans sont une minorité culturelle ; la langue Gitane est protégée par la Constitution. Sa présence dans le cadre scolaire fait partie de la lutte contre les préjugés, elle a un effet de valorisation et d´habilitation aux yeux des enfants non-Gitans.

Le conseil de l´Europe a dégagé les critères importants pour l´intégration de la culture Gitane à l´école:

-          Il faut que les enfants Gitans soient instruits avec d´autres enfants

-          Les parents seraient heureux si leurs enfants découvrent et apprennent leur culture et leur en parlent.

-          Reconnaissance des souhaits des parents: reconnaissance, compréhension, respect

 

Une certaine souplesse dans les structures et le fonctionnement  serait nécessaire:

Ainsi elle permettrait de sortir d´une part d´une pédagogie de l´assimilation”dans laquelle tous les enfants doivent apprendre la même chose en suivant les programmes élaborés par une majorité politiquement dominante.[55]  et d´autre part de sortir  d´une pédagogie du bricolage en juxtaposant des activités des cultures d´origine des enfants en dehors des cours et qui surcharge les enfants et les mène à l´échec.

Les communautés Roms ont un besoin urgent d´être recréditées des éléments culturels et du respect qui leur ont été refusés pendant des siècles [56]

- matériel pédagogique directement fondé sur la culture et l´histoire des enfants Gitans

- livre d´apprentissage de lecture dans la langue des enfants

- standardisation de la langue écrite

Pour une pédagogie interculturelle prenant appui sur les dynamismes et les centres d´intérêt des enfants: l´école s´ouvre à l´acceptance (la Constitution les reconnaît comme minorité nationale)

-emploi d´un personnel assistant Rom pour enseigner dans la langue

En général la présence d´enseignants, de moniteurs, médiateurs Gitans/Roms à l´école améliore considérablement la scolarisation, les programmmes européens en font une priorité!

 

 

Il faut se demander s´il y a interculturalité quand il s´agit de la domination d´une seule culture  scolaire française.

Ainsi Liégeois “ Une règle de la grammaire politique, qui n´a rien de théorique ni d´irrégulier est que le pluriel se conjugue au singulier”[57]

L´ecole doit donner à l´enfant la possibilité  de valoriser sa culture et non de le faire à leur place.

L´éducation scolaire est un moyen pour parvenir à des objectifs, elle n´a pas de finalité en soi.

Elle est conçue pour compléter l´éducation familiale et non pour la contredire. Elle n´est ni en parallèle (juxtaposition de connaissances) ni en contradiction (rejet de la famille, déculturation de l´enfant école: lieu de conflit).

 

C´est un état d´esprit qui doit changer: passer de la catégorisation ethnocentrique au pluralisme pédagogique!

L´interculturel est tout autant un projet de société qu´un projet pédagogique.:

Le dilemne entre le pédagogiquement général et le culturellement particulier est un faux dilemne en regard d´une pédagogie interculturelle.

 

Un regard se dirigeant vers l' Allemagne permet de reconnaître l´importance d´une pédagogie interculturelle.

 

 

6.Compte-rendu des visites effectuées à Hambourg et Francfort/Main

 

 

La scolarisation des enfants Roms et Sintes en République Fédérale Allemande – Des  exemples d´approche interculturelle

 

 

 

6.1.Hambourg:Ville  de la Hanse

 

Hambourg est une ville libérale ouverte vers le monde.

Hambourg est une ville hanséatique avec un port Freie und Hansestadt Hamburg: FHH, une des plus grandes métropoles d´Allemagne mais aussi une des plus riches, avec les activités portuaires  et les maisons de presse, médias (Gruner und Jahr et Springer) qui se sont installés dans le quartier du port , traditionnellement c´est le quartier des armateurs.Beaucoup de firmes comme REEMSTMA, cigarettes ou encore OTTO-Versand, vente par correspondance, sont très engagées dans le domaine social. Philipp Reemstma a crée l´Institut für Sozialforschung, un institut qui s´occupe des documents et des archives concernant l´histoire Allemande à l´époque nazie et l´autre firme est engagée dans les institutions concernant les enfants ayant un handicap.

 

Hambourg, ville de deux millions et demie d’habitants, est la Venise du Nord, elle a plus de ponts que la ville italienne.

Hambourg a une particularité c´est une ville universitaire, mais surtout un STADT-STAAT une ville-état responsable de son propre système scolaire.

Dans le quartier près du port Sankt-Pauli la statue immense de Bismarck marque l´impérialisme  Allemand du 19ème siècle: Hambourg, das Tor zur Welt  Hambourg porte ouverte vers le monde.

Dans ses quartiers populaires autour du port Karolinenviertel, Schanzenviertel, Sankt-Pauli, il y a de nombreuses familles Roms et Sintes qui envoient leurs enfants dans les écoles environnantes: Ganztagsschule Sankt-Pauli surplombant le port, non loin du marché aux poissons Carsten-Rehder-Schule et enfin deux écoles un peu plus éloignées du port: Schule Ludwigstraße und Laeizstraße

De nos jours il y a une bonne mixité sociale, des journalistes, enseignants, professeurs ou des jeunes créateurs d´entreprises dans le domaine de la publicité se sont installés dans ces quartiers qui ont l´avantage d´être en plein centre-ville, près de l´université et non loin de l´Alster et l´Elbe.

Avant, le quartier Sankt-Pauli avait hébergé beaucoup de Portugais et d’Espagnols qui ont travaillé au port ; à ces populations se sont ajoutées les familles turques dans les années 60-70, mais depuis toujours il y avait aussi des familles Roms et Sintes.

Bien sûr qu´aujourd´hui le quartier est touché par la précarité, le problème de drogues et les nuisances  qui vont  de pair avec la prostitution.

 

6.2. Les Roma et Sintes à Hambourg: Garder la mémoire

                                

 

Mon arrivée à Hambourg (30.3.-14.4.2009) coïncida avec les commémorations des déportations 1940-1945 des Juifs et des Roms et Sintes de Hambourg vers les camps de concentration  Pour la première fois la déportation des Roms et Sintes est évoquée au même  titre que la déportation de la population Juive de Hambourg qui habitait principalement dans le quartier Grindel non loin des différents bâtiments universitaires et de la gare Dammtor d´où sont partis de nombreux trains vers les camps de la mort.

 

 

Une exposition très intéressante dans la Kunsthaus (Musée d´art) “in den Tod geschickt” du 17 février au 26 avril 2009 sur le thème de la déportation des Juifs et des Roma et Sintes de Hambourg 1940-1945 évoque la déportation:

20 transports de déportation, dans les années 1940-1945, marquent le souvenir que l´on garde de la gare Hannoversche Bahnhof à Hambourg (située dans le port , non loin de la gare centrale)

7692 Juifs, Roms et Sintes ont  ainsi  été déportés de Hambourg et d´Allemagne du Nord dans les ghettos et camps de concentration de l´Europe centrale et de l´Est , pour la plupart d´entre eux, la déportation vers la mort.

 

La gare ”hannoversche Bahnhof” avec son passé de 137 ans en tant que gare de voyageurs , gare pour l´émigration mais aussi de marchandises, symbolise dans la hafen-city , nouveau quartier commercial/portuaire de Hambourg, le lieu de la normalité comme celui de la barbarie plus  que n´importe quel autre lieu de Hambourg ( la gare Dammtor jusqu´à maintenant avait été reconnue comme gare de départ des déportations; elle se trouve dans le quartier „Juif“ Grindel)

 

De nombreux employés de l´administration, des institutions et des entreprises privées ont participé à un déroulement sans grandes difficultés des déportations.

Le “ peuple Allemand” a fermé les yeux.

 

Hambourg veut conserver la mémoire, le souvenir des déportations d' une époque barbare de l´histoire Allemande et éviter qu´une telle chose se reproduise dans l´avenir.

Les nombreux documents: photos, documents inédits jusqu´à aujourd´hui montrent l' atrocité des déportations

 

On honore pour la première fois au même titre la déportation des familles Juives Hambourgeoises et  la déportation des Roms et Sintes.[58]

Dans le cadre de ces commémorations a eu lieu le lundi 6 avril à l´école Talmud Tora Schule  (école de la communauté juive à Hambourg) le témoignage des deux sœurs Weiss., victimes de cette déportation L´école Talmud Tora, comme toute institution Juive en Allemagne, est placée sous forte surveillance ; elle est l´endroit ce soir où une famille qui a subi les souffrances de la déportation vient témoigner de la terreur nazie.

 

 

La famille Weiss évoque la déportation des Roms et Sintes. Eux-mêmes sont des Roms.

Dans le passé de la commération[59] c’était la déportation  juive qui était le plus souvent évoquée, grâce à l'engagement de l´association “Roma und Cinti Union” de l´Allemagne du Nord, on peut maintenant aussi  des déportés de la communauté tsigane.

“Tante Muri” et “Tante Rosa Weiss” ont été déportées à Belzec. Deux soeurs qui ont habité dans le quartier de Hambourg-Altona.A l´âge de 5 ans elles ont été embarquées pour être déportées vers les camps de Belzec ; elles en sont sorties à l´âge de 10 ans, l´âge de l´école primaire. C´est la raison pour laquelle elles n´ont jamais appris à lire et à écrire; elles évoquent l´humiliation qu´elles éprouvaient lorsqu´elles devaient faire trois croix en guise de signature.

Une stèle pour toutes les victimes du nazisme, c´est le but de l´union des Roms et Sintes à Hambourg, le fils de Madame Angelika Weiss en est le secrétaire général, Karl-Heinz Weiss, tandis que Mathäus Weiss est le président de l´organisation Roms et Sintes dans le Land Schleswig-Holstein , dans la ville de Kiel, là il lutte pour la reconnaissance de la minorité par la constitution du Land Schleswig-Holstein. Pour l´instant le Land refuse “sie sind nicht landestypisch”= la minorité n´est pas typique pour le pays (le Land).

 

„Die deutschen Sinti und Roma sind neben den Friesen,den Dänen und den Sorben als vierte nationale Minderheit seit 1998 anerkannt.(…) Herr Weiss meint wahrscheinlich,dass die deutschen Sinti und Roma nicht wie Dänen und Friesen in der Verfassung des Landes auftauchen.auch die sorben stehen im deutschen Osten (Sachsen/Brandenburg) besser da als die Sinti und Roma.(…) Allein das Land Rheinland-Pfalz hat einen Vertrag mit dem Verband deutscher Sinti und Roma unterschrieben“[60]

 

Madame Angelika Weiss est née à Hambourg/Altona; elle fut déportée à Belžec à l´âge de 5 ans. Elle a aujourd´hui plus de 105 petits et arrière-petit-enfants. Sa mère est morte dans le camp de Belžec, 4 frères sont morts en Allemagne, plus de 100 personnes de la famille ne sont pas revenues des camps. A l´âge de 10 ans, avec sa soeur Rosa elles ont fait le chemin de retour vers Hambourg à pied  quelques fois des camions militaires se sont arrêtés pour les emmener un petit bout de chemin.

L´ordre pour la déportation fut donné lorsqu’elle devait être scolarisée pour la première fois, elle n´a jamais appris à lire et à écrire. La SS est venue les chercher pour la déportation.

Pour l´internement dans le camp, elles n´ont eu aucune compensation. Elles ont assisté à des scènes brutales, aucune compensation ne pourrait compenser ce qu´elles ont vécu dans le camp.

 

“L´armée russe les a délivrées, mais la guerre n´était pas finie.”

« Pas de haine , non pas de haine! » Elle n´éprouve pas de ressentiment ni de haine.

Il a fallu des années  pour  parler  de ces atrocités parce que c’était dur et douloureux., après la guerre on n´a pas voulu d´eux non plus, on les chassait.

« Ne pas pouvoir remplir les papiers, faire des croix pour la signature, c´est une souffrance de ne pas savoir lire et écrire.Il faut que les prochaines générations apprennent la langue Romani et la culture Tsigane. » Si eux ne font pas ce travail de sauvegarder la mémoire, personne d´autre ne le fera.

« C´est triste aujourd´hui que les jeunes générations n´aient pas de travail, pas de formation professionnelle ,alors ils sont en prison et deviennent des criminels! Il faut que l´école s´ouvre pour les enfants Roms et Sintes «  

Beaucoup de familles Roms et Sintes ne sont que “tolérées” , elles ne peuvent pas rester en Allemagne .

 

 

 

6.3. Des parents politisés et conscients de leur situation précaire[61]

 

L´association des Roms et Sintes de l´Allemagne du Nord, ensemble avec l´université de Hambourg, a pris l´initiative de tourner un film sur la situation scolaire de leurs enfants.

Conscients du fait qu´il faut faire aimer l´école aux enfants afin qu´ils n´échouent plus,ils veulent faire connaître l´école à leurs enfants mais d´un bien meilleur côté.

Leur vie a changé et la relation à l´école aussi. Il est nécessaire de savoir lire, écrire et compter.

Ils savent que leurs enfants doivent apprendre pour survivre: ”Avant on disait, ils n´ont pas besoin de devenir avocat, mais aujourd´hui pour survivre il faut apprendre”[62]

La préscolarisation est nécessaire, c´est un âge où les Roms n´aiment pas confier la garde de leurs enfants à des Gadge, les enfants de 3-6 ans apprennent à se servir des ciseaux, de la colle, du papier.

Dans une école primaire , par exemple 3 mères ont pris l´initiative d´être présentes à l´école de réconforter et d´assurer leurs enfants car beaucoup d´enfants Roms ou Sintes ne voulaient plus venir à l´école , ils avaient beaucoup de conflits avec d´autres enfants.

Après deux années de présence elles ont obtenu une salle pour elles. Les mères parlent aux enfants. Là ils peuvent se reposer, jouer, manger, c´est un peu comme s´ils étaient chez eux, dans leur maison.

Néanmoins beaucoup de parents craignent pour leurs enfants, alors la présence d´aide-pédagogiques et enseignants Roms et Sintes dans les écoles de Hambourg aident à les convaincre les parents, même s´ils sont encore une petite minorité sur le terrain.

 

Le principe de l´interculturalité est appliqué:

 

Utiliser les différentes culturelles pour donner à chacun la possibilité d´apprendre, de se former et de trouver sa place dans la société.

Ainsi  tous les enfants d´une même classe apprennent que chacun a des traditions différentes.

Les Roms fêtent la Saint-Georges. Les mères préparent le pain de la Saint-Georges en forme de roue, ils partagent le pain et les enfants apprennent que Saint-Georges fut le Saint qui mena les Roms de l´Inde.

Avant les enfants Roms quittaient l´école primaire pour aller dans une école spécialisée “Förderschule” une forme d´école pour enfants en grandes difficultés scolaires, aujourd´hui ils acceptent de moins en moins cette orientation, ils préférent aller dans un collège ou une école qui les prépare à passer le brevet ou avoir un certificat d´études.

Bien sûr comme tous les Gitans, les parents Roms ont peur pour leurs filles quand elles arrivent en puberté, mais la présence de  médiateurs et de Relais-parents d´origine Rom les rassurent.

Depuis des années (1991) il y a des cours de Romanes avec des enseignants Roms. Mais à la maison les enfants aiment parler l´Allemand parce qu´ils en ont envie. Les enseignants Roms font tout pour leur faire aimer la langue Romani. L´enseignant fait de la musique , il joue de l´accordéon et il leur joue de la musique tsigane.

Les premières années scolaires sont importantes pour bien apprendre à lire, écrire et compter. Les enfants ne peuvent pas bien apprendre s´ils ne comprennent pas la langue des enseignants.

Pendant les cours il y a quelques fois jusqu´à trois personnes qui expliquent dans leur langue primaire le contenu des cours , par exemple: en Allemand, en Romani et en Gotique.

Chaque jour à l´école primaire ils ont une heure de cours dans leur langue d´origine, pour les enfants Roms et Sintes bien sûr en Romani. Les enseignants leur transmettent l´histoire et la culture des Roms.

“Lasse uns die Schule gemeinsam gestalten, damit unsere Kinder auf einem sicheren Weg in die Zukunft gehen können.” (Traduction: Laissez-nous construire l´école ensemble pour que nos enfants puissent aller en sécurité (sûrement) sur le chemin de l´avenir) telle est la parole lancée par les organisations des parents d´élèves Roms et Sintes.

 

 la Constitution ( Grundgesetz.)prescrit un devoir vis-à vis des Roms et des sintes qui résulte de la responsabilite historique de l' Allemagne pour le samuripen

 

La scolarisation des enfants Roms et Sintes – le modèle hambourgeois.[63]

Approximativement 37 000 Roms et Sintes vivent à Hambourg dans une grande précarité au ban de la société. Touchés par la discrimination et une insécurité matérielle, ils sont “marginalisés”.

C´est dans ce contexte historico-social précis que se fait le contact école-familles tsiganes.

Il faut voir dans ce même contexte les problèmes qui se posent dans les écoles: absentéisme, scolarisation retardée tardive, prolongation des vacances scolaires et décrochage scolaire de beaucoup d´enfants Roms et Sintes.[64]

Jusqu´à ce jour le manque de confiance en l´institution scolaire et la non-délégation de l´éducation entre les mains des personnes non-Roms ou non-Sintes représente un défi pour les nombreuses  familles tsiganes.

La scolarisation signifie l´adaptation à un rythme de vie étranger et un changement radical des structures familles qui s´étaient développées historiquement. Des structures qui dans le passé détenaient une valeur - refuge, un système de protection et promesse d´un avenir en sécurité.

Gagner la confiance des parents, développer d´autres structures scolaires d´accueil pour les enfants tsiganes, changer l´offre scolaire et le développement d´une relation amicale, dans le respect mutuel n´ont pu être développés que dans le cadre d´un travail concret entre école et famille.

La coopération et la participation des parents Roms et Sintes dans le travail scolaire à Hambourg furent un chemin constructif dans la  co-construction (participation) pour améliorer  la condition de scolarisation des enfants tsiganes.

 

 

6.4.Le modèle “Hambourgeois

 

L´Allemagne a un système scolaire décentralisé, chaque Land est responsable de sa politique scolaire. Hambourg en tant que Land a développé un programme exemplaire pour la scolarisation des enfants Roms et Sintes.

C´est un exemple d´éducation transculturelle qui reconnait à chacun le droit  d´accéder à l’universel à travers sa propre culture.[65]

 

Début 1993 le premier enseignant Rom fut engagé en tant que travailleur social tout d´abord à l´école Laeiszstraße, située dans le quartier Karolinenviertel non loin du quartier du port Sankt-Pauli.

Octobre 1993 fut créé par la sénatrice, Madame Rosemarie Raab (socialiste) dans l´institut pour la formation des enseignants (IFL : Institut für Lehrerfortbildung aujourd´hui LI : Landesinstitut für Lehrerbildung und Schulentwicklung)) un poste de coordination pour l´éducation des enfants Roms et Sintes.

 

La première pierre fut posée à Hambourg pour une nouvelle forme de coopération avec les parents d´enfants Roms et Sintes.

Ainsi jusqu´à ce jour il y a 9 enseignants et travailleurs sociaux d´origine tsigane qui travaillent dans l´enseignement . (7 sur poste fixe et 2 intervenants).

 

Leur travail consiste à établir le lien avec les parents, à donner des cours dans la langue primaire (Romanes ou Romani), assister les enseignants pendant les cours. Ils assurent aussi la liaison avec les diverses institutions du quartier. Les familles tsiganes habitant dans le quartier voient en eux un locuteur .

 

L´enseignement de la langue primaire (Romanes/Romani) , l´accueil et la coopération avec les familles se faisant en Romani, ainsi tout est fait pour faciliter le passage de l´école primaire (Grundschule) vers d´autres formes d´enseignement ,comme par exemple la Realschule, la Gesamtschule ou la Hauptschule ou Förderschule. Dans le passé ce passage se faisait uniquement vers une école spécialisée (Förderschule) pour enfants en grandes difficultés scolaires, par ce système on a réussi à interrompre ce cercle “vicieux”.

 

En plus des enseignants et travailleurs sociaux Roms et Sintes il y a d´autres intervenants à contrat limité qui s´engagent et travaillent avec des petits groupes d´enfants ou avec un enfant.

Leur  travail consiste à surveiller les devoirs , l´alphabétisation des enfants et aussi l´apprentissage de l´Allemand en tant que langue secondaire et l´accompagnement des parents.

Ils soutiennent et assistent les parents lors de la scolarisation de l´enfant ou dans la recherche d´une nouvelle école pour leur enfant.

Grâce à la présence d´ une personne  qui assiste et aide dans des  cas problèmatiques,  le nombre de décrochage, d´absence et des retards dans la scolarité a pu être réduit. Ce travail est financé sur demande par la Schulbehörde (Education et inspection académique))

 

 

Buts pédagogiques du modèle “Hambourgeois”

 

L´amélioration de la situation scolaire, atteindre une meilleure scolarité pour augmenter les chances des enfants Roms et Sintes dans la formation professionnelle, tel est le but pédagogique du travail  avec les familles :

 

-Elargir l´offre scolaire pour favoriser et faciliter la scolarisation des enfants Roms et Sintes.

-Proposer des contenus pédagogiques de la perspective des Roms et Sintes qui sont des contenus   culturels importants.

-Renforcement de l´enseignement de la langue primaire Romani

- Des cours avec deux personnes (doublement des effectifs) pour aider et pousser les enfants Roms et Sintes.

-Soutien scolaire  si possible en Romani

-Conseil et aide aux parents et enseignants

-Médiation en cas de conflits

-Traduction du matériel scolaire en Romani (livres/fiches de travail)

-Orientation professionnelle

 

En intégrant un personnel Rom et Sintes on croise les regards et on atteint une perspective multiple.

L´école n´est plus déterminée seulement par les non-Roms (Gadge), au lieu d´être lieu d´aliénation, l´institution scolaire devient le lieu de protection de leur culture . Elle n´est plus une institution purement “Gadge” 

L´Institut pour la formation des enseignants organise des sessions de coordination. Les enseignants Roms et Non- Roms  réfléchissent ensemble à leurs pratiques et développent des contenus pédagogiques aptes , les enseignants préparent leur travail en coopération  avec les chefs d´établissements, les enseignants de l´établissement , les parents et  les élèves

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6.5Visite de certaines écoles à Hambourg:

 

 6.5.1.Gebundene Ganztagsschule Sankt-Pauli

 

Die Ganztagsschule Sankt-Pauli comme le nom l´indique est  située dans le quartier du port appelé Sankt-Pauli, non loin de l´église portant le même nom, une école qui a un fonctionnement et un programme scolaire étalé sur toute la journée depuis 1994. Les écoles Gesamtschulen , par opposition aux Gymnasien, accueille tous les publics , tandis le Gymnasium est réservé à´“ l´élite“, aux enfants ayant des facultés à passer un baccalauréat ou à faire des études plus tard à l´université.

 

 

C´est une école ouverte à tous les enfants, quels que soient leurs origines, leurs facultés intellectuelles et leurs âges. Elle accueille des enfants de tous les continents dans le respect mutuel et la responsabilité pour la communauté scolaire. Sa particularité: elle socialise les enfants dès la maternelle – jardin d´enfants -  jusqu´à la fin du collège unique. A cette école  on y enseigne les langues des origines des enfants notamment la langue turque et le Romani. Les enseignants sont aussi parents-relais[66].

Dès l´école maternelle et aussi au jardin d´enfants, l´apprentissage de la langue de la scolarisation mais aussi de la langue d´origine et la lecture sont  importants.En CP on propose aussi comme dans tous les écoles primaires l´anglais en « immersion »

 

L´éducation culturelle a une place prépondérante: la musique, la danse, le théâtre, l´art. Chaque enfant apprend un instrument de musique très tôt (percussion, violon, keyboard) dans la matinée avec un musicien professionnel.

Tout ceci pour donner aux enfants confiance en eux.

La maternelle prépare les enfants à l´école et aux apprentissages scolaires.

Une fois par semaine il y a un conseil de classe, mais bien sûr il y aussi les devoirs pour la communauté comme par exemple: nettoyer la cour, débarasser les tables à la cantine  et surtout il y a beaucoup de reconnaissance sous la forme d´une “reconnaissance verbale”, une appréciation positive.

 

 

 

 

 

 

 

Un enseignant Stefan  G. (musique et Romani)

 

 

J´ai été reçu spontanément par l´enseignant.

 

Stefan a étudié en Pologne la musique, il travaille depuis 15 ans à Hambourg. Après beaucoup d´entretiens les parents sont venus, les enfants sont bien intégrés.

Effectivement l´école est ouverte non seulement pour tous les enfants du jardin d´enfants jusqu´à l´enseignement secondaire, mais aussi pour ceux qui veulent en savoir plus sur cette école.

Ici chaque enfant joue d´un instrument de musique, la tolérance et la paix “vivre ensemble” et le leitmotiv de l´école “multiculturelle” des enfants de l´Amérique latine, d´Afrique, des anciens pays de l´Est Roms et Sintes.

Les enfants Roms et Sintes (entre 11 et 12 ans: Stole, Denis, Maja, Lina) ont 3 heures d´enseignement de la langue primaire dans des petits groupes et sont intégrés dans une classe normale (Klassenverband-Klassengemeinschaft). Pendant qu´ils apprennent en matinée le Romani , les autres enfants de la classe font autre chose.

L´enseignant, Stefan comme l´appelle les enfants, vient de Pologne où il a étudié la musique puis il s´est formé pour l´enseignement de la langue Romani – un dialecte parmi une multitude de dialectes Romani- un enseignant sympathique qui joue de l´accordéon et fait de la musique avec les enfants. “2 heures c´est long, alors il faut jouer de l´accordéon entre temps” remarque-t-il à mon adresse en souriant.

Stefan sort son accordéon et joue  “sur les ponts de Paris” et une chanson serbe pour les enfants.

Il a composé /écrit une chanson sur l´école Sankt-Pauli qu´il chante avec ses 4 élèves:

 

Die Ganztagsschule Sankt-Pauli ist die schönste in Hamburg:

Wir haben Spass zusammen

Wir lernen Englisch, Französisch und Romanes

Wir sind gut in Deutsch  und in Mathe.

 

Traduction:

L´école Sankt-Pauli est la plus belle à Hambourg

On s´amuse beaucoup

On apprend l´Anglais, le Français et le Romani.

Nous sommes bons en Allemand et en math

 

 

 

 

6.5.2Förderschule Carsten-Rehder-Straße

 

Non loin de l´école Sankt-pauli il y a aussi cette école avec une vue magnifique sur le port, l´Elbe, elle se trouve au  Fischmarkt , marché aux poissons qui attire le dimanche dès quatre heures du matin de nombreux touristes qui ont passé la nuit dans les cafés, ou dans les  bars de la rue la plus réputée de Hambourg, la Reeperbahn.

 

Carsten-Rehder-Straße porte le nom de la rue dans laquelle l´école se trouve. Comme son nom l´indique c´est une “Förderschule”.Elle accueille 200 enfants en grandes difficultés scolaires qui ont été testés en seconde année de primaire, dont 40% sont des enfants Roms et Sintes. Cette école pourrait correspondre  éventuellement au CLIS[67] en France.

L´école a pour but de donner une orientation, un savoir et de soutenir  chaque enfant d´après ses facultés, ce n´est pas une école spécialisée pour des enfants avec un handicap, mais des enfants qui ont des difficultés dans les apprentissages traditionnels.

Le but est d´entraîner un comportement qui permettra aux enfants de s´intégrer dans la société et de se retrouver dans le monde des adultes.

Les meilleurs élèves d´entre eux, en coopération avec les autres écoles avoisinantes, ont la possibilité de passer le certificat d´études.

Le training de la médiation en cas de conflit permet de renforcer la confiance des enfants. Les classes de cette école ont moins d´élèves que dans les Grundschulen (école primaire) les enseignants sont spécialisés pour des enfants en difficulté scolaire. Après le CM2 les enfants apprennent à faire de la voile.

La directrice souligne bien * dans notre entretien qu´elle a des enseignants spécialisés, formés pour aider  les enfants en grandes difficultés scolaires, c´est la  plus vieille Förderschule (Ecole spécialisée) à Hambourg.

Elle pense que les Roms et Sintes ont une mentalité et une manière de pensée totalement différentes des Allemands ou autres Européens, les enfants Roms et Sintes ont des cours dans la langue primaire Romani avec un enseignant venant de l´ancienne Yougoslavie[68],  il y a beaucoup de dialectes Romani différents.

Je n´ai pas pu rencontrer l´enseignant Rom venant de l´ancienne  Yougoslavie qui donne des cours de Romani aux enfants.

 

*Une mère Roms rencontrée à KAROLA[69] n´aimerait pas mettre son enfant dans une école “ghetto” où il y a beaucoup d´enfants turcs. ”Les enfants n´apprennent rien! “ dit-elle parce qu´ils ne veulent pas apprendre non plus, ajoute-t-elle. C´est peut-être la crainte d´un chef d´établissement que son établissement ait une mauvaise “image” . Nous verrons dans l´exemple suivant pourquoi le “bouche à oreille” la “fama” joue un rôle important dans la politique scolaire et surtout lors des inscriptions en février où chaque chef d´établissement doit atteindre un chiffre assez fort d´inscription   pour un bon financement de l´école et du travail pédagogique.

 

6.5.3.Schule Ludwigstr. En coop. Avec Laeiszstr. (dépendance/annexe)

 

L´école laeiszschule qui avait fait de la publicité avec la scolarisation des enfants Roms et Sintes est devenue une dépendance d´une autre école primaire Ludwigschule qui avait une meilleure renommée auprès des parents.Les parents Allemands avaient peu à peu détourné la “carte scolaire “pour ne pas mettre leurs enfants avec des enfants tsiganes.

La directrice dit n´avoir que quelques enfants d´origine Rom qui n´ont pas de cours dans leur langue primaire. Elle évoque les conflits des enfants Roms et Sintes avec des enfants d´origine turque qui se blessent verbalement, en outre  les chefs d´établissement évitent de se prononcer sur le nombre d´enfants Roms dans leur école  pour éviter qu´elle  soit désertée par les parents Allemands et deviennent un “ghetto”. D´ailleurs lors de l´inscription d´un enfant  elle s´abstient de poser une question concernant l´origine de l´enfant. En plus  on ne peut pas toujours reconnaitre visuellement parlant que ce sont des enfants Roms ou Sintes.

Ses expériences lui ont appris  que c´est une population bien particulière, mais qu´avec l´aide des médiatrices du projet KAROLA  il y avait une bonne coopération/entente avec les parents surtout avec les mamans, car les pères étaient souvent absents (incarcération etc...) Ces mamans seraient d´ailleurs extrêmement  jeunes et auraient plusieurs enfants.

La plus grande difficulté des enfants Roms et Sintes provient du fait  qu´ils sont très tard confrontés avec les techniques de la culture scolaire, il faudrait commencer encore plus tôt que l´âge du jardin d´enfants et leur donner des crayons, de la colle,  ce qui éviterait  les problèmes de motricité fine ( l´agilité des doigts)

Une remarque personnelle, dit-elle, les familles Roms et Sintes ont des enfants “handicapés”, ceci proviendrait des mariages intrasanguins (consanguins).

Bien sûr il y a des absences, mais en règle générale les absences étaient excusées avec une attestation médicale, le médecin serait très généreux avec ses attestations ,il ne veut pas les laisser attendre  trop longtemps dans son cabinet

 

6.6.Arbeitskreis Roms-Lehrer und-Sozialarbeiter

 

Il existe un groupe de travail formé par les enseignants et médiateurs  Roms et Sintes. Ce groupe s´occupe de l´enseignement du Romanes, de la préparation du matériel pédagogique, du co-teaching et de la médiation.Il propose aussi  des formations pour introduire de nouvelles méthodes d´enseignement.

Un coup de téléphone avec Madame XXX (enseignante dans un quartier populaire se trouvant dans le sud de Hambourg, il s´agit de Wilhelmsburg, connu pour les nombreux enfants issus de la migration.). Elle ne nomme aucun problème particulier avec les enfants Roms et Sintes, à Hambourg les enfants sont intégrés dans des classes normales, ils vont tout simplement à l´école , là où ils habitent.

En ce qui concerne l´enseignement de la langue Romani, ily a 2 enseignants formés pour l´enseignement de la langue Romani (Stefan G. A l´école Sankt-Pauli, et un einseignant de l´ex-Yugoslawie à l´école Carsten-Rehder-Schule)

Normalement les enfants ont 3 heures de cours de langue Romani, cela dépend de la convention  avec le chef d´établissement.

Comme il y a différents dialectes Romani , cela ne facilite pas la tâche.

Elle pense que les enseignants doivent se former et s´informer par leur propre initiative s´ils ont des enfants Roms et Sintes en cours ; de nos jours il existe aussi une grammaire du Romani developpée par un linguiste renommée vivant en Grande-Bretagne:Yaron Matras.

Différemment de l´école La Miranda l´absentéisme des enfants Roms et Sintés n´est pas un souci majeur. Il y a bien sûr comme partout ailleurs cet absentéisme culturel, mais depuis 2006 (le cas de maltraitance d´une fillette de 7 ans – Jessica - inconnue à l´école alors qu´elle aurait dû être scolarisée depuis lontemps)  Hambourg a introduit un nouveau système de contrôle des absences, si après trois jours d´absence il n´y a aucune excuse de la part des parents, automatiquement l´école le signale au Zentralschulregister: Registre central de l´école.

 

Wilhelmsburg en tant que quartier populaire avec beaucoup d´enfants issus d´immigrations diverses est connu dans l´opinion publique comme “ghetto”. Les parents préfèrent mettre leurs enfants dans d´autres écoles que celles du quartier quand ils sont conscients de l´importance de l´éducation . Il faut croire que comme partout ailleurs il y a des violences entre les enfants d´origines diverses.

 

En résumé, les enfants Roms et Sintes à Hambourg sont scolarisés normalement, ils fréquentent les écoles du quartier.

Hambourg a la chance d´avoir deux enseignants pour le Romani et des médiateurs qui établissent le lien avec les parents.

Le but est de laisser les enfants dans un cursus normal, mais on retrouve les enfants Roms et Sintes après l´école primaire dans des écoles qui ne sont pas aussi prestigieuses que le Gymnasium , mais plutôt dans des  Haupt-und Realschulen qui les mènent vers le BEPC, il y a aussi parallèlement aux écoles primaires, des écoles spécialisées , les “Förderschulen” qui ne sont pas des écoles pour enfants handicapés.

Dans les écoles Hambourgeoises les enfants Roms et Sintes ont la possibilité de créer des liens avec des enfants de tous les pays du monde (Afrique, Amérique Latine), il n’y a aucune école avec 100% de public tsigane.

Depuis les années 90 un énorme effort a été fait pour sensibiliser les parents Roms et les intéresser à la scolarisation de leurs enfants. Les nombreux médiateurs présents sur le terrain créent un climat de confiance pour que les parents acceptent de confier leurs enfants à des institutions Gadge.

 

 

 

6.7. Le  modèle  du Land Hessen

 

Dans ce Land officiellement il existe deux modes  de scolarisation pour  les enfants Roms et Sintes:

-Le modèle de Francfort “Schaworalle” né d´une initiative „privée“ soutenu financiellement par la ville de Francfort/Main, un projet initialement prévu pour retirer les enfants Roms de la rue et leur offrir un refuge qui par la suite est devenu un “projet scolaire”  pour enfants Roms qui pourront toujours aller vers une école régulière s´ils le souhaitent. Ce projet travaille en coopération avec  deux écoles environnantes (Ecole primaire et école spécialisée) dont trois enseignants sont mutés sur le terrain de Schaworalle.

Donc de part son public, ce projet est  plus comparable au projet scolaire à Perpignan LA Miranda .

Les autres projets de ce Land se sont inspirés du modèle Hambourgeois où les enfants vont à l´école, là où ils habitent (mixité), ont des cours en Romani et  où de nombreux médiateurs Roms et Sintes sont sur le terrain et assurent le lien avec les parents. Avec une particularité d´instaurer un dialogue interculturel et de lutter ainsi contre les préjugés.

 

 

6.7.1Ecole Schaworalle „Salut les enfants“ à Francfort

 

 

„…Dass nur  dort Maßnahmen greifen,wo einzelne Menschen,Roms und Nicht-Roms,mit ganzem Herzen bei der Sache sind,um die Brücke zwischen –Mehrheitsgesellschaft und Minderheit zu schlagen“[70]

 

Traduction

„….et que seules des mesures portent des fruits, là où des individus, Rom ou Non-Roms, de tout coeur créent un pont entre la société dominante et la minorité.”

 

Schaworalle :Un projet exceptionnel

 

Et c´est bien l´hospitalité inconditionnelle que l´on ressent lorsqu´on entre dans l´établissement Schaworalle.

De tout coeur avec son établissement, attachée profondément à ses enfants que Sabine Ernst mène l´institution. Son rôle ne se cantonne pas dans l´administration, elle joue le rôle d´infirmière ,accueille parents, enfants et visiteurs avec la même disponibilité et dirige aussi l´équipe d´une main énergique et décidée. Elle est investie dans le travail pédagogique , enseigne l´Allemand et l´Anglais, elle a développé et réalisé la cour avec des idées personnelles et une qualité exceptionnelle du matériel.”Le jeu est important” pour les enfants.

Et l´enjeu de l´institution aussi:“la paix sociale“.

Dès le début Sabine Ernst a accompagné ce projet. Elle a même appris le Romani, la langue des enfants Roms.

De nos jours elle a fait des voyages dans d´autres pays comme la Grèce pour présenter le projet avec des collaborateurs Roms  venant de  Macédonie. Elle est une sorte d’ambassadrice.

Une médaille ”Théodor Heuss” a été  accordée à l´école pour son engagement contre la pauvreté, l´exclusion et le racisme.

 

 

6.7.2.Situation géographique de l´école

 

L´école Schaworalle dépend du Land Hessen , elle se trouve à Francfort /Main (700000 habitants): la cinquième plus grande ville Allemande après Berlin, Hambourg, Munich et Cologne.Comme la ville fut détruite en partie pendant la seconde guerre mondiale, on a reconstruit les bâtiments  les plus hauts d´Europe: des Gratte-ciels. Les touristes viennent admirer du bord du Main, le fleuve qui la traverse, la Skyline. Avec la vieille ville et le Römerberg (vestiges Romains) c´est une attraction importante. Francfort est un centre financier et commercial européen, siège de la banque européenne , mais aussi de la puissante Deutsche Bank , c´est une ville reconnue pour ses activités commerciales .et sa foire “Frankfurter Messe”

Aéroport, gares et de nombreuses liaisons autoroutières font de cette ville un centre logistique essentiel pour l´économie Allemande. D´antan déjà ce fut un carrefour ,la traduction littérale du nom de la ville veut dire “le gué des Francs” lieu de passage, de migration.

 

L´école se trouve non loin du Main et du vieux centre- ville dans le EastEnd, comme les gens de Francfort l´expriment.

 

Schwarolle  est un mot Romani et signifie „Salut les enfants“ en Allemand „Hallo Kinder!“.

Schaworalle est une institution bien particulière, créee par  une inititiave de l´association Rom “Förderverein Roms” , des tsiganes roumains en 1999.

C´est un centre d´accueil  pour des enfants d´origine roumaine qui ouvre de huit heures trente à dix-sept heures trente.

Aujourd´hui  il y a 110 enfants Roms sur la liste, dont 70% viennent régulièrement, 20 % d´entre eux sont semi-réguliers et 10% des enfants la fréquentent  irrégulierement.

 

Depuis 2002 Schaworalle est situé en centre–ville à l´est du centre historique de Francfort dans la rue Stoltzstr.14-16 (dénommée d´après un poète local); elle part d´une artère centrale Battonstr. qui est la prolongation de la Berliner Straße.(Eastend),.Avant de parvenir à la Stoltzestr. on passe devant le musée Judengasse (la ruelle  de la Juiverie), c´est là qu´ont été découvert les fondations de la synagogue et des bâtiments du quartier de la Juiverie.

Tout à côté il y a un vieux cimetière Juif  avec des tombes datant du 16 siècle, ce cimetière a été en partie détruit pendant la seconde guerre mondiale, l´enceinte protégeant le cimetière est devenu lieu de la mémoire, des petits rectangles en ciment portant le nom des victimes Juives mortes dans les camps concentrationnaires  ont été fixés sur le mur.

En laissant derrière nous ce cimetière  et le musée Judengasse, on remonte la Stoltzestr et sur la droite, presque inaperçu apparait le nom Schwarolle sur une porte , rien ne laisse deviner que derrière celle-ci se trouve l´école Schaworalle. C´est comme la porte d´un immeuble quelconque! D´ailleurs elle est située dans des bâtiments habités par des locataires. Côté cour se trouve le terrain  de jeux où il y a la possibilité pour les enfants de bouger, de jouer et de se détendre pendant les récréations. Les habitants montrent beaucoup de tolérance car ils ne se plaignent pas trop souvent du bruit des enfants qui jouent là ,bien qu´il y ait un effet d´entonnoir et  que cela  doit résonner énormément. Les grands arbres heureusement doivent amortir un peu le bruit.

Au rez-de-chaussée de cette maison d´habitation sur la droite se trouve un coin rencontre, le bureau de la directrice Sabine Ernst et sur la gauche la cuisine.

Ce couloir avec au centre ce coin de rencontre sert à accueillir les mamans et les papas Gitans ou les grands-mères, il y a du café, un banc pour s´asseoir et bavarder, les familles Roms se sentent comme chez elles. Elles sont là avec des bébés dans les bras, des poussettes.

Dans la cuisine travaille du personnel Rom, dans la prolongation de ce couloir au rez-de-chaussée il y a le jardin d´enfants, le groupe de maternelle pour les enfants de 3 à 6ans.

Les enfants de la maternelle peuvent sortir directement pour jouer dans la cour.

Cette cour a été aménagée avec et sous la direction de la directrice Sabine Ernst.

Ce sont des jeux très créatifs, avec une pompe à eau, un bac à sable, bien sûr un tobogan  pour glisser, grimper, et aussi pour jouer au ballon.

 

Les parents ne montent pas à l´étage où il y a cours. Ils sont les bienvenus à l´école, mais ils ne doivent pas déranger les cours.

Au rez-de–chaussée se trouve aussi la salle polyvalente qui sert de réfectoire, de salle d´assemblée et de salle de sport ou de théâtre.

 

En montant au premier étage il y a la salle de classe de l´école primaire Grundschule: 28 enfants inscrits, Mittelstufe,Hauptstufe (14-17 ans) (Leistungsgruppe : ce sont les enfants les plus âgés de la Hauptstufe, la classe finale avant le certificat d´études - 5 enfants)) et la salle d´ordinateurs, la salle des princesses „pour les filles“.

L´école (école intégrative primaire et secondaire jusqu´au certificat d´études) n´a pas suffisamment de place pour les enfants qu´elle accueille, mais il y a une chaleur humaine et une proximité, on est proche l´un de l´autre.

Schwarolle aurait besoin de locaux plus grands, mais on perdrait l´intimité des lieux!

 

Si les adolescents veulent continuer pour obtenir le brevêt d´études ils doivent changer d´école et aller dans une Realschule (par ex. Une école partenaire de la Schaworalle)

 

 

Le projet “Schaworalle”  s´est développé depuis 1996 au fil des années , la dure  réalité sociale  et la situation d´exclusion des enfants roms  ont rendu ce travail nécessaire.

 

Tout d´abord la ville de Francfort a financé ce projet pendant 3 ans, car il était nécessaire de réagir à une situation qui devenait conflictuelle, il fallait retirer de la rue les enfants roumains qui trainaient dans le centre-ville et qui étaient à l´origine de nombreuses nuisances  comme par exemple la mendicité, les vols, la  prostitution, les  conflits de voisinage

.

Aujourd´hui ces problèmes ne se posent pas d´une manière aussi cruciale, bien que chaque matin des familles roumaines entières poussant des chariots remplis de sacs , de vêtements, de béquilles nécessaires à la mise en scène envahissent l´artère centrale de la ville Kaiserstr. Ils se positionnent au niveau de la gare et mendient

 

La police  n´intervient pas.Elle tolère cet envahissement de la voie publique.

 

Les piliers du travail pédagogique en sont: jusqu´à 13 heures ce sont des apprentissages classiques lire, écrire, compter, l´après-midi est consacré aux projets, au soutien scolaire et aux devoirs. Même si les enfants ne devaient venir que l´après-midi cette structure de programme  reste constante.

- jardin d´enfants (accueil d´enfants âge de 3-6 ans préscolarisation)

- programme scolaire

- cantine

- l´après-midi : programme de loisirs - projet - soutien scolaire - devoirs

 

Au-delà du travail effectué auprès des enfants, l´association accueille et conseille les familles Roms ,accompagne les adolescents et  propose un programme de formation professionnelle financé par l´Europe pour les jeunes  adultes et adolescents, c´est l´autre aspect du  champ d´action du Förderverein Roms.

(la maternelle,le primaire jusqu´au certificat d´études  16 ans c´est devenu la norme pour ces projets, le but reste l´insertion professionnelle,le BEPC, la formation professionnelle)

Une Romni travaillant dans ce projet fait la réflexion suivante : A quoi cela me sert d´avoir un CAP de coiffeuse si ensuite je n´ai pas de travail car je suis Romni?

 C´est là que devrait continuer la réflexion sur la possibilité d´emancipation des Roms dans la société européenne .Ainsi à  Best dans les Pays-Bas . les Sintes ont crée une école pour leurs adolescents en situation d´échec scolaire ,  ils les motivent à faire une formation en tant que par exemple:cuisinier/chaufffeur de camion. Ce sont là des activités qui ne font pas partie des métiers traditionnels-Briser ainsi  le cercle vicieux de l’échec scolaire, la rue, la mendicité, le mariage  et l´aide sociale[71].” C´est le début d´une nouvelle ère!”

Kleine Schule - la petite école - est la préoccupation du travail pédagogique .Cette petite école a été non seulement une nécessité puisque beaucoup d´enfants Roms ne fréquentaient pas l´école GADGE, mais aussi l´expression du souhait de nombreux des enfants d´apprendre à lire, écrire et compter.

 

Schaworalle est un lieu –refuge, rassurant dans lequel on respecte les règles et les lois Roms, c´est le lieu de culture et de l´histoire Roms. Un lieu de la conciliation de deux mondes totalement différents: celui de la majorité (dominant) et celui de la minorité ethnique discriminée. Le lien  de confiance s’établit entre les Roms et les Non-Roms grâce à la collaboration quotidienne qui s´oriente aux valeurs et mode de pensée de la société/communauté  Roms. C´est ainsi que l´institution Schaworalle aimerait être perçue.

Pour ce travail remarquable (lutte contre la pauvreté matérielle et intellectuelle, la discrimination , pour le droit à l´éducation) , Schaworalle a  été recompensée avec la médaille accordée par la Theodor-Heuss-Stiftung en 2006.

En octobre 2006 l´association  a fêté ses 10 ans !

 

6.7.3. ” L´école “ Schaworalle

 

Beaucoup d´enfants Roms d´âge scolaire ne fréquentent pas ou très  peu l´école Allemande/ l´école des  “ gadge “.Comme partout ailleurs dans les pays européens!

En même temps on remarque que dans le cadre rassurant de la Schaworalle les enfants Roms sont motivés et disposés à  apprendre.

Ces enfants sont en Allemagne depuis assez longtemps pour qu´il y ait une obligation de scolarisation qu´ils négligent.

Tout ceci montre bien que l´école “regulière” – Regelschule est un domaine dans lequel ces enfants sont mal à l´aise, ils ne s´y retrouvent pas, ils ne retrouvent ni leurs expériences, ni leur histoire, ni leur langue.

Le nombre exorbitant d´enfants tsiganes sans culture scolaire, sans diplôme  montre  que leurs chances sur le marché du travail sont infines. Ainsi le cercle vicieux se referme encore plus: marginalisation, pauvreté, paupérisme, l´institution scolaire et  la formation professionnelle sont le lieu où s´expriment d´une manière  brutale la discrimination, l´exclusion.”Schule und Ausbildung werden so zu einem Moment der Diskriminierung”[72] constate le Förderverein Roms.

Ainsi les enfants ont très tôt fait l´expérience qu´on ne peut pas faire confiance dans les institutions Gadge.

Les expériences traduites de génération en génération sont des expériences d´exclusion. Les familles roumaines ont mené une vie incertaine, dénuée de sécurité matérielle marquée par les problèmes de  santé, préoccupés  du problème de droit de séjour et du droit à l´habitat fixe.

Elles ont gagné leur vie en mendiant, en vendant des journaux des SDF ou des objets d´origine illicite et très tôt les enfants ont appris à aider à subvenir aux besoins de leurs familles.Ainsi l´école ou les apprentissages scoalires n´étaient pas essentiels pour eux.

L´expérience des ancienes générations, des “tios” qui n´ont pas appris à lire ou à écrire leur a enseigné  qu´on ne peut pas faire confiance aux institutions locales. Et que les expériences fondamentales pour survivre se faisaient dans la rue et dans le cercle familial.

La situation des familles étrangères en Allemagne renforce cette méfiance.

Les familles Roms veulent que leurs enfants apprennent à lire, à écrire, à compter, mais surtout ils veulent aussi que l´institution scolaire respecte leurs traditions, leur mode de pensée, leur bilinguisme ou plurilinguisme, leur indépendance et leur soif de mener une vie indépendante. Ils veulent que l´école respecte leur identité culturelle, leurs valeurs ancestrales, leur histoire.

S´identifier, se retrouver dans les institutions gadge est un  véritable défi pour les enfants Roms.

Ce sont d´ailleurs les enfants qui décident s´ils vont à l´école ou pas

Beaucoup d´enfants n´ont pas une aptitude scolaire lors de la scolarisation, il leur manque la préscolarisation.

Ils parlent Romani[73], et ne parlent que très peu la langue dominante, ils n´ont pas fait les mêmes apprentissages que d´autres enfants au jardin d´enfants ou à la maternelle , ils n´ont pas non plus l´expérience d´une mixité sociale.

Toutes ces raisons montrent bien qu´il est nécessaire de mettre en place une institution  particulière pour intégrer et scolariser les enfants Roms et qui serve de « passerelle ».

La confiance qu´apportent les enfants et les familles à l´institution Schaworalle, le succès du travail pégagogique montrent bien que si on veut intégrer cette minorité  tout en respectant son identité, ses règles et ses normes, il est tout d´abord nécessaire que celle-ci  prenne conscience de son rôle dans la société majoritaire. Le fait de ne scolariser que des enfants Roms leur donne une certaine sécurité, une confiance en soi et cela leur permet de réfléchir à leurs propres expériences, de les exprimer et de les articuler sans danger d´être ridiculisé ou pris en dérision.

 

Ainsi il est important que la langue Romani soit la langue de socialisation, mais la langue dans laquelle se règlent les conflits et les problèmes. D´un côté parce que beaucoup d´enfants parlent mal la langue dominante mais de l´autre côté parce que le Romani est une partie de leur identité culturelle.

 

Schaworalle est un projet expérimental qui montre qu´on peut travailler avec succès avec des familles Roms dans le domaine éducatif, mais néanmoins l´école “régulière”, l´école pour tous les enfants ne doit nullement se désengager ou se retirer de sa responsabilité.Au contraire il s´agit de faire prendre conscience du racisme, des préjugés et de la discrimination et de donner des pulsions pour des projets pédagogiques innovateurs.

C´est une structure “passerelle” qui aide à l´intégration des enfants Roms. Elle rassure enfants et parents. De ce fait les enseignants (2 enseignants à plein temps et une enseignante spécialisée) viennent de la Regelschule, deux écoles avoisinantes qui coopèrent avec Schaworalle.

 

 

6.7.4.Une équipe internationale composée de Roms et Non-Roms

 

 

L´équipe est composée de Roms et de Non-roms - une équipe européenne: Finlande (enseignante spécialisée), Roumanie (informatique), Allemagne, Macédonie (personnel cuisine), un enseignant d´origine italienne, aides-pédagogiques Roms, un Rom enseignant de Romani entre  autre...

Dans le domaine préscolaire:

Une directrice “Gadge”

2 postes d´éducatrices pour 3 personnes dont une est romni

Jardin d´enfants: un travailleur social 2/3 2 éducateurs (100%  80%) 2 aides pédagogiques (100%) Roms.

Petite école:

 2 enseignants à temps complet et une enseignante pour école spécialisée pendant 14  heures.

Dans le domaine de la cuisine une romni avec 32 heures.

 

Le personnel Rom  -médiateurs

 

 

Dans ce projet travaillent ensemble des Roms et des personnes de diverses nationalités européennes , le personnel Rom met en confiance parents et enfants..

Le personnel Rom vient de divers pays :Roumanie, Macédonie.Diverses  nationalités sont présentes sur le terrain.

Il est important que ce personnel soit formellement qualifié ; ainsi une jeune Romni a passé son certificat d’études et un jeune employé va passer son certificat dans le cadre de l´institution  cette année.

Ces deux employés sont  de bons exemples de réussite pour les enfants.

L´institution accorde beaucoup d´importance à la qualification du personnel Rom. Tous les  médiateurs ou aides-pédagogiques ont une formation professionnelle.

 

Le rythme/le niveau

Les cours du matin commencent à 9 heures. Même si pour l´Allemagne on commence assez tard, la règle est de commencer à 8 heures, les enfants arrivent souvent en retard ou peu à peu. Un système de récompense a été instauré pour motiver les enfants à venir à l´heure. Une étoile pour la ponctualité, après 5 étoiles on peut avoir un cadeau “scolaire” , un réveil par exemple.

1.9:00- 10.15  

   récréation

2.10:30-11:45

   récréation

3.12:00-13:00

 

13::00-13.30  cantine

13:30-14:00  conseil des enfants

 

14:00-17:00 Programme d´après-midi loisirs, projet, devoirs et soutien scolaire.

 

Une certaine flexibilité est nécessaire dans l´accueil des enfants Roms. Ainsi jusqu´à 70 enfants viennent par jour ¾ jours par semaine et qui lors des fêtes familiales/des évènements culturels  s´absentent. Certains enfants ne viennent que 2 ou 3 mois le temps de passage des familles dans la ville de Francfort.

Schaworalle est ouverte de 9:00 à 17 heures.

Le matin de 9:00 heures à 13 heures  il y a cinq groupes.

 

A 13 heures les enfants mangent à la cantine .

A 13:30 heures on commence avec les projets .

Il est important de donner aux enfants la possibilité d´être enfant , de jouer, de faire du sport, de faire des sorties et naturellement pour ceux d´entre d´eux qui   fréquentent l´école du quartier il y a un soutien scolaire.

 

Le jardin d’enfants /la maternelle pour les enfants de 3-6 ans

 

Il y a une classe préparatoire pour les 6-7ans qui n´ont jamais été au jardin d´enfants.

 

L´école primaire

C´est un groupe  hétérogène en âge et compétences de 30 enfants (classe 1-4) 4 ans de primaire. Cette situation exige des cours très individualisés.

Un enseignant à temps complet, une enseignante spécialisée à mi-temps et une aide-pédagogique Rom.

 

L´école moyenne pour les 11-13 ans. C´est un groupe de 15 enfants

Il y a 2 pédagogues qui s´occupent de ce groupe.

L´école supérieure pour les 14-16 ans  qui se préparent au certificat d´études

Pour se préparer au certificat d´études les enfants apprennent aussi l´Anglais obligatoirement.

Ce groupe a aussi cours l´après-midi.

 

Quelle perspective après le certificat d´études?

Les plus assidus peuvent continuer l´école afin d´avoir le niveau du BEPC (Realschulabschluß) et ensuite faire  un BAC Pro, ils peuvent faire une section professionnelle pendant un an pour devenIr mécanicien, vendeur, coiffeur. C´est une décision qui concerne la famille, la famille décide aussi si la fille continue à aller à l´école ou si elle se marie.

 

6.8. D´autres types de scolarisation des enfants Sintes et Roms:

 

Les projets de Bad Hersfeld /Darmstadt Eberstadt/Marburg

 

Les projets scolaires intiés à différentes dates dans le Land Hessen ont le but d´intégrer les enfants Sintes et Roms et de les garde dans le cursus scolaire normal.

Le principe est analogue au projet exemplaire de Hambourg: Personnel Roms en collaboration avec des enseignants Non-roms, Médiation (médiateurs et médiatrices Roms et Sintes, enseignement de la langue Romani et accompagnement et soutien scolaire dans le but de créer une réussite scolaire et d´éviter les “Förderschulen” – écoles d´enseignement spécialisées ou les “ Sonderschulen”- écoles pour enfants handicapés.

La seconde ligne de développement est la formation des enseignants en  la sensibilitaion pour la situation des Roms et Sintes en Europe “changer le regard porté sur les enfants Roms” et faire connaitre la culture et l´histoire des Tsiganes dans une intention d´interculturalité.

“Ziel ist also die Regelschule, in Ergänzung soll das Romsnes gefördert werden (…)

Stärkung für den Regelunterricht“[74]

 

Depuis 2005/2006 il existe un projet de soutien pour améliorer la situation scolaire des enfants Sintes.[75]Deux écoles du primaire prennent part à ce projet:

-Ernst-von-Hannack-Schule

-Friedrich-Fröbel-Schule

 

L´accord a été donné pour que le projet soit poursuivi pendant l´année scoalire 2008/2009

 

Le médiateur Samson Lind membre du secrétariat  de l´association Roms-und Sintes-Union crée le lien entre les familles Sintes et l´institution scolaire. Il constate devant le journal Hersfelder Zeitung du 5.12.2006 que de nos jours encore, ce sont les préjugés et les clichés qui caractérisent la relation aux Roms et Sintes. La crainte, la peur et le manque de connaissance de l´autre créent une situation d´impasse, de ghetto et de refus de l´un comme de l´autre. Cette situation ne peut s´améliorer qu´avec une meilleure chance d´accéder à l´égalité scolaire.

“Rassistische Vorurteile und Klischees  bestimmen auch  heute noch den Umgang mit Sintes und Roms.Diese sind in Regel Ausdruck von Ängsten,Unwissenheit und beiderseitiger Abschottung.Dem kann langfristig nur durch verbesserte Bildungschancen begegnet werden“[76]

 

Ce projet part  du constat suivant:

Tous les projets scolaires démarrés en 1970 ont été un échec.

Les exemples de scolarisation à Hambourg, Berlin, Francfort et en Hongrie  montrent bien depuis ce temps, qu´une réussite scolaire des enfants Roms  ne peut se faire qu´avec la participation active  de ces mêmes parents.

 

Le projet consiste en cette médiation parents-Sintes et institution et travail sur les représentations: Monsieur Samson Lind a accepté de prendre ce rôle de médiateur qu´il a exercé déja dans le cadre de l´association des Roms et Sintes.

Sa fonction.

-relation parents-écoles (relais-parents)

-réunion de parents d´élèves

-aide-pédagogique

-soutien scolaire l´après-midi

-enseignants-relais en cas de conflit

Pour la réussite de la médiation il est important qu´il soit membre à part entière de  l´institution scolaire, que sa fonction et son rôle soit reconnus par l´institution (école/administration/enseignants et par tous les parents)

Samson Lind est médiateur dans les deux écoles: lundi à Friedrich-Fröbel-Schule et mardi et jeudi présent Ernst-von-Harnack-Schule, le vendredi: préparation des interventions et réflexion ou formation.

Qu´un médiateur Rom ou Sintes gitan soit présent dans un établissement scolaire, qu´il soit membre intégral d´un corps enseignant et qu´il donne  même des cours de Romani comme à Hambourg, c´est devenu  la règle de ces projets européens envers les familles Roms et Sintes.

La particularité du projet de Bad Hersfeld est le travail sur les représentations des enseignants concernant les Roms et Sintes.

Il y a donc une nécessité pour les enseignants de se former et de prendre conscience de leur posture sous la forme d´une formation ayant pour thème:Histoire de la persécution des Roms et Sintes./Introduction à la réalité de l´antitziganisme). Ces formations sont assurées par un chercheur Udo Engbring-Romang.

 

Les buts recherchés ne peuvent pas être l´amélioration à court terme des résultats scolaires des enfants mais d´établir un lien de confiance avec les parents Roms et Sintes, de  réduire le taux d´absentéisme et de faire comprendre la nécessité de règles et de structures stables (ponctualité-retard)

Un premier bilan de ce projet est positif:

Les parents ont accepté le médiateur, ils reconnaissent en lieu une personne fiable et serviable. Le médiateur est présent dans la salle des enseignants, les enseignants reconnaissent et acceptent sa compétence.

Le taux d´absentéisme a reculé et les compétences des enfants ont augmenté au niveau des apprentissages préscolaires ( une plus maturité scolaire) grâce au jardin d´enfants (maternelle) et un an de préscolarisation (1 année préparatoire à l´école), on thématise les déficits linguistiques (divergence entre la faculté de lecture et la compréhension) c´est-à-dire déchiffrer les mots et en comprendre le sens.

 

Les parents Sintes espèrent un soutien scolaire pour leurs enfants.

On constate que le projet pour l´amélioration des résultats scolaires demandent du temps, c´est un projet à long terme de la maternelle en passant par l´école primaire jusqu´au passage au cycle secondaire.

La continuité et la persévérance sont des éléments importants dans le lien de confiance aux parents Roms et Sintes car cette confiance  leur a  été refusée pendants des siècles.

 

Le projet de Bad Hersfeld a fait ses premiers pas: il s´agit de continuer et d´assumer ce projet jusqu´à un niveau de formation professionnelle, il demande un accompagnement personnel continu.

Le rôle de la langue primaire et la situation de bilinguisme exigent des réponses pédagogiques. De même la transmission de l´histoire des peuples Roms et Sintes, de la persécution mais aussi le développement du matériel pédagogique concernant ces deux problématiques.[77]

 

La plupart des parents espèrent que leurs enfants auront un brevet d´études (BEPC)

 

Projet de Marburg[78]

 

Une Sinteszza travaille comme médiatrice dans ce projet.elle crée le contact entre les parents et l´institution scolaire. Elle instaure la confiance.

La particularité de ce projet est le niveau de réflexion :

 

Les enseignants recherchent  plus d´informations sur la culture et l´histoire des Sintes.

-Orientation professionnelle après la classe finale

-Donner aux adolescents une identité culturelle positive pour le développement de leur personnalité

-Enseignement de la langue primaire “Romani”/renforcement de l´apprentissage de la langue dominante :Allemand

-Recherche de nouvelles formes d´expression culturelle pour assumer le dialogue/le contact avec la société dominante par exemple nouvelles expressions musicales à travers l´organisation d´expositions mais aussi de spectacles culturels.

 

Les points forts des projets scolaires dans le Land Hessen concernant aussi bien les enfants Sintes allemands (minorité nationale) que les enfants Roms de Roumanie  sont les suivants:

-Respect de la culture des Sintes et Roms et valorisation

-Enseignement de la langue Romani

-Intégration dans le système scolaire  de règle (Regelschule)

-Exception/Dérogation est le projet Schaworalle correspondant à une demande particulière

-Travail dans des équipes de Roms et Non-Roms

-Travail de médiation

-Formation des enseignants (Histoire et Culture des peuples Roms)

-Développement de nouvelles formes artististiques pour communiquer avec la société dominante

-Engagement politique des Sintes et Roms pour la reconnaissance du samudaripen

-Forte prise de conscience politique :Engagement pour la reconnaissance en tant que minorité nationale dans les constitutions des différents Länder

-Prise  de la nécessité d ´une scolarisation “ normale” pour leurs enfants

-Développement de projet d´insertion professionnelle-Prise en charge au delà de l´obligation scolaire.

-Travail renforcé sur les „stéréotypes“ et les „clichés” concernant les Sintes et Roms.

 

 

 

 

 

 

Conclusions

 

 

La Convention Européenne signée par l´Allemagne en 1998 et par la France  prescrit la protection des minorités nationales et la nécessité de créer des projets scolaires pour la réussite scolaire des enfants Roms et Sintes, notamment dans le cadre de la décade Rom 2005-2015.

Avant cette date historique et depuis cette date de nombreux projets ont été mis en place pour  favoriser la réussite scolarisation des enfants Roms et Sintes et Gitans!

 

Ces projets ont le plus souvent un caractère expérimental.

 

Tous ces projets  partent du constat suivant:

Sans le soutien et la participation des parents Gitans, Roms ou Sintes, ils sont voués à l´échec.

 

Le projet “LA Miranda” est un projet  pragmatique assez jeune “2006” qui répond à la nécessité immédiate de lutter contre l´absentéisme qui avait atteint un paroxysme en 2005/2006, mais aussi de “produire” la réussite scolaire.

Tous les dispositifs mis en place tendent vers l´augmentation en chiffres de la présence des enfants et vers l´amélioration des résultats scolaires, c´est-à-dire créer des exemples de réussite scolaire et soutenir les enfants les plus réguliers.

C´est un but qui est bien dans la vision de l´école  républicaine Française: mener les enfants le plus vite possible vers le système scolaire dominant.

Pour atteindre ces buts: des classes de fréquentation ont été mises en place :Décloissonnement des cours/différenciation/initiation du dialogue avec les parents pour regagner leur confiance/reconnaissance de l´importance de la préscolarisation (la maternelle fait partie du projet).

De nombreux moyens notamment humains ont été accordés pour favoriser la réussite du projet:

Equipe pédagogique pludisciplinaire aux compétences croisées, 1 enseignant 1 aide-pédagogique par classe, divers intervenants en sport, musique et sciences de la vie.des parents-relais, du personnel gitan (aide-pédagogiques, parents-relais),une directrice déchargée de cours et un “coaching” facultatif.

Déjà ce projet porte des fruits (augmentation de la presence - amélioration des résultats scolaires)[79]. Le label ZEP dit clairement que ce sont encore des enfants en grandes difficultés scolaires qui ont besoin d´un soutien scolaire.

Les parents Gtans sont satisfaits du travail de la nouvelle équipe pédagogique et de l´engagement de la directrice. Ils se sentent acceptés! L´expression de la reconnaissance de ce travail est la participation à la fête dans le quartier Saint-Jacques où l´équipe des enseignants et l´école se profilent comme le lieu-refuge de la culture Gitane

 

En comparaison avec les projets de Hambourg et du Land Hessen , il me semblerait que le projet doit encore se développer dans diverses directions.

La non-mixité reste un problème majeur, les enfants ont besoin d´esprit de compétition pour développer leurs compétences et leurs facultés linguistiques aussi bien en Catalan Gitan qu´en Français.aucune réflexion n´est faite concernant la langue Romani.

 

Les représentations concernant la population gitane de Perpignan sont plutôt négatives: ceci correspondrait aussi à une tendance dominante dans la communauté gitane: refus de la mixité.

 

Il faudrait   améliorer ou initier le dialogue avec la société dominante.

 

Les premiers pas ont été faits .Des parents gitans et des représentants de la communauté gitane  ensemble avec les représentants de la société dominante ont pris part à  une conférence sur la scolarisation des enfants gitans[80] à Montpellier et ont présenté le film “Regards croisés sur la scolarisation des enfants gitans”, des Gitans ont pris place sur le podium à côté des différents représentants spécialistes de la question.(Préfecture de Perpignan, ville de Perpignan,Enseignants)

 

Tous   les projets ne prennent compte que d´une partie de la thématique: Il n´y a pas un chemin  mais plusieurs:

 

Une école et un enseignement qui s´orientent vers l´histoire et la culture des Roms ne sont possibles que si  les Roms accèdent à ce savoir. Aussi longtemps que la communauté n´a pas de membres capables de transmettre l´histoire et la culture des Roms , toutes les mesures concernant la scolarisation et la sauvegarde de l´identité des Gitans, Roms et Sintes resteront lettres mortes.

Comme l´exemple des écoles allemandes le montre bien, il est possible de préserver l´identité des Roms et Sintes en enseignant la langue Romani. Depuis 1997 on enseigne le Romani en Autriche, avec l´aide de l´institut linguistique de Graz, le Romani fut resconstruit.

 

A Perpignan on pourrait enseigner le Catalan gitan, le  Kaló étant  fragmentaire, et enfin tenir compte de la situation de bilinguisme - le Français étant la langue dominante.

L´argument “ on n´est pas formés pour enseigner à des enfants Gitans” n´a aucun poids puisque la plupart des enseignants dans ce domaine se sont formés “ sur le tas.

 

La scolarisation des enfants Roms et Sintes (Gitans)  pose encore beaucoup de problèmes. Pour cela il y a une complexité de raisons

-historique: exclusion et persécution depuis des générations , des siècles, l´antitsiganisme est toujours virulent

- les Roms et Gitans se retrouvent au ban de la société , dans la périphérie, ils vivent pour la plupart dans une grande précarité.

-Il manque des enseignants qualifíés pour un dialogue interculturel qui tienne compte de la différence  et non des déficits.

--les enfants ont une première socialisation (famille et pays d´origine) enseignement dans la langue d´origine et dans la langue secondaire. Avoir une autre culture est une richesse et non pas un handicap

Revendication de formation pour des enseignants motives:

-l´innovation pédagogique tient de la formation et de la qualification des enseignants.

-la formation est importante pour les méthodes pédagogiques et pour le matériel pédagogique.

Le meilleur matériel n´est cependant rien quand le pédagogue n´est pas bon:

-qualification supplémentaire pour enseigner à des enfants Roms et Sintes.

-une politique cohérente dans le domaine scolaire concernant les enfants Tsiganes manque

-les enseignants sont prêts à se qualifier , ils disent eux-mêmes qu´ils ne sont pas suffisamment formés.

Ils doivent développer des qualités particulières:

La confrontation avec la culture Rom  pourrait la valoriser et ainsi aider à lutter contre les préjugés .

 

L´institution scolaire en France est considérée comme une voie d´accès à l´universalité des savoirs et de la culture et nécessitant la mise entre parenthèses des appartenances et des particularismes.

On construit l´égalité des chances à partir d´un traitement égalitariste et universalisant

But: construire une personnalité de type laïc, universaliste et égalitariste, développement des capacités critiques du sujet.

Leitmotiv: traiter tous les élèves de la même manière !

 

La conception de la scolarisation des enfants Gitans en France et des enfants Roms  en Allemagne diverge -  les Allemands sont conscients de leur responsabilité historique dans le samudaripen[81].

La France vit encore du mythe d´un pays de la liberté, égalité, fraternité ; elle n´a pas encore pris totalement conscience du passé colonial[82] et du rôle dévasteur qu´elle a joué en acculturant tous les indigènes des colonies.

.

C´est paradoxalement dans les anciens pays socialistes [83]que l´intégration des Roms et Sintes s´est le mieux réalisée: meilleure scolarisation, meilleure formation professionnelle et meilleure intégration sociale.-réussite universitaire. En Hongrie il existe un lycée Mahatma Gandhi pour la culture tsigane

Krause Mareile dans son oeuvre Verfolgung und Erziehung[84] évoque le rôle de l´école comme instrument de domination..

En effet l´école et l´éducation ont toujours servi à toutes les époques comme instruments des dominateurs pour asservir, “acculturer”, “assimiler” les minorités et comme moyen de pression d´acculturation et d´aliénation.

Encore aujourd´hui  la scolarisation des enfants Roms et Sintes, des enfants Gitans fait couler beaucoup d´encre: un vaste champ d´exploration. Elle pose le problème fondamental de la liberté et de l´altruité!

 

 

 

 

 

 

 

 

 Bibliographie

 

 

1.Duru-Bellat,Agnès Van Zanten: sociologie de l´école 1999

2.Thin Daniel:Quartier populaire l´ecole et les familles 1998

3.Dubet François,Martucelli Danilo: A l´école 1996

4.Barreau Jean-michel(coordination) :Dictionnaire des inégalités scolaires 2007

5.Dubet François:faits d´école 2008

6.Audet Claudine,Saint-Pierre Diane(sous la direction de):Ecole et culture-des liens à tisser

7.Verhoeren Marie:Ecole et diversité culturelle-regards croisés sur l´expérience des jeunes

                                issus de l´immigration.2002

8.Boudon Raymond,Cuin Charles-Henri,Massot Alain: l´axiomatique de l´inégalité des

                                 des chances

9.Barrère Anne,Sembel Nicolas:Sociologie de l´école 1998

10.Bourdieu Pierre, Passeron J-C:les héritiers 

11.Bourdieu Pierre:La reproduction.Elements pour une théoriedu système d´enseignement

                                 1970

12.Charlot B.,Bauthier E.,Rochex  j-Y :Ecole et savoirs dans les banlieues et ailleurs

13.Coulon A: Ethnométhodologie et éducation 1993

14.Bautier,Bernstein;Bourdieu:Les sociologues,l´école et la transmission des savoirs

15.DerouetJ-l (direction) :L´école dans plusieurs mondes 2000

16.Le livre des Gitans de Perpignan 2003

17.Jean-Pierre Liégeois:Roms en Europe 2007

18:Eberstadt Fernanda:le chant des Gitans 2007

19.Tarrius,alain:fin de siècle incertaine à Perpignan 1999

20.Thellier Elsa,Konaré Binty:Les camps du Sud de la France.Master 2”Théorie et pratique des droits de l´homme” Université de Pierre Mendès-France Grenoble 2007

21.Gruev Radoslav:Discrimination et camp de Rivesaltes (1941-1941) exclure,gérer,s´en débarasser...Intervention dans le cadre du D:U egalité des chances et discrimination,18,12,2008

23.Diverses articles de L´indépendant du 31.5.2005-7.6.2005 les émeutes à Perpignan.Assassinat de deux maghrébins Bey Bachir et DrissGhaib.

24.Escudero Jean-Paul:Les Gitans catalans et leur langue-une étude réalisée à Perpignan 2004

25:Fonseca Isabel:Enterez-moi debout- l´odysée des Tsiganes 1995

26.Humeau Jean-Baptiste:Tsiganes en France.De l´assignation au droit d´habiter 1995

27.István Józsa:Geschichte und  Gegenwart der Zigeuner in Deutschland und Ungarn 2001

28.Engbring-Romsng Udo: Zigeunerbilder in Schulen

29.Marburger Bausteine

30.Schaworalle Jahresbericht 2005

31.Krause Mareile: Verfolgung durch Erziehung  Hamburg 1991

32.Krause Mareile:Hamburger Modell –Regionalunterstützung des Schulbesuchs von Roms-und-Sintes –Kindern Oktober 2006

33.Krause,Mareile:Schule ist wie der Beginn eines neuen Tages DVD

Meyer Beate:Die Verfolgung und Ermordung der Hamburger Juden 1933-1945  FHH 2006

34.In den Tod geschickt:die Deportation von Juden ,Roms und Sintes aus Hamburg 1940-1945 FHH 2009

35.Ville-Ecole intégration  numéro 115 décembre 1998

36:Calvet Jean-Louis :La guerre des langues 1999

37:La préscolarisation comme médiation culturelle.Fédération nationale des Francas/Lares Recherche-action

38.Projet d´animation globale Centre social Saint-Jacques 2006-2009

39.Ecole et culture –des liens à tisser

40.Inchanopé Paul:La place et le rôle des arts à l´école

41.L´écrit et le parlé In:Place et le rôle des arts à l´école (Jean Proulx

42.Institut de recherche pédagogique:Approches interculturelles septembre 2007

43. Fréquentation, Ecole élémentaire La Miranda 2007-2008 (Documents fournis par l’Inspection académique)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                      

 

 

 

 

 

 



[1]              Lexis :chance
[2]              Troger Vincent Egalité des chances ou école démocratique ? Cahiers pédagogiques n°467 Novembre 2008 p. 17
[3]              cahiers pédagogiques n°476 p.20
[4]              Meirieu Philippe,intervention aux assises de la pédagogie organisée par le CRAP le 3 février 2007 cité d´après cahiers pedagogiques n°476 p.20
[5]              La formation proposée par l´ACSE de Perpignan  a été  refusée par le corps enseigant.
[6]              Mouchtouris Antigone:discrimination sociale et approche sociologique p.10”
[7]              idem p.11
[8]              Mouchtouris p.13
[9]              www.antiziganismus.de
[10]             race supérieure ,un terme repris par l´idéologie nazie du début du 20.siècle
[11]             En Allemagne les attaques contre les Africains à Potsdam,l´ancienne capitale prussienne.
[12]             Camus Albert :La peste
[13]             Engbring-Romang Udo :Antiziganismus
[14]             Le terme de tsiganes  est dérivé du terme „les intouchables“ c´est un peuple lié par une conscience identitaire,une origine ,une culture et une langue commune le romani proche de du hindi enrichi de persan,grec et langues européennes.500.000 tsiganes vivent en France
[15]             Il a fallu très longtemps à l´Allemagne Fédérale pour reconnaître,nommer le génocide des Roma et sintès au même niveau que l´extermination des Juifs.
[16]             Frisch Max:Du sollst dir kein Bildnis machen
[17]             Zimmermann Michael:Zigeunerpolitik im Stalinismus,im “Realen Sozialismus” und unter dem Nationalsozialismus. Untersuchung des FKKS 11/1996  Forschungsschwerpunkt Konflikt-und Kooperationsstrukturen in Osteuropa an der Universität Mannheim
[18]             Dictionnaire des inégalités scolaires p.205
[19]             Bourdieu, Pierre: Les hérititers 1964
[20]             Boudon, Raymond, Charles-Henri Cuin, Massot Alain: L´axiomatique de l´inégalité des chances , p.59
[21]             Bourdieu /Passeron: l´héritier
[22]             Boudon et al :Axiomatique p.11
[23]             idem p.25
[24]             idem p.142 Le paradoxe Anderson signifie maintien sinon plus renforcement de l´inégalité des chances, augmentation de chômeurs diplomés,contraintes structurelles d´insertion socio-professionnelles.
[25]             Duru-Bellat,Henriot-Van Zanten 1992 ,Mingat Coulon 1993  ouverture de la boîte noire
[26]             Duru-Bellat,Mingat Coulon 1993
[27]             Duru-Bellat,Henriot-Van Zanten 1992 p.62
[28]             Dubet François: Les lycéens 1991 p.21
[29]             D´après Kherroubi M., Grospion M-F: Métier de l´instituteur et enfant-client in: Henriot-Van Zanten 1993 p.77
[30]             Charlot et al 1992 p.78
[31]             Boudon Raymond:L´axiomatique p.31
[32]             Dubet François:Faits d´école p.18 et 25
[33]             Dubet François:Faits d´école p.15
[34]             Seip Lennart:die Schwierigkeit als Außenstehender in den Schulalltag zu gelangen in: Strauß Adam(Hsg) „Zigeunerbilder“ in Schule und Unterricht. Juin 2008.
[35]             Krause Mareile a écrit sa thèse de doctorat sur la destruction de la culture des roms et sintes à travers  l´institution scolaire. La dissertation porte le tire révélateur :Verfolgung durch Erziehung.Eine Untersuchung über die jahrhundertelang Kontinuität staatlicher Maßnahmen im Diesnte der Vernichtung kultureller Identität von Roma und Sinti. 1988
[36]             Engbring-Romang travaille dans le domaine de l´antitsiganisme  et soutient le travail des associations Roma et Sintès dans le Land Hessen (Villes:Marbourg, Francfort)
[37]             Thellier Elsa, Konaré Bintily: Les camps du sud de la France de 1938 à aujourd´hui . Master2 Histoire du droit des étrangers  Université Pierre Mendès France à Grenoble.p.5
[38]             Gruev Radislav:discrimination et camp de Rivesaltes(1941-1942) exclure,gérer,s´en débarrasser p.15
[39]             Indépendant du 31.mai 2005 „quel désastre“
[40]             Le point du 30 octobre 2008 „Saint-jacques trois ans après”
[41]             Projet d´animation globale-centre social saint-jacques 2006-2009 p.21
[42]             Remarque de Stéphane Henri  in:projet .p .22 mémoire de maîtrise en sociologie.
[43]             Tarrius alain:fin de siècle incertaine à Perpignan 1999
[44]             dans le décrochage scolaire on peut  y voir  une forme de  discrimination
[45]             “ on a plus adapté l´école que normalisé les gitans” écrit la Fédération Nationale  des Francas (cf.ci-dessous)
[46]             il s ´agit bien ici  des opinions du monde enseignant concernant les attitudes des parents gitans.Les parents gitans n´ont pas encore pris “la parole”.
[47]             La préscolarisation comme médiation culturelle:Fédération nationale des Francas/Lares Recherche-action
[48]             Réfléxion faite par un directeur de lycée professionnel lors de la présentation du film à Montpellier(4 mars 2009).Film qui traite de la scoalrisation des enfants Gitans à Perpignan .
[49]             les actions éducatives de la ville de Perpignan : usage exclusif de la langue catalane dans les familles p.4
[50]             dans l´Espagne du 16.siècle tout Gitan surpris en train de parler sa langue maternelle-le romani-était puni de mutilationCe qui explique que le romani se transforme en kalò un idiome plus espagnol que romani,.suite à différentes adaptations le kalò n´est plus parlé que par les tìos, les gitans de Perpignan parlent un catalan gitan,un mélange de gitan et de catalan roussillonais.
[51]             nomades non par culture mais par nécessité,chassés, ils ont fui la violence et la discriminationRepoussés ils ont dû développer des moyens de substance adaptés à ce genre de vie:saisonniers agricoles,vannerie,chaudronnier, voyance,petit commerce ambulant.Des métiers compatibles avec la mobilité.
                Aujourd´hui ce mode de vie est un Droit de l´Homme.
[52]             Calvet Jean Louis:la guerre des langues 1999   le catalan en tant que langue grégaire définition.
[53]             Le livre des Catalans Gitans de Perpignan 2003 p.57-59.Depuis la commission pour la standardisation de la langue romani (1990) a le but d´instaurer une langue internationale unifiée et de créer un alphabet commun,une méthode d´apprentissage est parue en 1994
[54]             idem p.59
[55]             Liégeois Jean-Pierre:Roms en Europe 2007 p.191
[56]             idem p.192 l´auteur parle d´ethnocide
[57]             idem p.193
[58]             In den Tod geschickt.die Deportationen von Juden,Roma und Sinti aus Hamburg 1940 bis 1945
                Freie und Hansestadt Hamburg 2009
[59]             Meyer Beate:Die Verfolgung und Ermordung der Hamburger Juden 1933-1945 Freie und Hansestadt Hamburg 2006
[60]             Dr Udo Engbring-Romang  e-mail de mai 2009: „ En outre des Friesons,Danois et Sorbes ,les Sinti et Roms Allemands sont reconnue en tant que 4.minorité nationale depuis 1998.(…) Monsieur Weiss veut certainement dire que les Sinti et Roms Allemands –au contraire des Friesons et Danois- ne sont pas pris en considération par la Constitution du Land Schleswig-Holstein et que même les Sorbes en Allemagne  de l´Est (Saxe et Brandenbourg) sont dans une meilleure posture que les Sinti et Roms.Seul le Land Rhénanie-Pfalz a signé une convention avec les Sinti et les Roms.“
[61]             Des parents Sinti aux Pays-Bas (Best) ont crée une école pour les enfants qui ont échoué à l´école.
                Ce sont des adolescents qui apprennent dans des projets ce qu´ils veulent ,chanter en anglais faire un CD.L´intérêt des adolescents déterminent  le contenu du  cours.Ils peuvent apprendre un métier, comme celui de cuisinier par exemple. Certains adultes Sinti ont appris à lire et écrire pour pouvoir passer le permis de conducteur de camions.
[62]             Schule ist wie der Beginn eines neuen Tages-L´école c´est comme l´aube  d´un nouveau jour.
[63]             Krause Mareile:Hamburger Modell-regionale Unterstützung des Schulbesuchs von Roma-und-Sinti-  
                                             Kindern  -Oktober 2006 Professeur à l´université de HH et à l´IL Institut für
                                             Lehrerfortbildung (IUFM de HH)
[64]             Knudsen Marco Rebus:Rased les enfants Roma et Sinti se retrouvent en grande majorité dans des écoles spécialisées Sonderschule-Förderschule ou dans des écoles „ghettos“ comme dans le quartier Wilhelmsburg. Knudsen Maco est enseignant spécialisé au REBUS.
[65]             Ville Ecole Intégration n° 115 Décembre 1998
[66]             Die Lehrerinnen und Lehrer dieser Muttersprachen stehen den Eltern  als Ansprechpartner zur Verfügung-Brochure de l´école primaire Sankt-pauli (=les enseignants des diverses langues sont aussi médiateurs et établissent le lien aux parents)
[67]             CLIS Classes d´Intégration scolaire
[68]             „Alle türkischen ,serbo.kroatischen und Romakinder erhalten nebem dem Deutschunterricht auch Unterricht in ihrer Erstsprache“  Brochure de l´école Carsten-Rehder-Str.
[69]             Karola une assoiciation pour aider les femmes Roms et Sintès dans leurs démarches administratives qui donne aussi des cours d´alphabétisation.
[70]   Sabine Ernst,directrice de Schaworalle Francfort/Main 26.3.02 après son voyage à Thessaloniki (2007)-visite des baraques Agia Sofia en Grèce.
 
[71]             Dire que les femmes sont rusées pour se procurer de l´argent de l´état et qu´elles connaissent leur droit ,c´est se placer dans la même idéologie qui les enferment dans le „ghetto et dans ce cercle vicieux:échec scolaire,la rue,la mendicité, l´aide sociale. Se poser la question de l´insertion professionnelle et de la formation  est un  grand pas vers l´autonomie, c´est aller plus loin et rompre ce cercle et ne plus les enfermer dans ce “cercle”
[72]             Schaworalle Jahresbericht 2005?
[73]             Le Romani est  une seule et même langue (de la Russie à la Grèce) dans laquelle les Roms peuvent communiquer entre eux.Depuis 1990 le Romani dispose d´une écriture commune.Dans certains pays comme la Roumanie il est enseigné à l´école et en France l´INALCO dispense une formation complète en langue et civilisation des Roms. Le mot Rom vient du sanskrit –siginife l´artisan  l´artitste celui qui crée de son esprit et de ses mains.
                Roumanie-le roumain vient de Rome 30 millions de Roumains ,c´est une langue néolatine. (Cf.Internet :la voix des rroms)
[74]             Dr Udo Engbring-Romang /traduction: le but est de garder les enfants dans des écoles „normales“, on y ajoute l´apprentissage de la langue romani (...) soutien pour avoir un niveau scolaire  standard.
[75]             Les Sintes sont les „Gitans“ allemands qui depuis 6 siècles résident en Allemagne centrale (La région de Hessen)
[76]             Lind Samson-médiateur roma undsinti union in hessen  -devant le journal hersfelder Zeitung du 5.12.2006
[77]             Engbring-Romang Udo: Zigeunerbilder in Schulen vient de paraître dans la région Hessen
[78]             Marburger Bausteine
[80]             Journée d´étude interrégionale.scoalrisation,éducation et familles d´origine gitane des quarteirs populaires „Norme(s) et Identité(s) Mercredi 4 Mars 2009
[81]             István Józsa:Geschichte und Gegenwart der Zigeuner in Deutschland und in Ungarn-Studienarbeit 2001
[82]             glorification du passé colonial dans les textes officiels- la colonisation a  des côtés positifs:la culture
[83]               Zimmermann Michael:Zigeunerpolitik im Stalinismus,im „realen Sozialismus“ und unter dem   Nationalsozialismus. Université Mannheim 1997
[84]             Krause Mareile:Verfolgung durch Erziehung  Hamburg 1991